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[CRITIQUE] : Retour en Alexandrie


Réalisateur : Tamer Ruggli
Acteurs : Nadine Labaki, Fanny Ardant, Eva Monti, Menha Batraoui,...
Distributeur : À Vif Cinémas
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Suisse, Français, Égyptien.
Durée : 1h30min.

Synopsis :
Sue retourne dans son Égypte natale après vingt ans d'absence pour voir sa mère, Fairouz, une aristocrate splendide et excentrique.



Critique :


Ne faisons pas de quelques cas une généralité, mais gageons tout de même que par chez nous, la comédie a une furieuse tendance à un brin se moquer lorsqu'elle se retourne vers le passé (on ne dit pas d'ailleurs qu'elle le fait bien, les exemples récents sont suffisamment évocateurs pour se faire une réponse mais, en tout cas, c'est souvent ce même prisme qui est choisit), chez nos voisins italiens comme allemands - mais pas que -, nostalgie ne rime pas toujours avec moquerie, quand bien même l'ambiance introspective appelle autant à l'humour qu'à un regard introspectif.

En ce sens, le premier long-métrage du wannabe cinéaste Tamer Ruggli, Retour en Alexandrie, incarne une sorte de petit miracle perfectible certes, mais d'une tendresse folle dans sa manière de gentiment rompre avec la formule définitivement trop convenue dss comédies dramatiques vissées sur les histoires familiales et leurs dynamiques complexes, pour lui apporter sa propre sonorité, sa propre singularité.

 A VIF CINÉMAS / AGORA

S'il ne pète évidemment pas dans la soie de l'originalité (en même temps, il n'a jamais eu vocation à revolutionner le genre), le film swingue sur son propre groove à la fois chaleureux, grave et comique, vissé qu'il est sur les aternoiements de Sussi aka Sue, une psychiatre installée en Suisse ayant tournée le dos à l'Égypte, son passé difficile et à sa mère il y a vingt ans, mais obligée de revenir sur ses terres natales alors que cette dernière, malade, vient de subir une crise cardiaque.

De ce point de départ, flirtant entre le drame familial urgent, la fable psychanalytique et le road trip nostalgique - avec même un doigt de surnaturel -, le cinéaste dresse un lumineux et mélancolique portrait de femmes à la Almodóvar, une étude de personnages nuancée, tout en rivalités et en incompréhensions brutes (presque du ressort de la nouvelle filmée), totalement transportée par son fantastique duo vedette Nadine Labaki, touchante en fille/femme blessée et tourmentée, et Fanny Ardant, clairement dans son bain en matriarche excentrique et furieusement défaillante, qui n'a de cesse de rabaisser sa progéniture.

Une (très) jolie découverte pétri de couleurs et de charme.


Jonathan Chevrier