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[CRITIQUE] : Dans la cuisine des Nguyen


Réalisatrice : Stéphane Ly-Cuong
Acteurs : Clotilde Chevalier, Anh Tran-Nghia, Leanna Chea, Thomas Jolly,...
Distributeur : Jour2fête
Budget : -
Genre : Comédie Musicale.
Nationalité : Français.
Durée : 1h39min.

Synopsis :
Héros malgré lui, Mickey Barnes se tue à la tâche… littéralement ! Car c’est ce qu’exige de lui son entreprise : mourir régulièrement pour gagner sa vie.



Critique :



La comédie musicale est un genre qui doit se confronter aux préjugés désuets à son encontre. Entre certains studios dissimulant la nature musicale de certaines œuvres et la vision passéiste du genre, il est dommageable de voir que cette catégorie d’œuvres n’est pas toujours soutenue à sa juste valeur. Il suffit de repenser aussi à ces personnes qui regrettent l’absence de films français musicaux, oubliant (volontairement ou non) l’influence d’un Jacques Demy dans le domaine, lui qui avait su faire chanter les émois avec une dramaturgie en permanence sensible. Notre film du jour ne va pas nécessairement sur le chemin du réalisateur des Parapluies de Cherbourg mais il s’avère assez sympathique dans son hommage pour apprécier ce qu’il en fait.

Dans la cuisine des Nguyen mêle ainsi amour de l’art musical et réflexions sur l’identité, le tout avec un équilibre aussi délicat que certaines recettes de cuisine. Notre héroïne Yvonne (formidable Clotilde Chevalier) subit ainsi les castings genrés par ses origines vietnamiennes alors qu’elle rêve d’être à l’affiche d’un spectacle populaire. Sa manière de concilier les étapes du casting avec ses rapports avec sa mère apporte une forme de piquant pertinent dans ce qu’il révèle de notre personnage, bien porté par le travail musical sachant quand trouver sa propre patte et quand jouer du clin d’œil (notamment un plan détournant La La Land de façon hilarante).

Copyright Respiro Productions

Pourtant, jamais la légèreté apparente ne diminue la réflexion sur le regard posé sur Yvonne. Stéphane Ly-Cuong parvient à retranscrire un jugement de vision par certaines remarques subtiles, en particulier par le personnage incarné par Thomas Jolly. Cette fausse bienveillance et ce réel racisme ordinaire apportent encore plus d’intérêt dans la tonalité, rappelant que les films musicaux sont loin des coquilles vides apparentes dont aiment se tarir ses détracteurs. Le long-métrage parvient même à émouvoir lors d’une scène de danse dont la simplicité de l’idée renforce l’émotion du moment.

Au final, Dans la cuisine des Nguyen est une belle lettre d’amour au genre musical qui ne s’enferme pas dans le simple hommage factice. Son propos et sa mise en scène parviennent à trouver un équilibre subtil dans ses enjeux identitaires, faisant de ce long-métrage un agréable moment de comédie aussi généreuse que sincère. Dans une période de dédain pour le domaine musical et dans la vision toujours binaire d’un cinéma français supposément renfermé dans ses clichés, il est à espérer que le film de Stéphane Ly-Cuong parvienne à rencontrer un succès particulièrement mérité vu ses nombreuses qualités.


Liam Debruel