[CRITIQUE] : La Légende d'Ochi
Réalisateur : Isaiah Saxon
Acteurs : Helena Zengel, Willem Dafoe, Emily Watson, Finn Wolfhard,...
Budget : -
Distributeur : KMBO
Genre : Aventure, Famille, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h35min
Synopsis :
Dans un village isolé des Carpates, Yuri, une jeune fille élevée dans la crainte des mystérieuses créatures de la forêt appelées Ochis, se voit interdire de sortir après la tombée de la nuit. Un jour, elle découvre un bébé Ochi abandonné par sa meute. Déterminée à le ramener auprès des siens, Yuri va défier les interdits et s’engage dans une aventure extraordinaire au cœur des secrets de la forêt.
À une heure ou la nostalgie des 80s a sensiblement marqué la dernière décennie (et continue encore un peu, même si le feu allumé par Stranger Things s'éteint peu à peu, et pas forcément de ses plus belles étincelles), et que celle des 90s commence gentiment à (re)pointer le bout de son nez, il y a quelque chose d'assez réconfortant, même dans l'opportunisme le plus profond qui caractérise ce revival totalement intéressé, dans l'idée de voir le septième art laisser transparaître avec autant d'entrain et de générosité, son amour pour les péloches Amblin qui ont bercés nos enfances à tous - ou presque.
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Une époque longtemps raillée par la cinéphilie bien pensante, ou les enfants/adolescents apprenaient la dure loi du passage à la vie d'adulte non sans une bonne (grosse) dose de fantastique, se présentant sous des atours aussi divers qu'enthousiasmant (extraterrestre, petite boule de poils attachantes, créatures mythiques, une machine à voyager dans le temps,...).
Une voie qu'épouse avec passion mais pas sans heurts Isaiah Saxon avec son La Légende d'Ochi, un premier long-métrage maladroit mais furieusement attachant qui cherche continuellement, non sans quelques pannouilles en cours de route donc, à raconter une histoire un tant soit peu originale, avec des pièces passablement usées.
Une petite curiosité fantastique au charme intemporel - et aux forts accents slaves -, qui tente de se loger entre les cinémas de Wes Anderson et Jim Henson (de son esthétique à sa propension à user des effets pratiques, en passant par son idée de lier modernité et codes du conte de fées), qui aurait tout du classique instantané avec un peu plus de maîtrise et un poil plus d'impact émotionnel, dans sa mise en images de l'épopée épique d'une jeune gamine vivant dans un village isolé des Carpates, Yuri, qui va défier les interdits pour sauver une mystérieuse créature de la forêt, un bébé Ochi (une fusion entre Grogu et un Gremlins), abandonné par sa meute et que l'humanité est censé craindre...
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Pas forcément aidé par une narration dispersée et à trous, qui aligne quelques invraisemblances tout autant qu'elle peine à donner du corps à ses personnages (mais également, au fond, à la construction de son univers fascinant), quand bien même elle dégaine ses thématiques avec une certaine clarté (au-delà de la célébration de l'amitié comme du message écologique assez évident, le récit tisse un vrai discours sur nos peurs primitives face au changement, à l'abandon et à tout ce qui nous est autre/étranger - et par extension donc, la xénophobie exacerbée actuelle); La Légende d'Ochi contrebalance presque ses défauts narratifs par un investissement sans borne de son auteur, auquel répond un superbe score de David Longstreth, une photographie picturale d'Evan Prosofsky et un tandem Helena Zengel (épatante)/Willem Dafoe (qui cabotine joyeusement) qui fait clairement le job.
Une douce et perfectible bouffée d'air frais donc, qui aurait pu être beaucoup plus.
Jonathan Chevrier