[CRITIQUE] : Magma


Réalisateur : Cyprien Vial
Acteurs : Marina Foïs, Théo Christine, Mathieu DemyMikaël Blameble,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français
Durée : 1h25min

Synopsis :
Katia Reiter dirige l’Observatoire Volcanologique de Guadeloupe depuis une dizaine d'années. Elle forme un duo de choc avec Aimé, jeune Guadeloupéen auquel elle transmet sa passion du métier. Alors qu’elle se prépare pour une nouvelle mission à l’autre bout du monde, la menace d’une éruption majeure de la Soufrière se profile. L’ile est aux abois et Katia va devoir assurer la sécurité de la population...




Figure populaire et à la fois insaisissable du septième art hexagonal, Marina Foïs n'en reste pas moins l'une des actrices les plus talentueuses de sa génération, elle dont le parcours exceptionnel né sur le câble puis chaîne cryptée - Les Robins des Bois - à une époque où l'humour singulier avait encore sa place (et n'avait pas peur d'être censuré à la moindre étincelle anticonformiste).

Une comédienne capable de se fondre à la fois dans la distribution d'une bonne grosse comédie populaire bien de chez nous comme dans celle d'une romance intimiste, dans la distribution d'un drame poignant voire même dans celle d'un thriller rural ou même d'une petite satire qui sent bon le sang et le bidoche (Barbaque Forever), toujours avec la même aisance qui nous ferait presque dire, sans aucune exagération, qu'elle est capable si ce n'est de tout jouer (rien ne vient affirmer le contraire cela dit), au moins de jouer dans tout - ce qui n'est pas le cas de tout le monde.

Copyright Pyramide Distribution

C'est dans cet esprit qu'elle s'essaye, en partie, au film catastrophe à la française, genre qui ronronne gentiment de l'autre côté de l'Atlantique (même si Roland Emmerich lui a fait autant de bien que de mal ces dernières années), mais n'existe pas ou peu par chez nous (le solide Survivre, l'écolo-cauchemardesque du Acide), la faute à une frilosité assumée des firmes locales (compréhensible mais frustrante, aucun jugement de twittos débiles ici), face à de potentiels projets qui nécessitant autant de pépètes qu'une vraie vision artistique.

À l'instar de Werner Herzog et de son court-métrage La Soufrière (au plus près du processus d'évacuation et de la dernière éruption phréatique du volcan, en 1976), le cinéaste Cyprien Vial s'attache par le bais de la fiction, à l'idée pas si hypothétique d'un volcan de la Soufrière bien décidé à se réveiller et à entrer en éruption, vissé sur les actions inquiétées autant de deux vulcanologues, une expérimentée et un jeune débutant local (à la relation un brin conflictuelle, pour ne rien gâcher), que d'une Guadeloupe à la situation sociale sensiblement... volcanique (même pas pardon).

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Anti-kaboom, le film privilégie une approche intelligemment réaliste du genre, scrutant la relation complexe entre une autorité en place maladroite dans sa gestion des risques comme dans ses agissements, et une population en crise et mécontente (qui n'avait pas besoin d'un volcan en folie pour ne pas être en phase et défier les décisions de la République), qui embrasait déjà une terre devant désormais affronter et survivre à l'imprévisible, dont les ravages vont bien au-delà des potentielles coulées de lave (une existence littéralement figée, autant à la merci de la nature et des sombres (ré)actions de l'homme).

Sous tension sans pour autant éviter quelques gros coups de mou rythmique en cours de route, Magma, plus politique et social qu'apocalyptique, se fait avant tout et surtout un film joliment humain, solidement porté par le trio Marina Foïs/Théo Christine/Mathieu Demy comme par la photographie enlevée de Jacques Girault.


Jonathan Chevrier



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