Breaking News

[CRITIQUE] : Perpetrator


Réalisatrice : Jennifer Reeder
Acteurs : Kiah McKirnan, Vic Kuligoski, Tim Hopper, Alicia Silverstone,...
Distributeur : UniversCiné
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h40min.

Synopsis :
Jonny Baptiste est une adolescente insouciante envoyée chez sa tante Hildie, avec laquelle elle n’avait plus de contact. Le jour de ses 18 ans, elle subit une métamorphose radicale : un sort familial qui la redéfinit, appelé Forevering. Lorsque plusieurs adolescentes disparaissent dans sa nouvelle école, Jonny, sauvage et mythique, se lance à la poursuite du Perpetrator.



Critique :



Jennifer Reeder est exactement le type de cinéaste faite pour diviser, à l'image d'un Brandon Cronenberg dont le cinéma est, jusqu'à maintenant, il est vrai sensiblement plus audacieux.

Entre la posture Lynchienne/John Watersienne sans substance et exaspérant pour les uns, et une vision sérieuse qui use avec habileté du processus de citation/régurgitation cher à Quentin Tarantino pour les autres, les avis sont clivants comme les qualités mêmes de ses efforts : des films d'horreur esthétiquement élégant qui répondent à d'autres films d'horreur (comme, quitte à jouer la carte des comparaisons, pour le tandem Hélène Cattat et Bruno Forzani avec le giallo), et dont les thèmes et significations découlent totalement de leurs références aux tropes du genre - mais également à ceux du teen movie.

Copyright WTFilms

Un cinéma de sensation et d'esthéte donc, s'il fallait le réduire à quelques carcans familiers (où putassiers, c'est selon), qui fait volontairement fit de certaines bases essentielles (récit structuré, dialogues ciselés et non prétextes, direction d'acteurs solide,...), pour mieux imposer un vertige à son auditoire où, tout du moins, à celui qui accepte sa proposition - qui peut être un vrai régal pour les yeux.
Mais il ne faut omettre pour autant le fait que sa transition du court-métrage (qui recèle, sans aucun doute, ses travaux les plus impressionnants à ce jour) au long-métrage, ne s'est pas fait sans heurts, justement parce qu'elle privilégie les images impressionnantes et marquantes, à toute idée de cohérence/solidité narrative.

En ce sens, son nouvel effort - le quatrième -, Perpetrator, ne déroge évidemment pas à cette règle cahoteuse dans sa révérence marquée mais un brin maladroite au Carrie de De Palma, flanqué au plus près des atermoiements d'une adolescente vivant dans une précarité étouffante et répressive, Jonny, elle qui a hâte de grandir et de ne plus avoir à prendre soin de son père malade - seul figure parentale qu'elle n'a jamais connu.
À ses dix-huit ans, elle est envoyée vivre chez sa prétendue grand-tante autoritaire, Hildie (Alicia Silverstone, légende du film pour ados grâce au Clueless d'Amy Heckerling, et dont la présence ici va au-delà du simple clin d'œil), et alors qu'elle s'amourache d'une autre adolescente, Elektra, elle se décide de traquer un tueur qui s'amuse à kidnapper et tuer des jeunes femmes de son âge...

Copyright WTFilms

Toujours imprégné de la culture des 80s/90s qu'elle savonne mignon avec une énergie féminine féroce et un vrai esprit critique (elle fait du sempiternel lycée américain un lieu aussi dangereux que fantasmé), le tout sous fond de récit initiatique et de lien sororal indéfectible face à une écrasante violence masculine; Perpetrator, pas exempt d'un gore décomplexé (mais le sang n'est pas tant un marqueur de violence que d'affirmation d'identité), privilégie pourtant une nouvelle fois la forme au fond, une photographie giallesque marquée et quelques belles séquences n'arrivant cette fois plus à masquer les prestations kitschs comme les errances d'une écriture qui peine à faire cohabiter ses idées comme ses thématiques.

Une question de maîtrise une nouvelle fois, mais après quatre films, cela commence peut-être à faire beaucoup.


Jonathan Chevrier