[CRITIQUE] : À la lueur de la chandelle

Réalisateur : André Gil Mata
Acteurs : Eva Ras, Marcia Breia, Olívia Silva, Luísa Guerra,...
Budget : -
Distributeur : Ed Distribution
Genre : Drame.
Nationalité : Portugais, Français.
Durée : 1h52min
Synopsis :
Au Nord du Portugal, deux femmes partagent leur quotidien depuis 60 ans dans une maison qui semble encore habitée par les générations qui les ont précédées. Présent, passé proche et lointain, cohabitent dans cette demeure imprégnée de souvenirs et de fantômes.
Alzira, la maîtresse des lieux, s’est consacrée à un mari austère, renonçant à son goût du piano et de la peinture. Beatriz, la domestique, a dédié sa vie à l’entretien du lieu et aux enfants d’Alzira.
Elles sont désormais arrivées au soir de leur vie. Beatriz se plaint de son corps fatigué. Alzira, libérée par la mort de son mari, prend pour la première fois une décision qui n’appartient qu’à elle.
À la différence d'une vie réelle ou nous n'avons absolument aucune emprise sur lui, ce qui en fait à la fois une frustration constante comme une nécessité à profiter du moindre instant qu'il nous ait donné, le temps est une matière des plus malléables au cinéma avec laquelle on peut jouer avec ou tromper son auditoire, quand bien même l'œuvre cinématographique est, elle-même, soumise ses propres lois (un doux paradoxe).
Le cinéaste portugais André Gil Mata en a parfaitement conscience, et il le démontre à nouveau avec son magnifique nouveau long-métrage, À la lueur de la chandelle, nouvelle expérience logée entre les cinémas de Béla Tarr (logique d'après son parcours) et Chantal Akerman (logique bis, avec la présence au montage de Claire Atherton), où le bonhomme déshabille - littéralement - le temps pour mieux le remodeler à sa guise dans un véritable vertige où se mêlent et s'entremêlent passé et présent dans un balai des sens délicat et virtuose.
Embaumé dans une sublime photographie de Federico Lobo, le cinéaste fait du temps autant un allié pour sa vision autant qu'un ennemi pour ses protagonistes, aspire à remplir le moindre murs comme le moindre recoin d'un lieu qu'il transforme en véritable personnage à part entière, lui qui visse tout du long sa caméra aérienne et lancinante dans les méandres cloisonnés d'une immense demeure nichée dans le nord du Portugal, tout aussi riche en souvenirs et en secrets que gentiment oppressante.
Elle est toujours au plus près des atermoiements à travers les âges de deux femmes, presque deux fantômes repentants, dont les destinées sont intimement liées depuis plus de soixante ans, deux âmes âmes crépuscules de leurs existences et sensiblement épuisées par elles : Alzira, propriétaire des lieux et longtemps engoncée dans un mariage insatisfaisant, et Beatriz, qui a consacré sa vie à la servir elle et sa famille.
C'est leur quotidien sédimenté, fait d'une redondance de gestes et d'actes qui semblent lentement les user, qui sert de cœur à une observation à la fois crue et claustrophobe de l'enfermement féminin bouffé par la bourgeoisie et le patriarcat, qui n'existent que dans la soumission et l'obligation.
Une sacrée séance, rien de moins.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Eva Ras, Marcia Breia, Olívia Silva, Luísa Guerra,...
Budget : -
Distributeur : Ed Distribution
Genre : Drame.
Nationalité : Portugais, Français.
Durée : 1h52min
Synopsis :
Au Nord du Portugal, deux femmes partagent leur quotidien depuis 60 ans dans une maison qui semble encore habitée par les générations qui les ont précédées. Présent, passé proche et lointain, cohabitent dans cette demeure imprégnée de souvenirs et de fantômes.
Alzira, la maîtresse des lieux, s’est consacrée à un mari austère, renonçant à son goût du piano et de la peinture. Beatriz, la domestique, a dédié sa vie à l’entretien du lieu et aux enfants d’Alzira.
Elles sont désormais arrivées au soir de leur vie. Beatriz se plaint de son corps fatigué. Alzira, libérée par la mort de son mari, prend pour la première fois une décision qui n’appartient qu’à elle.
À la différence d'une vie réelle ou nous n'avons absolument aucune emprise sur lui, ce qui en fait à la fois une frustration constante comme une nécessité à profiter du moindre instant qu'il nous ait donné, le temps est une matière des plus malléables au cinéma avec laquelle on peut jouer avec ou tromper son auditoire, quand bien même l'œuvre cinématographique est, elle-même, soumise ses propres lois (un doux paradoxe).
Le cinéaste portugais André Gil Mata en a parfaitement conscience, et il le démontre à nouveau avec son magnifique nouveau long-métrage, À la lueur de la chandelle, nouvelle expérience logée entre les cinémas de Béla Tarr (logique d'après son parcours) et Chantal Akerman (logique bis, avec la présence au montage de Claire Atherton), où le bonhomme déshabille - littéralement - le temps pour mieux le remodeler à sa guise dans un véritable vertige où se mêlent et s'entremêlent passé et présent dans un balai des sens délicat et virtuose.
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Copyright ED distribution |
Embaumé dans une sublime photographie de Federico Lobo, le cinéaste fait du temps autant un allié pour sa vision autant qu'un ennemi pour ses protagonistes, aspire à remplir le moindre murs comme le moindre recoin d'un lieu qu'il transforme en véritable personnage à part entière, lui qui visse tout du long sa caméra aérienne et lancinante dans les méandres cloisonnés d'une immense demeure nichée dans le nord du Portugal, tout aussi riche en souvenirs et en secrets que gentiment oppressante.
Elle est toujours au plus près des atermoiements à travers les âges de deux femmes, presque deux fantômes repentants, dont les destinées sont intimement liées depuis plus de soixante ans, deux âmes âmes crépuscules de leurs existences et sensiblement épuisées par elles : Alzira, propriétaire des lieux et longtemps engoncée dans un mariage insatisfaisant, et Beatriz, qui a consacré sa vie à la servir elle et sa famille.
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Copyright ED distribution |
C'est leur quotidien sédimenté, fait d'une redondance de gestes et d'actes qui semblent lentement les user, qui sert de cœur à une observation à la fois crue et claustrophobe de l'enfermement féminin bouffé par la bourgeoisie et le patriarcat, qui n'existent que dans la soumission et l'obligation.
Une sacrée séance, rien de moins.
Jonathan Chevrier
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