[CRITIQUE] : A Real Pain
Réalisateur : Jesse Eisenberg
Acteurs : Kieran Culkin, Jesse Eisenberg, Will Sharpe, Jennifer Grey,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h30min.
Synopsis :
Deux cousins aux caractères diamétralement opposés - David et Benji - se retrouvent à l’occasion d’un voyage en Pologne afin d’honorer la mémoire de leur grand-mère bien-aimée. Leur odyssée va prendre une tournure inattendue lorsque les vieilles tensions de ce duo improbable vont refaire surface avec, en toile de fond, l’histoire de leur famille…
Critique :
#ARealPain ou une dramédie purement Alenienne, un road movie authentique et au ton subtilement sardonique où la difficulté du présent vient rencontrer la connaissance de l'horreur et de la douleur d'hier, porté par un tandem Jesse Eisenberg/Kieran Culkin à l'alchimie incroyable. pic.twitter.com/hMg5T6zrZP
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 28, 2025
Assez naturellement, sans doute dans un souci de se dire que l'on est jamais mieux servi que par soi-même, Jesse Eisenberg, dont la majorité des récentes partitions face caméra ont très rarement atteintes nos salles obscures, a sauté le pas pour briguer - avec succès - à la fois les casquettes de réalisateur et de scénariste, une transition naturelle et sans vanité tant les films qu'il a jusqu'ici concocté, lui ressemblent d'une manière assez troublante - When You Finish Saving the World comme A Real Pain.
En ce sens, le second incarne un film purement Allenien, une comédie dramatique au ton savamment sardonique centré sur une jolie opposition des contraires entre deux âmes tentant de conjuguer aussi bien leurs différences que leurs similarités, au cœur d'un voyage à la fois familial, existentiel et émotionnel.
Copyright 2024 Searchlight Pictures All Rights Reserved |
Soit David, un homme aussi vulnérable que névrosé qui s'échine à ne jamais faire de vagues, et son cousin Benji, son parfait (et complet) opposé, un être volubile et impulsif qui n'a absolument pas peur de prendre - même excessivement - la lumière, tous deux lancés dans des vacances à part, une visite du patrimoine juif en Pologne et exploration de l’histoire de leur peuple jusqu’à l’Holocauste, pour mieux (re)nouer des liens avec leur propre histoire familiale et celle de leur défunte grand-mère (disparition qui a profondément marqué Benji), qui a survécu à un camp de concentration polonais avant d’immigrer en Amérique et de leur offrir la vie qu'ils ont connu jusqu'à maintenant.
Pas une petite entreprise donc, où la difficulté du présent vient rencontrer la connaissance de l'horreur et de la douleur d'hier, qu'Eisenberg va pourtant capturer de la manière la plus délicate et tragi-comique qui soit, dans un road movie articulé sur un double récit existentiel élégant et stimulant dont la vérité jaillit autant de dialogues hilarants et percutants, que d'une écriture simple et concise qui explore sans moralisme ni cynisme, les notions d’identité à travers l’impact de l'héritage familiale et de ses traumatismes sur les générations successives, qui ont elles-même deux manières bien distinctes de l'encaisser/accepter (mais à qui il a fallu traverser le globe pour le comprendre).
Copyright 2024 Searchlight Pictures All Rights Reserved |
D'une honnêteté à toute épreuve, cette expérience humaine authentique tout en espoir et en guérison, qui trotte encore longtemps après sa vision dans l'esprit (à l'image de son fantastique plan final), aboutit à la fois à une petite merveille de cinéma - même si formellement classique, certes -, mais également à la plus belle prestation d'acteur de Jesse Eisenberg à ce jour, à l'image même de celle d'un Kieran Culkin à la prestation absolument dévastatrice (leur union, au-delà de leur alchimie folle, est d'une complémentarité incroyable).
La belle petite claque que l'on a pas vu venir, mais qui faut gentiment des ravages.
Jonathan Chevrier