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[CRITIQUE] : Simón de la montaña


Réalisateur : Federico Luis
Acteurs : Lorenzo Ferro, Kiara Supini, Pehuén Pedie, Camila Hirane,...
Budget : -
Distributeur : Arizona Distribution
Genre : Drame.
Nationalité : Argentin, Chilien, Uruguayen.
Durée : 1h38min

Synopsis :
Simón a 21 ans et vit en Argentine. Depuis peu, il fréquente une nouvelle bande d’amis inattendue. Auprès d’eux, pour la première fois, il a le sentiment d’être lui-même. Mais son entourage s’inquiète et ne le reconnaît plus. Et si Simón voulait devenir quelqu’un d’autre ?




Alors oui, tu ne te le demandais sûrement pas mais prend ça quand-même comme une certitude (tout du moins, s'en est une pour nous) : oui, le cinéma argentin va (très) bien en ce moment et dans son inventivité de plus en plus exacerbée, il trouve de plus en plus son chemin dans nos salles obscures... tant mieux, non ?

Nouvelle preuve en date avec Simón de la montaña, estampillé premier long-métrage du wannabe cinéaste Federico Luis, reparti avec le sésame - le prix du Meilleur Film - lors de la dernière Semaine de la Critique, qui trace consciemment plusieurs lignes de concordance avec la complexité comme la singularité des cinémas de Werner Herzog et Lars Von Trier (pensez Les Intrus), que ce soit dans son style profondément naturaliste et cru (voire parfois sensiblement craspec et dérangeant), où dans son étude de personnage à la fois psychologique et surréaliste, d'un môme à peine entré dans l'âge adulte et qui ne semble à sa place nulle part (tout autant qu'il semble, justement, sorti de nulle part) dans ce monde, à tel point qu'il l'ose l'impensable pour mieux explorer sa propre noirceur et ses propres contradictions.

Copyright Arizona Distribution

Soit Simón (un impressionnant Lorenzo Perro), vingt-et-un ans au compteur, dont les intentions n'apparaissent jamais totalement claires au cœur d'un récit totalement où presque vissé sur sa personne, dont l'invitation constante faite par le cinéaste à l'observer sous toutes les coutures, ne fait que renforcer aussi bien le mystère qui entoure sa personnalité comme la distance qu'il s'impose avec le monde qui l'entoure - et de facto, un auditoire qui se pose in fine les mêmes questions que lui-même.

Les indices, plus où moins savamment dispersés par le cinéaste, révèlent assez vite que le gamin, contrairement aux autres patients d'un centre pour personnes handicapées mentales, simule totalement son handicap, une mascarade dont les réponses ne laisse pas tant libre court à l'interprétation (son besoin d'appartenance à une communauté, mais aussi de liberté et d'un désir vivace d'explorer sa propre personnalité selon ses choix), d'autant que le film nourrit son portrait ambiguë et mystérieux à travers une réflexion pas toujours adroite mais définitivement plus passionnante encore : comment les personnes handicapées - intellectuelles où physiques - sont traitées, considérées et perçues dans notre société contemporaine où l'intégration (sociale comme professionnelle) est de plus en plus difficile.

Le cinéma vu et vécu comme une vraie expérience sociale donc, non sans quelques aspérités dommageables, à la fois audacieux et déroutant, qui mérite totalement son pesant de pop-corn.


Jonathan Chevrier