[CRITIQUE] : La Convocation
Réalisateur : Halfdan Ullmann Tøndel
Acteurs : Renate Reinsve, Ellen Dorrit Petersen, Endre Hellestveit, Thea Lambrechts Vaulen,...
Distributeur : Tandem
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Allemand, Hollandais, Norvégien, Suédois.
Durée : 1h57min
Synopsis :
Lorsqu'un incident se produit à l'école, les parents des jeunes Armand et Jon sont convoqués par la direction. Mais tout le monde a du mal à expliquer ce qu'il s’est réellement passé. Les récits des enfants s’opposent, les points de vue s’affrontent, jusqu’à faire trembler les certitudes des adultes...
On a tous été plus ou moins (plus, en ce qui nous concerne) ébloui par la partition stellaire de Renate Reinsve dans le magnifique et désabusé Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier, qui la vite propulsé - Prix d'interprétation à la clé - tout en haut de la liste des comédiennes les plus rafraîchissantes et passionnantes du moment.
Et si, depuis, elle s'est résolument faite rare (en même temps, ses films peinent gentiment à débarquer dans l'hexagone, à l'image de A Different Man), la question était de savoir si elle serait l'actrice d'une seule - mais incroyable - performance, où typiquement de celles qui illuminent l'écran à chaque apparition.
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Copyright Eye Eye Pictures 2024 |
La Convocation, estampillé premier long-métrage du wannabe cinéaste Halfdan Ullmann Tøndel - petit-fils et fils des icônes Ingmar Bergman et Liv Ullmann, sacré héritage -, Caméra d'or lors de la dernière Croisette, nous donne une réponse assez claire : elle est, sans l'ombre d'un doute, de la seconde catégorie, elle qui illumine et porte de tout son talent ce drame psychologico-scolaire sauce huis-clos anxiogène, dans lequel elle incarne une mère actrice restée célibataire depuis le décès de son mari, qui glisse lentement mais sûrement dans les limbes à mesure qu'elle prend connaissance de agissements présumés de son fils, qui font remonter à la surface tout ce qu'elle pensait avoir solidement enfoui en elle.
Totalement engoncé où presque au cœur d'une école primaire aux fausses allures de cour de justice, on suit cette mère, Elisabeth, un temps prête à en découdre, elle qui est mystérieusement convoquée pour une réunion dont elle ignore tout du sujet : un conflit entre son rejeton et un autre garçon, qui l'accuse de l'avoir agressé sexuellement (deux gamins qui resteront constamment hors champ).
Un évènement catalyseur où chaque élément, aussi bien des faits que sur le personnage même d'Elisabeth, est savamment dégainé au compte-gouttes, intelligemment contextualiser comme pour complexifier une vérité qui n'a de cesse de nous échapper dans un élan tout en tension, en contradictions (comme ce corps enseignant qui hésite continuellement entre minimiser l'incident où le considérer comme grave) et en frustration.
Plus les minutes passent, plus Ullmann Tøndel laisse les questions sans réponses à coups de discussions tournant inlassablement en rond, influence ses dialogues par le fruit pourri des préjugés et des rancunes passées tout autant qu'il semble déformer l'architecture froidement géométrique de l'établissement, pour mieux enfermer Elisabeth dans une solitude et un isolement sans issue, résolue coûte que coûte à défendre l'innocence de son enfant - comme le font les parents qui la confronte.
Mais à trop étirer les limites du malaise jusqu'à l'insoutenable, jusqu'à se laisser aller à une dernière partie allégorique et abstraite qui en laissera plus d'un sur le carreau, le cinéaste perd un peu trop le fil d'un postulat pourtant (très) simple, même si Reinsve s'échine tout du long, en repoussant ses propres limites - physiques comme émotionnelles -, à tenir en haleine l'intérêt du spectateur.
Il lui suffit d'un simple rire, à la fois incontrôlé, perplexe et d'une inquiétude/terreur palpable, pour que l'on ne puisse plus détourner le regard d'elle, phare déclinant mais solaire de ce petit théâtre des horreurs cynique et cruel, exposant une bourgeoisie scandinave bouffée par les préjugés, l’hypocrisie et la jalousie.
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Mais à trop étirer les limites du malaise jusqu'à l'insoutenable, jusqu'à se laisser aller à une dernière partie allégorique et abstraite qui en laissera plus d'un sur le carreau, le cinéaste perd un peu trop le fil d'un postulat pourtant (très) simple, même si Reinsve s'échine tout du long, en repoussant ses propres limites - physiques comme émotionnelles -, à tenir en haleine l'intérêt du spectateur.
Il lui suffit d'un simple rire, à la fois incontrôlé, perplexe et d'une inquiétude/terreur palpable, pour que l'on ne puisse plus détourner le regard d'elle, phare déclinant mais solaire de ce petit théâtre des horreurs cynique et cruel, exposant une bourgeoisie scandinave bouffée par les préjugés, l’hypocrisie et la jalousie.