[CRITIQUE/RESSORTIE] : Requiem For A Dream
Réalisateur : Darren Aronofsky
Avec : Ellen Burstyn, Jared Leto, Marlon Wayans, Jennifer Connelly, Keith David,...
Distributeur : Les Acacias
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h42min
Date de sortie : 21 mars 2001
Date de ressortie : 9 avril 2025
Synopsis :
Sara Goldfarb vit seule à Coney Island. Mère juive veuve et fantasque, elle vit dans l’espoir obsessionnel d’être un jour invité sur le plateau de son émission de télévision préférée. C’est dans cette perspective qu’elle suit un régime draconien, afin d’entrer dans la robe qu’elle portera, lorsque le grand soir sera venu. Son fils Harry est dépendant à la drogue. Avec sa petite amie Marion et son copain Tyrone, ils noient leur quotidien dans d’infantiles visions du paradis terrestre. En quête d’une vie meilleure, le quatuor est entraîné dans une spirale infernale qui les enfonce, toujours un peu plus, dans l’angoisse et l’autodestruction…
Alors oui, pour quiconque connaît un tant soit peu la filmographie comme les tics et habitudes de Darren Aronofsky, sensiblement l'un des cinéastes aux avis les plus clivants (et savamment cultivés pour être dans ce sens, aussi) de ces trente dernières années, revoir dans d'excellentes conditions - une Ressortie 4K en salles - un film tel que Requiem for a Dream, considéré à part égale par les cinéphiles comme tout autant un chef-d'œuvre déchirant et formellement brillant, qu'un étron creux et profondément outrancier (pas de juste milieu et, soyons honnête, si les deux camps n'ont pas totalement tort, l'un des deux à bien plus raison que l'autre), ne peut pas être une séance si douloureuse que cela.
Où, tout du moins, une séance aussi douloureuse qu'un maladroit Noé, que la dernière partie de Mother ! où encore de The Whale, qui reproduit son malaise sur toute son entièreté, exposé misérabiliste une nouvelle fois vissée sur une personnalité excessivement vulnérable (une figure christique dont la superpuissance masochiste est d'absorber la cruauté de tous ceux qui l'entourent), symbole de la vision jusqu'au-boutiste et tortueuse d'un cinéaste dont l'obsession pour la religion chrétienne à coup d'imageries et d'allégories bibliques, n'ont eu de cesse de croître ces dernières années.
Monumentale erreur.
Second long-métrage du bonhomme conçu après l'élégant mais fragile (oui) Pi, lui qui n'avait pas encore totalement sacrifié le fond sur la forme, le film se revendique comme une descente aux enfers sans concession et sur une année (chaque saison fonctionnant comme un chapitre choral d'auto-destructions consenties), dans l'enfer de la drogue qui, évidemment, n'est pas bonne pour la santé (no shit, Sherlock), dont le premier tiers s'avère peut-être, comme l'un des plus inspirés de sa filmographie, plaqué au plus près des corps et structuré dans un schéma de montages parallèles (boostés a coups de split screens, accélérations, ralentis etc) qui présentent aussi bien les personnages (taillés à la serpe, ce qui n'était pas encore un problème) et ce qui les séparent que leurs additions multiples : Sara Goldfarb et son tandem sucré télévision/amphétamines, son rejeton junkie Harry, qui lui est partagé entre son BFF Tyrone - ecstasy et héroïne - et sa petite amie Marion - héroïne également, mais aussi cocaïne.
Un premier tiers sobre et techniquement (très) solide, qui agit presque en trompe-l'œil tant Aronofsky perd très vite le fil autant de sa narration (minimaliste, voire presque prétexte) que de sa propre vision sous le poids écrasant de ses propres effets stylistiques, dont la redondance apparaît moins oppressantes qu'irritantes dans la volonté agressive et sadique, que le cinéaste a de vouloir supplicier des personnages pour mieux sermonner son auditoire, le choquer par tous les moyens possibles (jusque dans son final férocement tragique) dans une sorte de pédagogie par le mal et le malaise qui ne provoque au final, pour les spectateurs les plus lucides, que le rejet.
Avec : Ellen Burstyn, Jared Leto, Marlon Wayans, Jennifer Connelly, Keith David,...
Distributeur : Les Acacias
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h42min
Date de sortie : 21 mars 2001
Date de ressortie : 9 avril 2025
Synopsis :
Sara Goldfarb vit seule à Coney Island. Mère juive veuve et fantasque, elle vit dans l’espoir obsessionnel d’être un jour invité sur le plateau de son émission de télévision préférée. C’est dans cette perspective qu’elle suit un régime draconien, afin d’entrer dans la robe qu’elle portera, lorsque le grand soir sera venu. Son fils Harry est dépendant à la drogue. Avec sa petite amie Marion et son copain Tyrone, ils noient leur quotidien dans d’infantiles visions du paradis terrestre. En quête d’une vie meilleure, le quatuor est entraîné dans une spirale infernale qui les enfonce, toujours un peu plus, dans l’angoisse et l’autodestruction…
Alors oui, pour quiconque connaît un tant soit peu la filmographie comme les tics et habitudes de Darren Aronofsky, sensiblement l'un des cinéastes aux avis les plus clivants (et savamment cultivés pour être dans ce sens, aussi) de ces trente dernières années, revoir dans d'excellentes conditions - une Ressortie 4K en salles - un film tel que Requiem for a Dream, considéré à part égale par les cinéphiles comme tout autant un chef-d'œuvre déchirant et formellement brillant, qu'un étron creux et profondément outrancier (pas de juste milieu et, soyons honnête, si les deux camps n'ont pas totalement tort, l'un des deux à bien plus raison que l'autre), ne peut pas être une séance si douloureuse que cela.
Où, tout du moins, une séance aussi douloureuse qu'un maladroit Noé, que la dernière partie de Mother ! où encore de The Whale, qui reproduit son malaise sur toute son entièreté, exposé misérabiliste une nouvelle fois vissée sur une personnalité excessivement vulnérable (une figure christique dont la superpuissance masochiste est d'absorber la cruauté de tous ceux qui l'entourent), symbole de la vision jusqu'au-boutiste et tortueuse d'un cinéaste dont l'obsession pour la religion chrétienne à coup d'imageries et d'allégories bibliques, n'ont eu de cesse de croître ces dernières années.
Monumentale erreur.
Second long-métrage du bonhomme conçu après l'élégant mais fragile (oui) Pi, lui qui n'avait pas encore totalement sacrifié le fond sur la forme, le film se revendique comme une descente aux enfers sans concession et sur une année (chaque saison fonctionnant comme un chapitre choral d'auto-destructions consenties), dans l'enfer de la drogue qui, évidemment, n'est pas bonne pour la santé (no shit, Sherlock), dont le premier tiers s'avère peut-être, comme l'un des plus inspirés de sa filmographie, plaqué au plus près des corps et structuré dans un schéma de montages parallèles (boostés a coups de split screens, accélérations, ralentis etc) qui présentent aussi bien les personnages (taillés à la serpe, ce qui n'était pas encore un problème) et ce qui les séparent que leurs additions multiples : Sara Goldfarb et son tandem sucré télévision/amphétamines, son rejeton junkie Harry, qui lui est partagé entre son BFF Tyrone - ecstasy et héroïne - et sa petite amie Marion - héroïne également, mais aussi cocaïne.
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Un premier tiers sobre et techniquement (très) solide, qui agit presque en trompe-l'œil tant Aronofsky perd très vite le fil autant de sa narration (minimaliste, voire presque prétexte) que de sa propre vision sous le poids écrasant de ses propres effets stylistiques, dont la redondance apparaît moins oppressantes qu'irritantes dans la volonté agressive et sadique, que le cinéaste a de vouloir supplicier des personnages pour mieux sermonner son auditoire, le choquer par tous les moyens possibles (jusque dans son final férocement tragique) dans une sorte de pédagogie par le mal et le malaise qui ne provoque au final, pour les spectateurs les plus lucides, que le rejet.
Symphonie anti-drogues criarde et en néons majeurs excessivement moralisatrice, antipathique et mélodramatique, engoncée entre le clip de prévention amorphe et le trip grave et inabouti par un faiseur de cauchemar encore aux prémisses de sa carrière (mais qui imposait déjà sa patte si reconnaissable), Requiem for a dream pèche là où son aîné Trainspotting réussissait avec brio quelques années auparavant : sensibiliser son auditoire sans lui jeter une chape de plomb à la poire, tout en se payant le luxe de rendre ses junkies attachants et plaisant à suivre, même dans leurs (grosses) imperfections.
Et pourtant, Danny Boyle n'est pas connu pour être le plus subtil des cinéastes de sa génération...
Jonathan Chevrier
Et pourtant, Danny Boyle n'est pas connu pour être le plus subtil des cinéastes de sa génération...
Jonathan Chevrier