[CRITIQUE/RESSORTIE] : Le Pavillon d'or
Réalisateur : Kon Ichikawa
Acteurs : Raizô Ichikawa, Tatsuya Nakadai, Ganjirô Nakamura, Tanie Kitabayashi,...
Distributeur : Splendor Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Japonais.
Durée : 1h39min.
Date de sortie : 27 juillet 1994
Date de ressortie : 15 janvier 2025
Synopsis :
Goichi Mizoguchi, conformément aux dernières volontés de son père, est pris en charge par le bonze Tayama du temple Shukaku, le "Pavillon d'Or". Des touristes visitent le temple. Un couple s’amuse. Pour le jeune homme, ces gens souillent l’image sacrée qu’il a du temple. Peu après, Mizoguchi aperçoit Tayama accompagné d’une geisha. Plein de désillusion, il va tout faire pour rendre sa pureté au Temple.
Critique :
Passé une année 2024 où elle aura célébré Tsui Hark, Akira Kurosawa où même Takashi Miike, la firme Splendor Films repart de plus belle en cette nouvelle année en s'attachant à une pièce majeure de la prolifique et diversifiée filmographie de Kon Ichikawa, peut-être l'un des faiseurs de rêves japonais les plus mésestimés du cinéma japonais de la première moitié du XXe siècle.
Coutumier des adaptations de pièces de théâtre et autres romans populaires, le bonhomme s'était attaché en 1958 à mettre en images l'une des œuvres les plus acclamées de Yukio Mishima, Le Pavillon d'or (Takabayashi Yoichi en fera de même un peu plus tard, en 1976), récit profondément austère et librement inspiré par l'incendie bien réel du temple Kinkaku-ji de Kyoto en 1950, par un jeune moine; roman pensé comme une réflexion fictionnelle des potentielles motivations intimes et psychologiques contradictoires d'un coupable qui n'en était pas totalement un.
Avec un respect et une fidélité totale envers son matériau source - avec la présence essentielle de son épouse Natto Wada à l'écriture -, Ichikawa pose un regard sans concession sur les contradictions et l'hypocrisie du Japon d'après-guerre (du bellicisme nié par la nation à une occidentalisation de force suite au chaos et à la dévastation de la Seconde Guerre mondiale) et sur sa jeunesse tourmentée (notamment par son inadaptabilité à cette immense bouleversement humain et social), à travers la, paradoxalement, douce déliquescence spirituelle et morale d'un jeune homme isolé aussi introverti et sérieux qu'il est obsédé par la pureté, mais qui se voit rejeté par la société en raison d'un handicap - il est bègue -, qui a répondu au rejet et à la chute de toutes ses idoles et de son idéalisme, par un acte déraisonnable, un péché involontaire
Récit à la fois onirique et fragmenté - qui s'ouvre et se ferme par un interrogatoire -, où les flashbacks (aux magnifiques jeux d'ombres et de lumières) enlassent joliment une narration au présent, Le Pavillon d'or, embaumé dans un noir et blanc époustouflant (à l'image de la superbe photographie de Kazuo Miyagawa), se fait une plongée subtile dans la noirceur, souvent opaque, de l'âme humaine.
Une belle (re)découverte.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Raizô Ichikawa, Tatsuya Nakadai, Ganjirô Nakamura, Tanie Kitabayashi,...
Distributeur : Splendor Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Japonais.
Durée : 1h39min.
Date de sortie : 27 juillet 1994
Date de ressortie : 15 janvier 2025
Synopsis :
Goichi Mizoguchi, conformément aux dernières volontés de son père, est pris en charge par le bonze Tayama du temple Shukaku, le "Pavillon d'Or". Des touristes visitent le temple. Un couple s’amuse. Pour le jeune homme, ces gens souillent l’image sacrée qu’il a du temple. Peu après, Mizoguchi aperçoit Tayama accompagné d’une geisha. Plein de désillusion, il va tout faire pour rendre sa pureté au Temple.
Critique :
Belle (re)découverte que #LePavillonDOr, récit à la fois onirique et fragmenté qui pose un regard sans concession sur les contradictions du Japon d'après-guerre au moins autant que sur sa jeunesse tourmentée, une plongée subtile dans la noirceur, souvent opaque, de l'âme humaine. pic.twitter.com/l0SYEbwPoV
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 20, 2025
Passé une année 2024 où elle aura célébré Tsui Hark, Akira Kurosawa où même Takashi Miike, la firme Splendor Films repart de plus belle en cette nouvelle année en s'attachant à une pièce majeure de la prolifique et diversifiée filmographie de Kon Ichikawa, peut-être l'un des faiseurs de rêves japonais les plus mésestimés du cinéma japonais de la première moitié du XXe siècle.
Coutumier des adaptations de pièces de théâtre et autres romans populaires, le bonhomme s'était attaché en 1958 à mettre en images l'une des œuvres les plus acclamées de Yukio Mishima, Le Pavillon d'or (Takabayashi Yoichi en fera de même un peu plus tard, en 1976), récit profondément austère et librement inspiré par l'incendie bien réel du temple Kinkaku-ji de Kyoto en 1950, par un jeune moine; roman pensé comme une réflexion fictionnelle des potentielles motivations intimes et psychologiques contradictoires d'un coupable qui n'en était pas totalement un.
Splendor Films |
Avec un respect et une fidélité totale envers son matériau source - avec la présence essentielle de son épouse Natto Wada à l'écriture -, Ichikawa pose un regard sans concession sur les contradictions et l'hypocrisie du Japon d'après-guerre (du bellicisme nié par la nation à une occidentalisation de force suite au chaos et à la dévastation de la Seconde Guerre mondiale) et sur sa jeunesse tourmentée (notamment par son inadaptabilité à cette immense bouleversement humain et social), à travers la, paradoxalement, douce déliquescence spirituelle et morale d'un jeune homme isolé aussi introverti et sérieux qu'il est obsédé par la pureté, mais qui se voit rejeté par la société en raison d'un handicap - il est bègue -, qui a répondu au rejet et à la chute de toutes ses idoles et de son idéalisme, par un acte déraisonnable, un péché involontaire
Récit à la fois onirique et fragmenté - qui s'ouvre et se ferme par un interrogatoire -, où les flashbacks (aux magnifiques jeux d'ombres et de lumières) enlassent joliment une narration au présent, Le Pavillon d'or, embaumé dans un noir et blanc époustouflant (à l'image de la superbe photographie de Kazuo Miyagawa), se fait une plongée subtile dans la noirceur, souvent opaque, de l'âme humaine.
Une belle (re)découverte.
Jonathan Chevrier