[FUCKING SERIES] : You saison 5 : Joe's last ride

(Critique - avec spoilers - de la saison 5)

Clôturer une série est un exercice extrêmement délicat au vu des attentes engendrées par une dernière salve d’épisodes. Il faut évidemment que cela arrive à point nommé pour éviter toute répétition narrative ou la frustration d’une conclusion trop tôt. Pour cela, You semble être arrivé au bon moment vu l’évolution de Joe et de ses pulsions meurtrières, surtout par la conclusion d’une quatrième saison qui semblait marquer une rupture forte concernant le personnage. Que faire donc avec notre tueur narrateur histoire de mettre un point final impactant à son récit ?

Le début de cette cinquième saison donne envie, la mise en avant médiatique du personnage imposant une nouvelle dynamique, bien aidé par sa relation à priori harmonieuse avec Kate et des moyens financiers dont dispose le duo. Bien évidemment, ce semblant de calme est mis à mal par la relation familiale laborieuse de la nouvelle épouse de Joe, ce qui va pousser ce dernier à replonger dans ses frasques meurtrières en espérant conserver les apparences. L’apparition d’un nouveau protagoniste féminin va également semer le trouble dans les émotions de notre antihéros. Tout cela constitue une base narrative intrigante et riche en potentielles directions dont certaines assez surprenantes par la façon de réorienter le récit.

Sans trop en dévoiler, la médiatisation du protagoniste va être un facteur qui sera abordé avec intérêt, notamment dans la deuxième partie de cette saison. On regrettera juste que ces pistes n’aillent pas encore plus loin tant le mordant mis dans l’écriture de certains rebondissements impose une certaine tension. En ce sens, le rythme fonctionne globalement bien malgré quelques retombées assez inattendues, comme lors d’une confrontation dont l’enchaînement d’informations fait un peu retomber le soufflé jusqu’à une conclusion assez cohérente. On pourra quand même souligner que le dernier trait d’esprit critique semble un poil trop dirigé pour fonctionner en véritable confrontation envers le spectateur, malgré l’envie évidente.

You se clôture donc de bien bonne manière, enchaînant les rebondissements et fils narratifs avec un plaisir évident dans le rapport malsain que l’on développe pour son personnage principal. En poussant à une reprise de sa narration, la série trouve la façon la plus cohérente de terminer les exactions de Joe Goldberg, toujours incarné comme il faut par Penn Badgley. Son rapport au spectacle violent se fait alors de manière paradoxale, entre divertissement assumé et questionnement du protagoniste principal, mais il serait injuste de dire qu’on n’a pas pris un certain plaisir devant ces derniers épisodes…

Liam Debruel