[CRITIQUE] : Thunderbolts*
Réalisateur : Jake Schreier
Acteurs : Florence Pugh, Julia Louis-Dreyfus, Hannah John-Kamen, David Harbour, Sebastian Stan, Lewis Pullman, Wyatt Russell, Olga Kurylenko, Geraldine Viswanathan,...
Budget : -
Distributeur : The Walt Disney Company France
Genre : Action, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h06min
Synopsis :
Marvel Studios rassemble une équipe de anti-héros peu conventionnelle : Yelena Belova, Bucky Barnes, Red Guardian, Le Fantôme, Taskmaster et John Walker. Tombés dans un piège redoutable tendu par Valentina Allegra de Fontaine, ces laissés pour compte complètement désabusés doivent participer à une mission à haut risque qui les forcera à se confronter aux recoins les plus sombres de leur passé. Ce groupe dysfonctionnel se déchirera-t-il ou trouvera-t-il sa rédemption en s’unissant avant qu’il ne soit trop tard ?
Alors c'est tout con dit comme ça (tu as l'habitude de lire nos conneries de toute façon), mais cela fait longtemps qu'un bon film Marvel n'a pas eu aussi bien l'air d'un... bon film Marvel.
Un divertissement à la fois simple, efficace et totalement tourné vers ses personnages, expurgé de tout idée d'introduire ses personnages au forceps pour nourrir un multivers contredit par le film suivant, même dans ses plus solides exemples récents (Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux, Les Éternels et Doctor Strange and The Multiverse of Madness).
On pourrait même affirmer, sans forcément jouer le jeu des comparaisons faciles voire un brin putassière, que Thunderbolts* de Jake Schreier a tout d'un wannabe Iron Man 3 de ce dernier virage du MCU, avant l'apothéose bruyant et pétaradant vendu par le diptyque Avengers : Doomsday et Avengers : Secret Wars, un opus à la fois attaché et détaché (chaque référence est à la fois précise et concise, et il n'y a pas un milliard d'easter eggs irritant à décrypter tous les dix plans, même dans sa scène post-crédits qui justifie le fameux astérix du titre, et introduit intelligemment Les 4 Fantastiques), dont la narration se suffit à elle-même et qui, surtout, à quelque chose à raconter à son auditoire.
C'est tout con qu'on vous dit, mais ça fait toute la différence.
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Ancrant sa narration dans une réalité palpable expurgé - majoritairement - de tout fond vert dégueulasse (et ce dès une ouverture qui démontrent les prouesses " Widow-esques " de Yelena Belova, pas si éloignée de l'introduction de sa sœur dans... Iron Man 2), d'autant qu'il a le bon ton de ne pas intimer son auditoire - fidèle comme occasionnel - à faire ses devoirs avant sa vision (chaque personnage à droit à sa " mise à jour " de sa condition depuis sa dernière apparition), le film de Schreier va strictement à l'essentiel, totalement conscient de sa légèreté et de son manque global de profondeur, pour mieux laisser parler son groove à la fois drôle et entraînant.
D'un pitch de départ accrocheur (une bande d'anti-héros bossant secrètement pour la big boss de la CIA Valentina Allegra de Fontaine, qui les a tous utilisés pour détruire des preuves susceptibles de nuire à sa cause, ont tous été chargé de s'auto-liquider avant de réaliser qu'il y a plusieurs couilles dans le pâté), Thunderbolts* vire très vite vers le simili-film de potes où chaque personnage s'accorde à merveille à l'autre (dans une sorte d'alchimie presque miraculeuse et Avenger-esque), se voit traiter à valeur - presque - égale, où l'humour - sensiblement sarcastique - ne prend jamais totalement le pas sur la gravité de son/ses sujets.
Pensé à tort comme une réponse aux deux (surtout le film de James Gunn) The Suicide Squad du concurrent DC, la péloche trouve bien plus d'écho à la trilogie Iron Man (et, une fois encore, à son troisième opus), dans sa manière de sonder la psyché de figures confrontés autant au poids de leurs actions passées, qu'au fait d'être cette fois flanqué dans les baskets des (anti)héros de l'histoire; des personnages aux capacités certes hors du commun, mais frappé par une sorte de crise d'estime de soi - voire, littéralement, de dépression - qui accentue l'empathie du spectateur, comme elle soutient l'idée d'un certain réalisme (relatif, une fois encore) plus terre-à-terre porté par cet opus que personne n'attendait véritablement au tournant (et que l'on pensait presque sacrifié, à l'instar des Ant-Man, entre deux productions plus attractives sur le papier).
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Un film outsider avec des outsiders en vedette, des êtres humains aux aternoiements et aux émotions terriblement humaines, évidemment que ça fait sens, et même s'il est en partie écrasé par son final furieusement chaotique (la signature empoisonnée made in Marvel depuis quelques années), il parvient toujours à rendre justices à ses personnages et à garder son emphase émotionnelle au centre des débats - en grande partie grâce à la partition investie de Florence Pugh.
Ajouté à ça une action à la fois joliment chorégraphiée et lisible - comme Shang-Chi -, et une distribution qui ne masque jamais son enthousiasme à l'écran, et vous comprendrez vite que Thunderbolts*, au-delà d'être une belle surprise, est typiquement le genre de divertissement que l'on pensait que le MCU n'était plus capable d'offrir.
Jonathan Chevrier