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[CRITIQUE] : Totto-Chan, la petite fille à la fenêtre


Réalisateur : Shinnosuke Yakuwa
Acteurs : avec les voix de Liliana Ôno, Koji Yakusho, Shun Oguri,...
Distributeur : Eurozoom
Budget : -
Genre : Animation, Drame, Famille.
Nationalité : Japonais.
Durée : 1h54min.

Synopsis :
Tokyo, début des années 1940. Tetsuko, que tout le monde appelle Totto-Chan, est une petite fille pleine de vie qui mène la vie dure à son institutrice, qui finit par la renvoyer. Ses parents décident de l’inscrire à Tomoe, une école pas comme les autres où de vieux wagons font office de salles de classe. Son directeur y met l'accent sur l'indépendance et la créativité des enfants. Tandis que la Japon s'enfonce dans la guerre, Totto-Chan va découvrir que les petites expériences de la vie sont plus importantes que les leçons.

Adapté du roman à succès Totto-chan : La petite fille à la fenêtre de Tetsuko Kuroyanagi.



Critique :



Au sein d'un divertissement familial pas forcément attirant ses dernières semaines (Mufasa : Le Roi Lion de Barry Jenkins, Sonic 3, Le film de Jeff Fowler où encore Le Seigneur des Anneaux : La Guerre des Rohirrim de Kenji Kamiyama), dont seul émerge le plutôt mignon Le Noël de Teddy l'ourson de Andrea Eckerbom, et encore plus face à un giron animé qui ne nous a rien offert de bien réjouissant depuis deux bons mois maintenant (et le magnifique Flow, le chat qui n’avait plus peur de Gints Zilbalodis), gageons qu'il il y a quelque chose de réjouissant à l'idée de mirer une petite pépite telle que Totto-Chan, la petite fille à la fenêtre de Shinnosuke Yakuwa, dont la simplicité n'a d'égale que la justesse, mise en images du roman autobiographique/best-seller Madogiwa no Totto-chan de Tetsuko Kuroyanagi, véritable monument (le roman comme la présentatrice, actrice où encore ambassadrice de l'Unicef) au pays du Soleil Levant, et dans lequel Kuroyanagi raconte son enfance dans les années 40, alors que son tempérament pétillant était confrontée aux ravages de la Seconde Guerre mondiale.

Copyright Eurozoom

Petite bulle douce-amère qui joue la carte de l'optimisme tout en gardant l'horreur en toile de fond (à la différence du dévastateur Le Tombeau des Lucioles d'Isao Takahata, même s'il n'est pas si éloigné au fond du récent Blitz de Steve McQueen, voire même de L'Empire du Soleil de Steven Spielberg), sans pour autant délaisser sa gravité et ses souffrances, la narration s'attache avec sensibilité à l'innocence comme à la lente prise de conscience d'une gamine aussi turbulente que joyeuse et curieuse, qui va totalement s'épanouir au coeur d'une communauté très unie, la Tomoe Académie, aux méthodes pédagogiques originales et au corps professoral gentiment bienveillant, bien loin d'une école publique où elle se sentait étouffée parce que " différente " des autres.

Tout en empathie et en délicatesse (jusque dans ses traits soignés), Yakuwa tisse les coutures lyriques d'un récit initiatique semés d'embûches sur lequel il noue aussi bien une amitié enfantine extraordinaire sous fond de dépassement de sa propre condition, qu'une opposition entre traditionnalisme (nationalisme et militarisme exacerbés) et élans modernistes (notamment à travers une pédagogie à l'écoute et encourageant la singularité), entre imagination foisonnante et dure réalité écrasante.
On pourra certes lui reprocher de jouer avec peu de subtilité sur la corde sensible de son auditoire, mais l'un des premiers vrais coups de coeur de l'année ciné 2025 est bien là.


Jonathan Chevrier