[CRITIQUE] : Dimanches

Réalisateur : Shokir Kholikov
Acteurs : Abdurakhmon Yusufaliyev, Roza Piyazova,...
Budget : -
Distributeur : Carlotta Films
Genre : Drame.
Nationalité : Ouzbek.
Durée : 1h37min
Synopsis :
Un couple de paysans âgés vit paisiblement dans un petit village de la campagne ouzbek où il travaille la laine. Peu à peu, son existence se voit bouleversée par les sollicitations de ses deux fils, qui insistent pour faire pénétrer la technologie chez eux malgré leurs réticences – et avec une idée derrière la tête : démolir la vieille maison qu’ils habitent pour en construire une nouvelle, afin que le plus jeune fils, ayant réussi à l’étranger, puisse en faire sa résidence secondaire...
Au sein d'une distribution annuelle de plus en plus dense, ce qui est à la fois une bénédiction (on ne compte plus les belles découvertes au fil des mercredis) et une source de frustration incroyable (car il est humainement impossible de tout voir, sauf cas exceptionnels), il n'est désormais plus rare de voir l'émergence d'œuvres issus d'industries plus mineures voire, dans le meilleur des cas, en pleine essor, squatter des salles obscures au milieu de grosses productions rutilantes américaines, où de comédies populaires bien de chez nous - pour jouer un peu, de la caricature facile.
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Copyright Carlotta Films |
Un éclectisme qui est tout autant une chance (certains films se font des instantanés d'histoires et de problématiques méconnues, issus de pays qui n'ont pas réellement l'habitude de squatter nos plateformes et périphéries d'informations) qu'une force, et que l'on se doit se préserver en ouvrant, justement, nos horizons au moins autant que les petits distributeurs courageux, tentant des paris souvent à la lisière du casse-gueule - pour rester poli.
Preuve en est avec le premier long-métrage du wannabe cinéaste Shokir Kholikov, Dimanches, issue d'un septième art ouzbek pas forcément prolifique ni célébré, balade modeste et pleine de malice au cœur de la routine d'un vieux couple de paysans aux caractères dissemblables, vivant paisiblement avec leurs moutons dans la campagne ouzbek, et qui voient peu à peu la quiétude de leur existence être bouleversée par la chair de leur chair; deux rejetons qui cherchent à faire entrer le ver de la modernité dans la pomme de leur quotidien, une attitude loin d'être désintéressée tant ils sont tout aussi bien soucieux de leur bien être, que de l'hypothétique héritage à venir...
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Copyright Carlotta Films |
Dépeignant avec un humour et une vérité délicates la réalité d'une Ouzbékistan rurale dont il remet totalement en question le modernisme absurde et rampant comme l'ombre patriarcale archaïque fermement ancrée dans ses terres, le film se fait une chronique tout en sensibilité exacerbée, acide et à l'humanité folle dont la mise en scène est tout autant maîtrisé que les gestes sereins de son couple au crépuscule de son existence, sont habilement pensés et précis.
Une merveille, purement et simplement.
Jonathan Chevrier