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[INSTANT LITTERATURE] : #32. L'Hôtel des oiseaux de Joyce Maynard



"Quoi, un site centré sur le cinéma qui papote littérature, mais quelle hérésie ! ".Voilà une manière polie de dire " qu'est-ce qu'on est en train de foutre ", mais à une heure ou la littérature n'a jamais autant été liée au septième art (ah, Hollywood et son manque d'originalité...), nous avons trouvé de bon ton, en temps que media, de voir un petit peu plus loin que le bout de notre plume, et d'élargir notre prisme de partage culturel en papotant littérature donc, sans pour autant que cela soit lié au cinéma - même si cela arrivera certainement souvent.

Armez-vous de vos lunettes, d'un marque-page et d'un potentiel chèque-cadeau FNAC pour faire vos emplettes, et lisez un brin nos recommandations littéraires pleines d'amour, au cœur de notre nouvelle section : Instant Littérature !



#32. L'Hôtel des oiseaux de Joyce Maynard



Publié en 2023 aux éditions Philippe Rey, L'Hôtel des oiseaux (The Bird Hotel) suit, sur plusieurs décennies, Amelia (anciennement Joan), une Américaine ayant traversé deux tragédies. La deuxième tragédie, de trop dans le cœur déjà meurtri de notre héroïne, la pousse à monter dans un bus, sans savoir où celui-ci la mènera. Elle arrive alors à La Esperanza et découvre l'Hôtel des oiseaux, fraîchement accueillie par une certaine Leïla...

On ne souhaite évidemment pas trop en révéler sur l'intrigue, qui prend volontairement son temps à s'installer afin de permettre au lecteur de saisir les traumatismes de l'héroïne. La Esperanza apparaîtra encore plus comme un Eden aux yeux de notre personnage-narrateur. Ce lieu fictif s'inspire de plusieurs pays et cultures en Amérique centrale, région du monde particulièrement appréciée par Joyce Maynard. En effet, depuis plusieurs années, l'autrice de Où vivaient les gens heureux passe une partie de son temps au Guatemala, là où elle a crée une résidence d'écriture pour femmes.

Comme pour Amelia, le lecteur est rapidement aspiré et envoûté par ce lieu à l'abandon, dominé par un lac, qui semble hors du temps. C'est dans cet exotisme que notre héroïne pourra, petit à petit, se reconstruire grâce au contact des autres, que ce soit à travers des expériences et des rencontres tant positives que négatives. Ainsi, alors que la première partie du roman se concentre sur l'enfance et la vie de jeune adulte d'Amelia aux Etats-Unis, la deuxième partie se déroulant en Amérique centrale peut désarçonner dans un premier temps. En effet, Amelia, toujours narratrice, s'efface et devient une observatrice de ce qui se passe autour d'elle. On suivra alors brièvement les (més)aventures de personnages secondaires qui entrent et parfois sortent de la vie d'Amelia.

Credit : Vince Bucci/AP/SIPA

A travers 101 chapitres assez courts renforçant la fluidité du récit, Joyce Maynard livre une œuvre bouleversante sur le deuil. Cette reconstruction pour Amelia, présente en filigrane tout le long du roman, se réalise grâce au pouvoir du hasard et aux différentes rencontres. Dans cet hommage assumé à Gabriel Garcia Marquez, Maynard évite toute éventuelle niaiserie, ayant l'intelligence d'introduire, dans sa seconde partie, des récits d'une grande violence vécus par certains personnages secondaires. En effet, même si Amelia s'installe dans un lieu enchanteur, on nous rappelle à plusieurs reprises que « tout paradis a aussi ses serpents ». Maynard reprend discrètement certaines thématiques déjà évoquées dans ses œuvres précédentes, notamment les violences sexuelles.

La dernière partie de L'Hôtel des oiseaux est particulièrement émouvante, surtout lorsque Amelia fait face à des révélations surprenantes. Cependant, ce qui importe le plus pour notre héroïne, désormais plus âgée et ayant surmonté de nombreuses épreuves, ce n'est pas tant de découvrir la vérité sur son passé que de comprendre sa propre vérité.

L'Hôtel des oiseaux se révèle être un voyage introspectif à travers la douleur, la résilience et la quête de soi. La guérison est autant une aventure personnelle qu'une collection de moments vécus. Ainsi, le roman nous rappelle que même au cœur des tragédies, il y a des possibilités de renaissance et d'espoir.


Tinalakiller