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[CRITIQUE] : Pepe


Réalisateur : Nelson Carlo de Los Santos Arias
Acteurs : Jhon Narváez, Fareed Matjila, Harmony Ahalwa, Shifafure Faustinus,...
Distributeur : Shellac
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Dominicain, Namibie, Allemand, Français.
Durée : 2h02min.

Synopsis :
Pablo Escobar c'est 30 milliards de dollars, 5000 meurtres, 80% du trafic mondial de cocaïne... et 1 hippopotame : voici l'épopée fantastique de Pepe, de la Namibie à Medellín.



Critique :



Figure hautement passionnante du crime international, tellement scrutée autant par le petit que par le grand écran, que l'on se demande bien comment il est possible d'en découvrir encore un peu plus sur sa personne au fil des productions (toutes plus ou moins similaires et calquéesur sur le modèle polaro-Netflixien de Narcos), Pablo Escobar fait de nouveau son retour dans les salles obscures en ses premières heures de 2025, mais d'une manière totalement inattendu à travers les pérégrinations... de l'un de ses hippopotames, Pepe.

Copyright Shellac

Avoues que tu ne l'as pas vu venir, l'objet hybride, entre la fable fictionnelle délirante et envoûtante et le documentaire animalier baroque à la lisière du fantastique, par le cinéaste dominicain Nelson Carlo de Los Santos Arias, ours d'argent du Meilleur réalisateur à la dernière Berlinale ?
Bah nous non plus, en même temps, qui savait que le Pablo avait quatre hippos rien qu'à lui...

Effort singulier et allégorique façon patchwork d'images imprévisible, sensiblement vissé sur un animal qui n'a rien de doux et mignon dans la réalité (sauvage, il peut être très dangereux pour ceux ayant le malheur de croiser sa route), et dont l'ambivalence de son image, public comme culturelle, se fait le cœur d'une exploration du destin rocambolesque d'un des quatre mammifères herbivores capturés de force en Afrique pour peupler le zoo privé du trafiquant de drogue colombien Pablo Escobar, dans sa luxueuse Hacienda Nápoles; bestiaux tellement à l'aise sur le continent américain qu'elles se sont totalement acclimatées à leur environnement, au point de se reproduire à un stade où cela menaçait directement l'écosystème local.

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Pepe, abattu par les autorités, est devenu le symbole sacrificiel de toute une espèce désormais protégée, mais également l'outil - et la voix - de Nelson Carlo de Los Santos Arias, qui ne s'intéresse pas tant à son parcours qu'il dresse avec force, à travers lui, un parallèle édifiant sur une forme insidieuse autant d'une émigration subit (être délogé de chez soi puis chassé et tué pour avoir eu l'audace de survivre à son nouvel habitat) que du colonialisme, entre tourisme grossier et exploitation - sous toutes ses formes - des richesses du continent africain.

Une expérience étrange donc mais avant tout et surtout férocement prenante et poétique.


Jonathan Chevrier