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[CRITIQUE/RESSORTIE] : Star Wars - Épisode III : La Revanche des Sith


Réalisateur : George Lucas
Avec : Ewan McGregor, Natalie Portman, Hayden Christensen, Ian McDarmid, Samuel L. Jackson,…
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : 115 M$
Genre : Aventure, Fantastique, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h13min

Date de sortie : 18 mai 2005
Date de ressortie : 23 avril 2025

Synopsis :
La Guerre des Clones fait rage. Une franche hostilité oppose désormais le Chancelier Palpatine au Conseil Jedi. Anakin Skywalker, jeune Chevalier Jedi pris entre deux feux, hésite sur la conduite à tenir. Séduit par la promesse d'un pouvoir sans précédent, tenté par le côté obscur de la Force, il prête allégeance au maléfique Darth Sidious et devient Dark Vador.
Les Seigneurs Sith s'unissent alors pour préparer leur revanche, qui commence par l'extermination des Jedi. Seuls rescapés du massacre, Yoda et Obi Wan se lancent à la poursuite des Sith. La traque se conclut par un spectaculaire combat au sabre entre Anakin et Obi Wan, qui décidera du sort de la galaxie.




Véritable phénomène cinématographique, culturel et sociologique qui n'est plus que l'ombre d'elle-même depuis qu'elle est passé sous le pavillon de la firme aux grandes oreilles, la saga Star Wars, qui a autant se déclinaison désormais que de films ancrés dans sa structure originale, avait déjà connu un séisme aux abords du nouveau millénaire, lorsque George Lucas, son paternel, qui n'avait jusqu'ici réellement été impliqué derrière la caméra que pour sa première monture - Un Nouvel Espoir -,  s'était lancé dans l'idée aussi folle qu'opportuniste (n'ayons pas peur des mots) d'offrir à la fois un lifting aux trois premiers films - monumentale erreur -, et une trilogie prequelle pour mieux exprimer les origines d'une destinée dont nous avions tous conscience et connaissance de l'issue, celle tragique d'Anakin Skywalker/Dark Vador (monumentale erreur bis).

Si l'on peut désormais tabasser sans trop de remords La Menace Fantôme (Jar-Jar, du charabia sur les midichloriens et une course de pods) mais surtout L'Attaque des Clones (l'épanouissement ronflant de la relation entre Anakin et Padmé, quelques duels au sabre laser et un Yoda bondissant), La Revanche des Sith semblait à l'abri de toute critique négative, une immunité nostalgique en grande partie dû autant à l'affrontement mémorable entre Obi-wan et un Anakin fraîchement passé du côté obscur de la force, qu'à celui plus mineur et écourté entre Palpatine et un Yoda encore bondissant.

Copyright Lucasfilm Ltd.

Sauf que vingt ans plus tard, et extirpé d'un regard adolescent (pour la majorité d'entre-nous, certes) désormais plus mâture et totalement conscient que George Lucas est - définitivement - un meilleur commercial plus qu'un bon cinéaste (si Disney lui a succédé, personne mieux que lui n'a su aussi habilement presser un produit au potentiel commercial inextinguible, tout en alimentant sa propre gloire et son auto-fétichisme musclé), le film apparaît désormais un brin boursouflé et creux, lui qui galère mignon à raccrocher les wagons avec les deux précédents opus totalement dispensables, pour mieux conter le double basculement d'un homme fondamentalement bon vers le mal, comme d'une démocratie vacillante vers la dictature pure et simple, aux parallèles évidents aussi bien avec les traumatismes historiques récents, qu'avec la politique moderne et son autoritarisme marqué - encore plus aujourd'hui.

Flairez plutôt : Anakin Skywalker a rompu son serment/ses engagements de jedi avant même que le film ne commence (il épouse Padmé Amidala en secret à la fin de L'attaque des Clones), et il en remet une couche en devenant bientôt père, une future paternité qui lui fait faire des cauchemars terribles (il pense que sa femme va mourir au moment de l'accouchement), et intensifie encore un peu plus l'emprise que peut avoir l'impitoyable Chancelier Suprême Palpatine, son confident number one qui lui assure pouvoir sauver Padmé en cas de pannouilles le Jour-J.
Sauf que voilà, le lascar est moins pédiatre qu'un sacré manipulateur (no shit), et Anakin contribue plus où moins malgré lui à l'instauration d'une gigantesque dictature galactique, trahison ultime qu'il payera le prix fort - physiquement comme sentimentalement parlant.

2h30 de bobines résumées en une poignée de lignes donc, puisqu'il ne se passe rien de plus où presque au cœur du long-métrage, malgré une activité frénétique (plus de décors/planètes, plus de vaisseaux, plus de droïdes, plus d'affrontements) affirmant plus où moins fièrement l'inverse - comme sa belle direction artistique, évidemment.
Dialogues risibles et dénués de toute urgence (les séquences entre Anakin et Padmé sont fantastiques), clamés par des comédiens déprimés et perdus dans leur propre manque d'enthousiasme et/où de talents (Hayden Christensen et Natalie Portman ne sortiront pas grandis du film), c'est in fine avant tout et surtout dans le manque de finesse dramatique et émotionnelle de son exploration des conflits et des relations humaines (ici censées être au pic de la prélogie), que La Revanche des Sith fonce tout droit dans le fondement de son Étoile Noire, et se gamelle sévère.

Copyright Lucasfilm Ltd.

Le basculement du côté obscur d'Anakin ?
Il est forcé et insensible, fruit d'un pacte noué autour de vagues promesses d'une connaissance adéquate du côté obscur, pouvant tromper la mort - sans aucune preuve au préalable.
Les confrontations entre les personnages principaux (Anakin et Dooku, Obi-Wan et le général Grievous, Anakin et Padmé, Obi-Wan et Anakin) ?
Elles paraissent toutes au mieux maladroites et au pire férocement rudimentaires, quand bien même Ewan McGregor, le pilier indiscutable de la prélogie, s'accroche comme il le peut, là où Ian McDiarmid dévore littéralement l'écran.

Contrairement à la trilogie originale dont chaque nouveau film s'appuyait sur les fondations (surtout dramatiques) des opus précédents, George Lucas admet presque ici que la prélogie n'aurait jamais du dépasser le stade du film prequel, aux faux airs de train fou lancée à toute allure vers sa prévisible conclusion.
La balade est belle, évidemment, mais plus que pour les deux opus précédents, la déception est immense car les promesses portées par le film l'étaient tout autant.
Et pourtant, La Revanche des Sith est le meilleur opus de la prélogie, c'est dire donc sa qualité...


Jonathan Chevrier