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[CRITIQUE] : Hérésie

Réalisateur : Didier Konings
Acteurs : Anneke SluitersLen Leo VincentReinout Bussemaker,...
Distributeur : Shadowz / Charybde Distribution
Genre : Epouvante-horreur.
Nationalité : Hollandais.
Durée : 1h01min

Synopsis :
Au Moyen Âge, dans un petit village très pieux de Hollande, Frieda tente de concevoir un enfant avec son mari. Malheureusement, elle ne parvient pas à tomber enceinte, et les villageois commencent à la soupçonner d'avoir conclu un pacte avec le diable qui résiderait dans la forêt.



Critique :



Dans un monde pas si lointain (bon, une dizaine de siècles tout de même), vissé sur l'idée que la société ne pouvait fonctionner autrement qu'entre les griffes crochues du patriarcat (ce qui est, encore aujourd'hui, en partie le cas quand bien même une autre manière, un égalitaire, a été a la fois conçue et mise en pratique) et des lois régies par la religion et le clergé, toute croyance, acte où même parole allant contre cela, était considérée comme de l'hérésie et refusait toute rédemption à celles et ceux qui en étaient accusés.

Une époque saine (pas du tout) où les femmes n'étaient considérées que pour leur stérilité et leur statut de mère en devenir, et mère, c'est ce qu'a toujours voulu être Frieda, l'héroïne de Hérésie signé Didier Konings (un premier effort dans l'ombre de The VVitch et du récent - et excellent - The Devil’s Bath, bientôt dans les bacs), passé par la case PIFFF en décembre dernier (et disponible depuis ce week-end sur la toujours affûtée plateforme Shadowz), mais la destinée lui refuse, et son incapacité à donner un enfant à son mari passablement violent - pour être poli -, Hikko, commence à être un peu trop remarquée.


Mais alors qu'elle bifurque vers des solutions folkloriques et qu'elle s'en remet aux esprits de femmes sages pour donner la vie (pas au point de devenir une entité surnaturelle vengeresse, on reste quand-même loin de la frontière du Z indéfendable... dommage dans un sens), elle devient vite ostracisée dans le petit bled hollandais dévote et terrorisé où elle n'est définitivement pas chez elle.
Mais si elle était, un temps, incapable d'envisager un avenir sans le patriarcat écrasant et la violence misogyne de sa communauté et de sa foi, l'espoir d'une vie et d'un avenir différents va commencer peu à peu à vibrer en elle, même si elle doit se laisser aller à une brutalité au moins à la hauteur de la violence qu'on lui à infligée...

Ode à l'émancipation et à l'autonomisation féminine sous fond de fustigation du patriarcat et des dérives misogynes naissant dans les fissures du culte religieux, Hérésie, qui ne pète décemment pas dans la soie de l'originalité et ne se donne pas forcément le temps de développer toutes ses thématiques thématiques profondeur (à peine une heure de bobine), se fait néanmoins une jolie fable féministe qui vaut méchamment son pesant de pop-corn pour son penchant à épouser l'horreur folk de tous les bords de sa pellicule, notamment grâce à la photo enchanteresse de Luuk de Kok.
Une belle curiosité donc.


Jonathan Chevrier