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[CRITIQUE] : On The Go


Réalisatrices : María Gisèle Royo et Julia de Castro
Acteurs : Omar AyusoJulia de CastroChacha HuangJordi Roig,...
Distributeur : Outplay Films
Budget : -
Genre : Aventure, Comédie, Drame.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 1h12min.

Synopsis :
Être ou ne pas être mère, telle est la question pour Milagros, 37 ans. Sur un coup de tête, elle vole la Chevrolet de son père pour un périple à travers l'Andalousie. Accompagnée de son ami Jonathan, qui cherche du réconfort sur Grindr, elle croise la route d’une mystérieuse jeune femme qui prétend être une sirène. Lorsqu’ils décident de l’emmener vers la mer, leur voyage prend alors une tournure inattendue.



Critique :



Même s'il est méchamment balisé,  peut-être plus encore que le drame, le road movie est la toile cinématographique la plus adéquat à laisser s'exprimer les émotions d'une histoire et de ses personnages, avant tout et surtout certes parce que la simplicité évidente qu'elle convoque (aller d'un point A à un point B, en tentant de faire vivre un minimum de choses à ses figures mouvantes au milieu), lui permet d'aller strictement à l'essentiel, de laisser vivre et vibrer sa narration au gré des points clés et autres rebondissements d'un périple tout autant physique, psychanalytique et existentiel.

L'essence même, au fond, de l'influence majeure apporté au genre par le cinéma américain, sensiblement bâti sur les aspirations et les désirs - bons comme mauvais  - de protagonistes promis à une véritable catharsis émotionnelle face caméra.
Et puis, après tout, Robert Louis Stevenson ne disait-il pas que " l'important, ce n'est pas la destination, mais le voyage en lui-même "?

Copyright Outplay

C'est tout autant son élan de liberté que son urgence - d'un point de vue ici totalement symbolique - qui est épousé par le tandem María Gisèle Royo et Julia de Castro (également à la distribution) pour leur premier long-métrage, On The Go, odyssée déglinguée mais touchante au coeur de la côte andalouse, sensiblement inscrite dans l'ombre du Corridas de alegria de Gonzalo García Pelayo (envers qui les révérences sont plurielles), vissé sur les aternoiements d'une femme à l'aube de la quarantaine, Milagros, pleinement décidée à redéfinir le concept de maternité en prenant elle-même le contrôle de sa propre fertilité, accompagnée dans sa quête par Jonathan, une jeune homosexuel définitivement plus transgressif et fougueuse qu'elle.
Deux marginaux, deux poissons hors de l'eau lancés à la découverte et/où à l'assouvissement de leurs propres désirs, autant qu'ils se voient confrontés à leurs propres angoisses et à leur peur de l'abandon.

Un vrai morceau de cinéma underground donc, rock et anticonformiste, déséquilibré mais à l'énergie folle, dont l'aspect frénétique et les épiphanies oniriques se heurtent continuellement à la dureté implacable du temps et du corps féminin, dont les minutes sont tellement comptées et qu'il se sent poussé, même contre son gré, à procréer par peur de ne plus pouvoir jamais le faire.
L'une des jolies curiosités de ce début d'année ciné 2025.


Jonathan Chevrier