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[CRITIQUE] : Haut les mains


Réalisatrice : Julie Manoukian
Acteurs : Vincent Elbaz, Émilie Caen, Tracy GotoasGaspard Meier-Chaurand,...
Distributeur : UGC Distribution
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h27min.

Synopsis :
Les crimes contre la nature les scandalisent, les injustices faites aux femmes les révoltent : les Green Panthères, des Robins des bois d’aujourd'hui, se lancent dans le cambriolage engagé contre les pollueurs et les harceleurs. Mais pour ouvrir le coffre de leur rêve, il leur faudra s’associer à Bernard, un cambrioleur vieillissant pas très à jour sur l’éco-féminisme...




Critique :



En amour comme avec le septième art, deux territoires loin d'être étrangers l'un de l'autre, tout n'est parfois qu'une « question de feeling » comme le disait si bien Fabienne Thibeault dans sa chanson éponyme aux débuts des années 80 (on sent d'ici ton jugement de nos références musicales, calmes-toi tout de suite lecteur•ice), et si certains films titillent notre intérêt sensiblement plus que la moyenne, d'autres nous attire presque tout autant qu'une réunion familiale dans le Campanile du coin, où tu t'enfiles deux, trois douzaines de verres de rosé bon marché en attendant qu'un de tes tontons rendent sur la piste de danse, toutes les crevettes pas fraîches du buffet à volonté.

Le néant quoi, où pas loin, avec tout le respect relatif que tu peux avoir pour ceux qui figurent sur ton arbre généalogique et/où sur le testament de papy et mamie.

Copyright Thibault Grabherr

Alors c'est moche, peut-être un poil vulgaire même (pour les plus hypocrites avant tout), mais c'est ce que suscitait à nos yeux Haut les mains, estampillé premier long-métrage d'une Julie Manoukian qui semblait compiler tous les red flags du divertissement post-#MeToo au sein d'une production hexagonale qui n'a pas forcément surfer avec aisance sur cette vague il est vrai méchamment remuante (Toutes pour une est déjà en route pour être le plus gros incident industriel de récente mémoire).
Flairez plutôt : coller aux basques d'un groupe d'activistes écolo-féministe aux actions radicales - les Green Panthères -, dont la mission number one est de faire bouffer du gazon à la pire des crapules (coupable de green washing et d’abus envers les femmes), avec l'aide d'un Danny Ocean en bout de course et sans cardio, campé par un Vincent Elbaz capable du meilleur - quand il est bien dirigé - comme du pire (et depuis un bon moment, c'est définitivement dans le pire qu'il est le meilleur).

Et, malheureusement, sa vision ne fait que confirmer une bonne frange de toutes les craintes à son égard distillée par sa bande annonce, pure comédie décalée sauce film de braquages amorphe, tout en rebondissements invraisemblables et en caricatures irritantes, dont les saillies comiques mi-pachydermiques, mi-moralisatrices, sont assénés avec un manque de subtilité assez dingue.
Plus qu'un manque de justesse tonale, c'est définitivement la vulnérabilité d'une écriture peu inspirée qui vient plomber les bonnes intentions pourtant louables (prendre en grippe les ravages du capitalisme, la misogynie ambiante totalement exacerbée où même l'impunité et la banalisation abjecte derrière les agressions sexuelles quotidiennes subies par les femmes) d'un divertissement hybride qui, paradoxalement, n'irrite pas tant que cela la rétine.

Copyright Thibault Grabherr

Sans doute parce que sa distribution, réellement sympathique (Vincent Elbaz mais également Émilie Caen et Tracy Gotoas), maintient l'illusion qu'une chouette séance se cachait peut-être derrière ce gloubi-boulga qui s'éparpille au moins tout autant qu'il peine à tenir sur ses - maigres - appuis.
À moins que ce ne soit, comme dit plus haut, qu'une « question de feeling »...


Jonathan Chevrier