[CRITIQUE] : La Pampa
Réalisateur : Antoine Chevrollier
Acteurs : Sayyid El Alami, Amaury Foucher, Damien Bonnard, Florence Janas, Artus,...
Distributeur : Tandem
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h43min.
Synopsis :
Willy et Jojo sont amis d’enfance et ne se quittent jamais. Pour tuer l'ennui, ils s’entraînent à la Pampa, un terrain de motocross. Un soir, Willy découvre le secret de Jojo.
Critique :
Et si, au cœur d'un septième art hexagonal qui ne la pas forcément célébré, le teen movie renaissait définitivement de ces cendres, après plusieurs décennies à subir les outrages d'une vague de potacherie aiguë et de dystopies adolescentes indigestes ?
Dans un genre sclérosé, comptant approximativement un chef-d'oeuvre pour quarante-douze bouses (tournez souvent votre regard vers l'autre côté de l'Atlantique), l'espoir reste toujours vivace à une heure où le regretté John Hugues, dont l'œuvre commence à méchamment subir les affres du temps (certes, il faut toujours replacer les films dans le contexte de leur époque, mais cela n'excuse quand-même pas tout), ne doit pas cesser d'aligner les loopings de dépit dans sa tombe.
Mais depuis quelques mois, force est d'admettre que l'on aperçoit tout de même une (belle) lueur au bout du tunnel notamment à travers des divertissements bien de chez nous qui tranchent avec le manque de créativité/d'audace qui a longtemps caractérisé nos incursions maladroites dans le genre.
Après le génial Vingt Dieux de Louise Courvoisier, et le plutôt chouette Marmaille de Grégory Lucilly, voilà que débarque un troisième premier effort qui mérite toute notre attention, La Pampa d'Antoine Chevrollier, qui s'extirpe de tout cliché autant dans l'expression de son récit d'apprentissage que dans sa représentation de la jeunesse d'aujourd'hui, vissée sur une amitié inébranlable et sincère confrontée aux affres du déterminisme sociale, de la nécessite d'aller de l'avant face au deuil mais surtout à une homophobie savamment renforcée par une masculinité toxique dont on ne remet pas en cause la domination; une gangrène qui se transmet de génération en génération et encore plus dans une ville aux mœurs comme à l'existence, littéralement figée dans le temps.
La nuance, essentielle puisqu'originale, est finalement de voir le cineaste s'attacher dans le même mouvement, à la figure la moins évidente de ce genre de récit, celle de celui qui, au-delà de se poser ses propres questionnements sur son identité et son avenir (se définir comme un père disparu qui lui manque terriblement, où se laisser aller à de nouvelles perspectives, motivées par une jeune fille dont il est épris ?), prend conscience de l'homosexualité de son ami, afin d'élargir la perspective des effets néfastes et violents que peuvent avoir l'exclusion et l’homophobie.
Et ce, sans laisser de côté la véritable victime, qui trouve dans le motocross aussi bien l'expression de son besoin, comme tout ado, de faire ses preuves dans une culture qui célèbre avant tout la prise de risque et la force, que de braver les limites d'une existence où l'on exige qu'il se conforme, sous peine dans payer le prix.
Ce qui donne du corps mais aussi du cœur à cette chronique puissante et bouleversante de deux jeunes âmes (magnifiques Sayyid El Alami et Amaury Foucher) pour qui l'amitié est un refuge face aux préjugés, deux êtres bloqués dans un monde qui ne leur correspond pas/plus et qui espèrent pouvoir s'en affranchir, lestés de figures parentales qui n'ont aucun remords face à leur défaillance.
Délicat et jamais moralisateur, privilégiant la compassion pour mieux célébrer l'humanité et la singularité, La Pampa se fait un magnifique premier effort, le guidon dirigé vers une lutte universelle : la nécessité de rester fidèle à soi-même dans un monde anxiogène et poussant à la conformité, la nécessité de forger sa propre route au milieu des ruines d'une pensée collective qui réfute la singularité, qui n'accepte pas la modernité dans toute sa diversité.
Une claque, rien de moins.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Sayyid El Alami, Amaury Foucher, Damien Bonnard, Florence Janas, Artus,...
Distributeur : Tandem
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h43min.
Synopsis :
Willy et Jojo sont amis d’enfance et ne se quittent jamais. Pour tuer l'ennui, ils s’entraînent à la Pampa, un terrain de motocross. Un soir, Willy découvre le secret de Jojo.
Critique :
Délicat et jamais moralisateur, privilégiant la compassion pour mieux célébrer l'humanité, #LaPampa se fait un magnifique premier effort le guidon dirigé vers une lutte universelle : la nécessité de rester fidèle à soi-même dans un monde anxiogène poussant à la conformité. pic.twitter.com/XZAh3qhwYK
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 26, 2025
Et si, au cœur d'un septième art hexagonal qui ne la pas forcément célébré, le teen movie renaissait définitivement de ces cendres, après plusieurs décennies à subir les outrages d'une vague de potacherie aiguë et de dystopies adolescentes indigestes ?
Dans un genre sclérosé, comptant approximativement un chef-d'oeuvre pour quarante-douze bouses (tournez souvent votre regard vers l'autre côté de l'Atlantique), l'espoir reste toujours vivace à une heure où le regretté John Hugues, dont l'œuvre commence à méchamment subir les affres du temps (certes, il faut toujours replacer les films dans le contexte de leur époque, mais cela n'excuse quand-même pas tout), ne doit pas cesser d'aligner les loopings de dépit dans sa tombe.
Mais depuis quelques mois, force est d'admettre que l'on aperçoit tout de même une (belle) lueur au bout du tunnel notamment à travers des divertissements bien de chez nous qui tranchent avec le manque de créativité/d'audace qui a longtemps caractérisé nos incursions maladroites dans le genre.
Copyright AGAT FILMS |
Après le génial Vingt Dieux de Louise Courvoisier, et le plutôt chouette Marmaille de Grégory Lucilly, voilà que débarque un troisième premier effort qui mérite toute notre attention, La Pampa d'Antoine Chevrollier, qui s'extirpe de tout cliché autant dans l'expression de son récit d'apprentissage que dans sa représentation de la jeunesse d'aujourd'hui, vissée sur une amitié inébranlable et sincère confrontée aux affres du déterminisme sociale, de la nécessite d'aller de l'avant face au deuil mais surtout à une homophobie savamment renforcée par une masculinité toxique dont on ne remet pas en cause la domination; une gangrène qui se transmet de génération en génération et encore plus dans une ville aux mœurs comme à l'existence, littéralement figée dans le temps.
La nuance, essentielle puisqu'originale, est finalement de voir le cineaste s'attacher dans le même mouvement, à la figure la moins évidente de ce genre de récit, celle de celui qui, au-delà de se poser ses propres questionnements sur son identité et son avenir (se définir comme un père disparu qui lui manque terriblement, où se laisser aller à de nouvelles perspectives, motivées par une jeune fille dont il est épris ?), prend conscience de l'homosexualité de son ami, afin d'élargir la perspective des effets néfastes et violents que peuvent avoir l'exclusion et l’homophobie.
Et ce, sans laisser de côté la véritable victime, qui trouve dans le motocross aussi bien l'expression de son besoin, comme tout ado, de faire ses preuves dans une culture qui célèbre avant tout la prise de risque et la force, que de braver les limites d'une existence où l'on exige qu'il se conforme, sous peine dans payer le prix.
Copyright AGAT FILMS |
Ce qui donne du corps mais aussi du cœur à cette chronique puissante et bouleversante de deux jeunes âmes (magnifiques Sayyid El Alami et Amaury Foucher) pour qui l'amitié est un refuge face aux préjugés, deux êtres bloqués dans un monde qui ne leur correspond pas/plus et qui espèrent pouvoir s'en affranchir, lestés de figures parentales qui n'ont aucun remords face à leur défaillance.
Délicat et jamais moralisateur, privilégiant la compassion pour mieux célébrer l'humanité et la singularité, La Pampa se fait un magnifique premier effort, le guidon dirigé vers une lutte universelle : la nécessité de rester fidèle à soi-même dans un monde anxiogène et poussant à la conformité, la nécessité de forger sa propre route au milieu des ruines d'une pensée collective qui réfute la singularité, qui n'accepte pas la modernité dans toute sa diversité.
Une claque, rien de moins.
Jonathan Chevrier