[CRITIQUE] : The Last Showgirl
Réalisatrice : Gia Coppola
Acteurs : Pamela Anderson, Jamie Lee Curtis, Dave Bautista, Brenda Song, Kiernan Shipka, Billie Lourd,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h29min
Synopsis :
Shelly, une danseuse de cabaret expérimentée, doit faire face à son avenir lorsque son spectacle à Las Vegas est brusquement interrompu, après 30 ans de représentation. Danseuse dans la cinquantaine, elle peine à trouver quelle suite donner à sa carrière. Et en tant que mère, elle cherche à réparer une relation tendue avec sa fille, qui a souvent été reléguée au second plan par rapport à sa famille d'artistes.
On avait laissé le cinéaste encore naissant de Gia Coppola sur une séance " d'encouragement ", Mainstream où faute de privilégier un peu trop la forme - excentrique - au fond malgré des prémisses plus qu'engageantes, elle ratait un brin le coche de la satire affûtée en offrant un regard cyniquo-surréaliste divertissant mais trop superficiel sur la culture de l'influence 2.0, qui manquait d'un point de vue plus aiguisé et original - même si les graines du scepticisme y étaient joliment plantées.
Des défauts difficiles à totalement imputer (sauf une mise en scène qui pèche encore, parfois, un peu trop dans ses excès) à son troisième passage derrière la caméra, qu'elle maîtrise de bout en bout avec une délicatesse qui ne rendrait pas peu fier son papy - à une heure où lui, en manque cruellement.
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Copyright Constantin Film / Courtesy of Goodfellas |
The Last Showgirl, que l'on aura très vite eu fait de retenir comme le film qui contient en son cœur rôle de toute une vie pour une Pamela Anderson absolument extraordinaire (et douloureusement restée sur le carreau de la course aux récompenses 2024/2025, où elle méritait pourtant totalement sa place), drame juste et bouleversant où la cinéaste pose un regard compatissant et pétri de tendresse sur une femme, l'une des dernières vraies showgirls, obligée de quitter, par la force des choses, le seul exutoire créatif qu'elle aime et qui lui a offert aussi bien la gloire (elle qui aime se sentir belle et être vu) qu'une sorte de famille professionnelle à la fois aimante et marginale.
Danseuse de cabaret expérimentée aussi vulnérable qu'excentrique dont le spectacle à Las Vegas, le « Razzle Dazzle », est brusquement interrompu après 30 ans de représentation, Shelley, cinquante-sept ans au compteur, doit désormais dire adieux à tout un pan de sa vie professionnelle (qui a eu des ravages sur sa vie intime et sa relation avec une fille qu'elle a passablement négligée, et avec qui elle tente de renouer des liens malgré l'hostilité - légitime - de cette dernière) et se confronter de plein fouet à un monde du show-business ouvertement hostile aux femmes vieillissantes et prêt à broyer même les âmes les plus optimistes.
C'est son odyssée aux teints roses et bleutés (joli photographie d'Autumn Durald), tout en mélancolie et en résilience, dans un Las Vegas dur et instable dont elle n'a plus les codes et où elle apparaît plus déconnectée que jamais, qui sert de cœur vibrant au film, totalement emporté par la performance d'une Pamela Anderson incroyable.
Tellement bouleversante et authentique qu'il est difficile de savoir où se situe la frontière entre Shelly (fiction) et la réalité (le parcours de la comédienne elle-même), lynchée par les tabloïds, objectifiée à outrance par l'industrie et considérée, cyniquement, comme une piètre comédienne sans qu'on ne lui ait jamais donné une réelle chance de prouver le contraire - jusqu'à aujourd'hui.
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Copyright Constantin Film / Courtesy of Goodfellas |
Face à une galerie de talents à qui elle tient la dragée haute (notamment un tandem Jamie Lee Curtis/Dave Bautista, avec qui l'alchimie est des plus naturelles), elle semble continuellement elle-même, à la fois charismatique et emprunt d'une douceur follement attachante, une femme mûre mais point fragile à la voix d'enfant.
Élégante et subtile réflexion sur la féminité et la maternité comme sur la notion de show-business qui tout comme le film, n'a pas peur de briser les rêves des rêveuses, The Last Showgirl laisse certes, l'impression d'effleurer ses thématiques comme la quasi-intégralité de ses personnages, se reposant un peu trop sur les performances impliquées de sa distribution, mais il n'en reste pas moins un magnifique portrait de femme courage à la résilience folle, qui survit comme elle le peu même si la vie lui enlève peu à peu tout ce qu'elle l'aime et ce qui la fait vibrer.
Jonathan Chevrier