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[CRITIQUE] : Little Jaffna


Réalisateur : Lawrence Valin
Acteurs : Lawrence ValinPuviraj Raveendran, Vela Ramamoorthy, Radhika Sarathkumar,...
Budget : -
Distributeur : Zinc Film
Genre : Policier, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h39min

Synopsis :
Le quartier de « Little Jaffna » à Paris est le cœur d'une communauté tamoule vibrante, où Michael, un jeune policier, est chargé d'infiltrer un groupe criminel connu pour extorsion et blanchiment d'argent au profit des rebelles séparatistes au Sri Lanka. Mais à mesure qu'il s'enfonce au cœur de l'organisation, sa loyauté sera mise à l'épreuve, dans une poursuite implacable contre l'un des gangs les plus cachés et puissants de Paris.




Qu'ils soient d'une flamboyante réussite ou proprement insipides, les premières réalisations sont toujours plus ou moins frappées par le sceau rafraîchissant de la nouveauté (mais pas forcément de l'originalité, une nuance loin d'être anodine), de cette petite excitation face à la possibilité de découvrir une nouvelle voix singulière voire, dans le meilleur des cas, l'un des potentiels grands cinéastes de demain (et, quoiqu'on en dise, le cinéma français en compte déjà une jolie petite liste).

Copyright Guy Ferrandis

En ce sens, le baptême du feu du wannabe cinéaste Lawrence Valin - et pour lequel il porte la triple casquette de réalisateur, co-scénariste et comédien vedette -, Little Jaffna (qui peut se voir comme une extension de son court-métrage éponyme), est marqué par son choix loin d'être anodin d'arrimer la narration de son effort sur une frange de son propre vécu en tant qu'enfant d'une famille franco-tamoule dans une France qui, quoiqu'on en dise, se radicalise de plus en plus (avec une décontraction proprement effrayante, et cela ne fait qu'empirer), marqué par sa volonté de catapulter son auditoire au coeur d'un quartier qu'il connaît bien : Little Jaffna - d'où le titre -, quartier vivant et vibrant au cœur de La Chapelle, et plus directement sur la dynamique de la communauté tamoule qui y réside, à l'idéologie aussi ambivalente que fascinante.

À la frontière entre le drame social, le thriller sous tension et le film de gangsters façon chronique d'un trouble identitaire dans un microcosme frappé autant par une violence arbitraire que par une solidarité marquée, la narration s'attache aux aternoiements d'un jeune flic, Michael, arrivé en France à l'âge de quatre ans pour fuir les ravages de la dictature au Sri Lanka (mais qui est toujours considéré comme un étranger par tous), et sommé de faire tomber un groupe criminel connu pour extorsion et blanchiment d'argent au profit des rebelles séparatistes au Sri Lanka, qu'il infiltre non sans troubles et heurts (notamment avec une confrontation directe à l'héritage des actions de son paternel, combattant de la résistance tamoule), au point que sa loyauté perd un poil trop vite le Nord au contact du parrain local, Aya, pas loin d'incarner une figure paternelle de substitution pour le bonhomme.

Copyright Guy Ferrandis

Sensiblement sous références (Scorsese, Miike et un doigt de Gray, ce qui renforce encore un peu plus son esprit multiculturel) dans son adhésion aux codes générico-redondants du polar qu'il épouse sans souci de les renouveler (loin d'être un défaut en soit, on est d'accord), pas exempt de quelques panouilles narratives (notamment une romance dispensable où sa volonté de ne pas offrir plus de profondeur que de raison, autant à ses personnages qu'à ses thématiques) mais étonnamment élégant (de son action pop et surstylisée à son usage entraînant de sa musique); Little Jaffna se fait un premier effort certes plus enthousiasmé et brut que nuancé, mais qui vaut décemment son pesant de pop-corn pour l'expérience joliment rafraîchissante qu'il incarne avec fierté.


Jonathan Chevrier