[CRITIQUE] : Un Parfait Inconnu
Réalisateur : James Mangold
Acteurs : Timothée Chalamet, Edward Norton, Elle Fanning, Monica Barbaro, Boyd Holbrook, Scoot McNairy, Dan Fogler,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Biopic, Drame, Musical.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h20min.
Synopsis :
New York, début des années 60. Au cœur de l’effervescente scène musicale et culturelle de l’époque, un énigmatique jeune homme de 19 ans arrive dans le West Village depuis son Minnesota natal, avec sa guitare et un talent hors normes qui changeront à jamais le cours de la musique américaine. Alors qu’il noue d’intimes relations durant son ascension vers la gloire, il finit par se sentir étouffé par le mouvement folk et, refusant d’être mis dans une case, fait un choix controversé qui aura des répercussions à l’échelle mondiale…
Critique :
On ne le répétera jamais assez, dans un paysage cinématographique (pas uniquement Hollywoodien, ne généralisez... même si ce n'est pas totalement).mechamment gangrenné par des productions simplistes usant inlassablement et sans le moindre remords la même popote établie et éprouvée, le biopic musical moderne peut intimement se voir comme l'une des propositions les plus facilement déclinables du marché.
Il faut dire, une bonne frange (plus de la majorité, et cela resterait une fourchette assez raisonnable) de ses péloches ne sont souvent guère plus que des exercices glorifiés de gestion de marques/icônes, articulés entre des numéros musicaux fédérateurs - continuellement à la lisière du fan service -, des performances d'acteurs plus ou moins grimés à la truelle (genre Alain Deloin... shame si tu n'as pas la référence) et une intrigue distribuant avec plus ou moins de subtilités, des affirmations biographiques généralement approuvées en amont par la succession et/ou les proches des défunts - car un procès ou un bad buzz médiatique fait tâche dans une course aux statuettes dorées.
Si Piece by Piece de Morgan Neville et Better Man de Michael Gracey ont joué la carte de la créativité dans leur forme (un film d'animation tout en LEGO sur la vie de Pharrell Williams pour le premier; un biopic traditionnel mais avec un Robbie Williams à l'apparence simiesque pour le second), James Mangold lui, résolument rompu au genre - coucou Walk The Line -, a décidé de faire de la créativité et de toutes ses variables, le cœur même de son biopic sur Bob Dylan, Un Parfait Inconnu.
Une manière aussi habile que subtile de s'extirper de l'approche majoritairement (exclusivement ?) superficielle de l'hagiographie facile (inspiré du roman Dylan Goes Electric d'Elijah Wald), pour mieux s'attacher à une période charnière, formatrice et révolutionnaire, aussi bien pour l'existence de son sujet (de ceux qui l'ont inspiré musicalement, à celles qui l'ont fait vibrer sentimentalement) que pour l'histoire même de la musique.
Car il est principalement question de musique, peut-être même tout autant que de Bob Dylan tant Mangold, qui ne cache jamais son amour sincère pour la légende anticonformiste et son œuvre tout aussi énigmatique qu'il pouvait l'être (à tel point que cela est imprimé au fer rouge de la première à la dernière séquence du long-métrage, quitte à un peu trop romancer son comportement, même s'il ne cherche jamais totalement à le rendre " acceptable "), capture l'ingéniosité et le génie de l'écriture du bonhomme, semble se nourrir de la moindre étincelle d'électricité qui jaillit de ses séquences musicales - réelles et authentiques -, qui laissent justement, vraiment, parler la musique et son importance comme rarement dans un biopic musical Hollywoodien.
Et c'est là où le parti pris de Mangold prend toute sa malice : placer l'art de Dylan au centre de sa trame narrative (sans jouer aveuglément la carte du biopic jukebox, ni forcer le trait de la retranscription du contexte politique de l'époque, car l'écriture du chanteur en était totalement imprégnée), et non s'en servir comme d'une vulgaire playlist venant plus où moins maladroitement nourrir l'action.
Un petit (gros) détail qui fait toute la différence, à l'image de la mise en scène discrète de Mangold comme de la prestation totalement investie d'un Timothée Chalamet qui ne s'enferme jamais dans les griffes réconfortantes du mimétisme risibles (sans forcer, sa plus belle performance à ce jour) : il est Bob Dylan, capture sa poésie brute et étrange avec urgence, tout en lui ressemblant juste ce qu'il faut - même guitare et micro en main.
D'autant qu'à ses côtés, Elle Fanning comme Edward Norton, respectivement dans les rôles de Sylvie Russo et Pete Seeger (voire même de Monica Barbaro, incroyablement charismatique et touchante en Joan Baez et qui, comme Fanning, fait beaucoup avec une écriture qui lui donne peu), n'ont pas besoin de trop forcer leur talent pour distiller un groove où il pourrait vite être un instrument dissonant.
Balade décontractée tout autant qu'hommage séduisant et désinvolte, pas dénué de maladresses (notamment un impact émotionnel réduit un brin à peau de chagrin, l'écriture des personnages féminins comme dit plus haut,...) et peut-être pas aussi vif que le magnifique Inside Llewin Davis des frères Coen, qui lui aussi baignait tête la première dans la scène folklorique des 60s; Un Parfait Inconnu n'en reste pas moins un solide biopic musical, enthousiasmant et prenant, bien loin de la qualité à laquelle le genre nous a habitué ces dernières années.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Timothée Chalamet, Edward Norton, Elle Fanning, Monica Barbaro, Boyd Holbrook, Scoot McNairy, Dan Fogler,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Biopic, Drame, Musical.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h20min.
Synopsis :
New York, début des années 60. Au cœur de l’effervescente scène musicale et culturelle de l’époque, un énigmatique jeune homme de 19 ans arrive dans le West Village depuis son Minnesota natal, avec sa guitare et un talent hors normes qui changeront à jamais le cours de la musique américaine. Alors qu’il noue d’intimes relations durant son ascension vers la gloire, il finit par se sentir étouffé par le mouvement folk et, refusant d’être mis dans une case, fait un choix controversé qui aura des répercussions à l’échelle mondiale…
Critique :
Balade décontractée tout autant qu'hommage séduisant et désinvolte même si pas dénué de maladresses, #UnParfaitInconnu n'en reste pas moins un solide biopic musical, enthousiasmant et prenant, où Mangold place intelligemment la musique de Bob Dylan au centre de sa trame narrative pic.twitter.com/lPn1alO2Fm
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 21, 2025
On ne le répétera jamais assez, dans un paysage cinématographique (pas uniquement Hollywoodien, ne généralisez... même si ce n'est pas totalement).mechamment gangrenné par des productions simplistes usant inlassablement et sans le moindre remords la même popote établie et éprouvée, le biopic musical moderne peut intimement se voir comme l'une des propositions les plus facilement déclinables du marché.
Il faut dire, une bonne frange (plus de la majorité, et cela resterait une fourchette assez raisonnable) de ses péloches ne sont souvent guère plus que des exercices glorifiés de gestion de marques/icônes, articulés entre des numéros musicaux fédérateurs - continuellement à la lisière du fan service -, des performances d'acteurs plus ou moins grimés à la truelle (genre Alain Deloin... shame si tu n'as pas la référence) et une intrigue distribuant avec plus ou moins de subtilités, des affirmations biographiques généralement approuvées en amont par la succession et/ou les proches des défunts - car un procès ou un bad buzz médiatique fait tâche dans une course aux statuettes dorées.
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Si Piece by Piece de Morgan Neville et Better Man de Michael Gracey ont joué la carte de la créativité dans leur forme (un film d'animation tout en LEGO sur la vie de Pharrell Williams pour le premier; un biopic traditionnel mais avec un Robbie Williams à l'apparence simiesque pour le second), James Mangold lui, résolument rompu au genre - coucou Walk The Line -, a décidé de faire de la créativité et de toutes ses variables, le cœur même de son biopic sur Bob Dylan, Un Parfait Inconnu.
Une manière aussi habile que subtile de s'extirper de l'approche majoritairement (exclusivement ?) superficielle de l'hagiographie facile (inspiré du roman Dylan Goes Electric d'Elijah Wald), pour mieux s'attacher à une période charnière, formatrice et révolutionnaire, aussi bien pour l'existence de son sujet (de ceux qui l'ont inspiré musicalement, à celles qui l'ont fait vibrer sentimentalement) que pour l'histoire même de la musique.
Car il est principalement question de musique, peut-être même tout autant que de Bob Dylan tant Mangold, qui ne cache jamais son amour sincère pour la légende anticonformiste et son œuvre tout aussi énigmatique qu'il pouvait l'être (à tel point que cela est imprimé au fer rouge de la première à la dernière séquence du long-métrage, quitte à un peu trop romancer son comportement, même s'il ne cherche jamais totalement à le rendre " acceptable "), capture l'ingéniosité et le génie de l'écriture du bonhomme, semble se nourrir de la moindre étincelle d'électricité qui jaillit de ses séquences musicales - réelles et authentiques -, qui laissent justement, vraiment, parler la musique et son importance comme rarement dans un biopic musical Hollywoodien.
Et c'est là où le parti pris de Mangold prend toute sa malice : placer l'art de Dylan au centre de sa trame narrative (sans jouer aveuglément la carte du biopic jukebox, ni forcer le trait de la retranscription du contexte politique de l'époque, car l'écriture du chanteur en était totalement imprégnée), et non s'en servir comme d'une vulgaire playlist venant plus où moins maladroitement nourrir l'action.
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Un petit (gros) détail qui fait toute la différence, à l'image de la mise en scène discrète de Mangold comme de la prestation totalement investie d'un Timothée Chalamet qui ne s'enferme jamais dans les griffes réconfortantes du mimétisme risibles (sans forcer, sa plus belle performance à ce jour) : il est Bob Dylan, capture sa poésie brute et étrange avec urgence, tout en lui ressemblant juste ce qu'il faut - même guitare et micro en main.
D'autant qu'à ses côtés, Elle Fanning comme Edward Norton, respectivement dans les rôles de Sylvie Russo et Pete Seeger (voire même de Monica Barbaro, incroyablement charismatique et touchante en Joan Baez et qui, comme Fanning, fait beaucoup avec une écriture qui lui donne peu), n'ont pas besoin de trop forcer leur talent pour distiller un groove où il pourrait vite être un instrument dissonant.
Balade décontractée tout autant qu'hommage séduisant et désinvolte, pas dénué de maladresses (notamment un impact émotionnel réduit un brin à peau de chagrin, l'écriture des personnages féminins comme dit plus haut,...) et peut-être pas aussi vif que le magnifique Inside Llewin Davis des frères Coen, qui lui aussi baignait tête la première dans la scène folklorique des 60s; Un Parfait Inconnu n'en reste pas moins un solide biopic musical, enthousiasmant et prenant, bien loin de la qualité à laquelle le genre nous a habitué ces dernières années.
Jonathan Chevrier