[CRITIQUE] : La vie devant moi
Réalisateur : Nils Tavernier
Acteurs : Guillaume Gallienne, Adeline d’Hermy, Violette Guillon, Sandrine Bonnaire,...
Distributeur : Apollo Films
Budget : -
Genre : Drame, Historique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h31min
Synopsis :
En 1942, Tauba, une adolescente pleine d’énergie, échappe de justesse avec ses parents à la rafle du Vel d’Hiv. Un couple, les Dinanceau, leur propose de les cacher provisoirement dans un minuscule débarras de leur immeuble, sous les toits de Paris, le temps que les choses se calment. Malheureusement, ce qui devait être temporaire s’éternise, et la famille s’enfonce dans le silence et l’immobilité. Mais Tauba est une battante, et rien ne l’empêchera de bousculer son destin.
D’après une histoire vraie.
Critique :
S'il tire bénéfice de son parti pris comme il en est férocement emprisonné, #LaVieDevantMoi n'en reste pas moins, grâce à une distribution solide, une belle mise en images d'une histoire qui, longtemps engluée dans la Grande, méritait d'être gravée dans le marbre de la pellicule. pic.twitter.com/H56N6xsYNg
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 26, 2025
Les ravages de la Seconde Guerre mondiale, comme les sujets de l'holocauste et de la déportation a été abordé tant de fois au cinéma par le passé comme aujourd'hui (à tel point qu'ils ne semblent jamais nous avoir réellement quitté, et peut-être d'une manière encore plus marquée aujourd'hui), que notre familiarité avec ses événements tragiques fait que nous sommes toujours douloureusement conscients de ce qui va se passer dans chacun de ces films et, à mesure que nous nous attachons avec leur personnages, on ne peut s'empêcher d'anticiper les événements - souvent à venir.
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Copyright Vincent Tessier - Bonne Pioche Cinéma, Apollo Films Distribution, Federation Pictures - 2024 |
Et c'est précisément en raison de notre connaissance (plus où moins accrue, certes) à la fois de ses événements et de ce sous-genre spécifique du film historique, qu'il est difficile pour une oeuvre de ce calibre de ne pas flirter dangereusement autant avec un voyeurisme presque inévitable, qu'un sentiment encore plus racoleur et abject d'exploitation éhontée de l'un des pans les plus sombres de l'humanité.
Tout n'est qu'une question de subtilité (voire de sincérité, quand bien même les pires exemples ne doivent pas totalement en être dépourvu non plus) mais aussi et surtout de savoir-faire.
Pas censé être exempt du second (même si sa mise en scène beaucoup trop conventionnelle pour son bien, pourrait laisser supposer du contraire), mais résolument pas en manque - et heureusement - du premier, le cinéaste Nils Tavernier s'attache avec La vie devant moi son nouvel effort, à conter l'incroyable histoire vraie de Tauba Birembaum et de ses parents qui, après avoir échappé de justesse à la Rafle du Vel d’Hiv du 16 juillet 1942, ont vécus cachés dans le minuscule débarras, sous les toits, de l'immeuble d'un couple parisien leur ayant proposé leur aide, pendant plus de deux ans dans l'angoisse constante de se faire dénoncer et déporter.
Ce sont les dîtes deux années, tout en résilience et - malheureusement - frappées d'ellipses pas toujours heureuses, qui servent de corps à un huis clos plutôt prenant et lugubre qui a le bon ton de laisser l'horreur hors-champ (pour ne pas tomber dans un voyeurisme putassier, mais aussi et surtout pour susciter sans trop d'effort la tension), pour mieux nous ramener au plus près de la vérité et du calvaire terrifiant qu'est d'exister dans l'ombre du monde pour survivre.
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Une intention au demeurant louable mais qui, in fine, empoisonne et pointe brutalement les limites même de son parti pris (qui s'écroule presque dans son dernier tiers) : la stagnation d'une narration qui épouse la redondance du quotidien de ses sujets, ne donne jamais de grain à moudre à ses personnages secondaires et que ne vient jamais rompre quelques rebondissements plus où moins artificiels.
Dommage, tant la prestation du tandem Guillaume Gallienne/Adeline d’Hermy en impose au moins autant que la puissance d'une histoire qui, longtemps engluée dans la Grande, méritait bien d'être gravée dans le marbre de la pellicule.
Jonathan Chevrier