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[CRITIQUE] : Prosper


Réalisateur : Yohann Gloaguen
Acteurs : Jean-Pascal Zadi, Cindy Bruna, Mamadou Minté, Ralph AmoussouMakita Samba, Salimata Kamate,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Comédie, Fantastique.
Nationalité : Français
Durée : 1h32min

Synopsis :
Prosper, chauffeur Uber à côté de ses pompes, prend comme passager un homme mourant qui vient de se faire tirer dessus. Paniqué, Prosper se débarrasse du cadavre tout en lui volant sa paire de bottines en croco. En les portant, Prosper se retrouve habité par l'esprit de l'homme assassiné : King - un gangster respecté et craint de tous. Partagé entre ces deux personnalités que tout oppose, Prosper et King, unis dans un seul corps, enquêtent pour démasquer l'assassin de King.




Certes, c'est une façon assez simpliste de voir les choses mais à une époque où originalité et créativité au coeur d'une campagne promotionnelle, font rarement bon ménage, elle est peut-être la plus pertinente qui soit : oui, les affiches de films (pas uniquement françaises, soyons honnêtes) sont souvent furieusement évocatrices quant à la qualité fragile du contenu qu'elles sont censées si ce n'est promouvoir (où tout du moins titiller l'intérêt du spectateur d'une manière moins agressive et/où plus maligne que pourrait le faire une bande annonce parfois encore plus générique), au minimum soutenir avec un tant soit peu d'illusion.

En ce sens, celle de Prosper, quand bien même portée par le capital sympathie énorme d'un Jean-Pascal Zadi qui, parti de très loin pour devenir l'un de ses seconds couteaux les plus drôles et attachants du cinéma français de ces dix dernières années, s'offre enfin les faveurs d'un premier rôle, ne ment absolument pas sur la marchandise... pas du tout même.

Copyright Le pacte

Ce qui est, dans un sens, un bon point qu'on ne peut décemment pas lui retirer, lui qui annonce clairement la couleur d'une comédie pas forcément finaude même si elle s'efforce d'être plus originale que la moyenne, avec une bifurcation plus où moins contrôlée vers le policier fantastique, vissé sur l'histoire rocambolesque d'un chauffeur VTC possédé par le client gangster/expert de la sapologie mort sur sa banquette arrière (et dont il a volé les chaussures en croco et une jolie petite somme d'argent, après s'être débarrassé de son corps), qui va le pousser à trouver qui a décidé de lui trouer la peau.

Tout est là, annoncé avec évidence par son pendant papier placardé sur les murs et les bus : un Zadi en mode double-jeu comico-charismatique qui s'éclate comme un gamin en jonglant habilement avec ses deux personnalités (il est convaincant autant en loser naïf et manipulable vivant encore chez sa mère, qu'en King, simili-Jimmy Bones bien de chez nous - seuls les vrais ont la référence), unique artifice d'un premier film aux intentions certes louables mais dont le déroulé s'avère in fine aussi laborieux que son écriture manque de panache (les scènes d'exposition prennent une place telle que la narration ne semble jamais véritablement décoller).

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Cocktail assez sec en bouche entre la comédie policière et le trip d'émancipation/possession sauce sapologie qui ne développe ni ses personnages ni napprofondit jamais son univers, Prosper manque d'équilibre comme le meilleur des sapeurs du monde, mais n'en reste pas moins un petit bout de cinéma honnête qui s'avère parfois aussi frais que tes plus beaux souliers Doc Martens laissés au frigo.

Comme dit plus haut, tout était déjà au fond, annoncé par son affiche...


Jonathan Chevrier