[CRITIQUE] : Zion


Réalisateur : Nelson Foix
Acteurs : Sloan Decombes, Philippe CalodatZebristAxelle Delisle,...
Distributeur : The Jokers Films
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h39min

Synopsis :
En Guadeloupe, Chris partage son temps entre deals, aventures sans lendemain et rodéos en moto. Repéré par Odell, le caïd du quartier voisin, Chris se voit confier une livraison à risque. Malgré la mise en garde de son meilleur ami, il accepte la mission. Mais le jour de la livraison, il découvre qu'un bébé a été déposé devant sa porte. Commence alors pour lui, une course infernale qui le mènera à un choix crucial...




Quelques semaines après Magma de Cyprien Vial (film catastrophe résolument plus politique et social qu'apocalyptique, effort anti-kaboomesque qui privilégiait une approche intelligemment réaliste du genre, en scrutant la relation complexe entre une autorité en place maladroite dans sa gestion des risques comme de ses agissements, et une population guadeloupéenne en crise et mécontente, alors qu'une éruption majeure de la Soufrière se profile), la Guadeloupe est une nouvelle fois mise à l'honneur (pas forcément sous ses plus beaux atours, certes) par le septième art hexagonal en cette première moitié d'année 2025 avec Zion, estampillé premier long-métrage ambitieux du wannabe cinéaste Nelson Foix, qui n'hésite pas à loucher mignon sur le cinéma ricain en jouant la carte du gangsta/hood movie sauce thriller/survival, dans sa retranscription nature peinture et sans misérabilisme putassier, de la réalité au cœur de l'île papillon.

Copyright Kissfilms : De l’Autre Côté du Périph’ : France 3 Cinéma – 2024

La narration est tout du long clouée aux basques de Chris, incarnation d'une jeunesse qui tente de s'en sortir par ses propres moyens, face à un système, une Métropole qui a lâché plus vaillant que lui.
Un gamin pas encore totalement adulte et englué dans la zone grise de la vie, un petit dealer ni mauvais ni violent dont le quotidien est justement noué entre les deals, les plans cuisses et les rodéos à motos, il va prendre le mauvais choix d'accepter la proposition de mission d'un caïd voisin - une livraison à risques (et à couches) -, qui va littéralement bouleverser son existence...

Faisant fît de ses quelques scories, allant d'une écriture manquant de substance à un symbolisme chargé comme une mule, en passant par une direction d'acteurs fragile - premier long oblige -, Zion laisse gentiment transparaître la propension de Foix à mélanger les genres avec plus ou moins d'habileté certes, mais surtout une authenticité inébranlable, croquant un genre-bender sous tension et tirant constamment à plein régime, flanqué dans une Guadeloupe fracturée, oppressée et en colère, bouffée par une précarité et une violence (policière, politique) qui est paradoxalement, sa seule arme pour se faire entendre.

Copyright Kissfilms : De l’Autre Côté du Périph’ : France 3 Cinéma – 2024

Perfectible mais plein d'envie et d'une générosité débordante, que ce soit dans la mise en valeur crue et intelligente de son cadre (c'est un vrai film guadeloupéen, jusque dans la langue), où sa mise en scène urgente, au plus près des corps; Zion transpire non seulement l'amour du cinéma bis qu'on aime, mais incarne surtout une jolie surprise nerveuse et ambitieuse comme on aimerait en voir un peu plus souvent dans l'hexagone.


Jonathan Chevrier



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