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[CRITIQUE] : Partir un Jour


Réalisatrice : Amélie Bonnin
Acteurs : Juliette Armanet, Bastien Bouillon, François Rollin, Tewfik Jallab, Dominique Blanc,...
Budget : -
Distributeur : Pathé Films
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h38min

Synopsis :
Ce film est présenté en hors-compétition au Festival de Cannes 2025 et en fait l'ouverture.

Alors que Cécile s’apprête à réaliser son rêve, ouvrir son propre restaurant gastronomique, elle doit rentrer dans le village de son enfance à la suite de l'infarctus de son père. Loin de l'agitation parisienne, elle recroise son amour de jeunesse. Ses souvenirs ressurgissent et ses certitudes vacillent…





C'est fort comme statut, et ça pourrait péter les chevilles de plus d'une pellicule avant même son arrivée dans les salles obscures, mais Partir un Jour, estampillé premier long-métrage de la wannabe cinéaste Amélie Bonnin, est un film qui, malgré lui, a été appelé à voir son titre gravé dans le marbre de la légende du septième art : il est, et sera pour le coup à jamais, le premier premier film (barbarisme obligé, pardonnes-nous cher lecteur) à être sélectionné en ouverture du Festival de Cannes.

Et oui, même s'il y figure Hors compétition, les livres d'histoires et les cinéphiles s'en souviendront (rajoutons que la cinéaste est la quatrième réalisatrice française à lancer les hostilités sur la Croisette, histoire de rajouter quelques confettis de plus à la fête).

Copyright 2025 Topshot Films – Les Films du Worso – Pathé Films – France 3 Cinéma

Pas une petite casquette donc, pour ce qui est in fine une chouette comédie dramatico-musicale, extension quasiment religieuse du court-métrage éponyme (et primé aux César, comme quoi) dont il inverse savamment les rôles titres en cours de route (exit l'écrivain populaire de retour au pays, bonjour la cheffe lauréate de l’émission Top chef et en passe d’ouvrir son restaurant gastronomique dans la capitale; exit la caissière qui était resté sur place, bonjour le garagiste bienveillant), pour mieux embrasser un doux et charmant esprit feel good " à la britannique " (avec une grosse résonance  Bollywoodienne, évidemment), facon ode humaine et mélancolique dont la sensibilité n'a d'égale que la légèreté - jamais forcée - qui s'en dégage.

Toujours porté par un tandem Juliette Armanet et Bastien Bouillon à l'alchimie ravageuse, Partir un jour joue continuellement sur le fil ténu d'une balade douce-amère où le bonheur est tout autant à trouver dans la densité d'une narration qui n'est jamais sacrifié sur l'autel de son ludisme (quans bien même son intitulé reste prévisible, son switch narratif lui permet de croquer un solide portrait de femme au carrefour de sa vie lorsqu'elle est confrontée aux douces effluves d'un passé adolescent pas totalement révolue, une quadra aussi anxieuse que déterminée, future mère et professionnellement accomplit mais soudainement frappée par une nostalgie et un chagrin méchamment exacerbés), que dans une accumulation de scénettes musicales certes pas toujours naturelles, mais où les titres pop parfois improbables sont utilisées/détournées avec une malice parfois assez folle.

Copyright 2025 Topshot Films – Les Films du Worso – Pathé Films – France 3 Cinéma

La mélancolie du temps qui passe (la valse des regrets et l'intemporelle question aussi douloureuse qu'ennivrante du « et si »...) a rarement été autant enthousiasmante et joliment revisitée qu'ici, premier effort tendre et au charme fou façon jukebox magique expurgé de toutes fioritures stylistiques, à la poésie parfois déchirante (cette scène de flash-back à la patinoire...) malgré un rythme qui perd parfois un peu ses instruments.
On appelle ça un beau film d'ouverture.


Jonathan Chevrier