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[CRITIQUE] : Companion


Réalisateur : Drew Hancock
Acteurs : Sophie Thatcher, Jack Quaid, Megan Suri, Lukas Gage, Rupert Friend,...
Distributeur : Warner Bros. France
Genre : Épouvante-horreur, Science-fiction, Romance, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h37min

Synopsis :
Josh et Iris semblent incarner le couple parfait. Mais lors d’un week-end entre amis qui vire au drame, un secret bien gardé fait tout basculer…



Critique :



Et si la meilleure comédie romantique du moment n'était pas une histoire sirupeuse à la chronologie fragmentée, qui joue gentiment les sponsors tout en glucose de ta marque préférée de mouchoirs mentholés, mais bien une love story pas si romantique sous fond de sexbots - enfin " robots de soutien émotionnel " -, de masculinité toxique et d'intelligence artificielle à qui il ne faut pas trop faire chauffer les circuits, sous peine de voir fondre nos cartes mères ?

C'est la belle promesse offerte par Companion, premier long-métrage Black Mirror-esque sur le papier du petit malin (et qui se sait malin) Drew Hancock, comédie horrifico-noire gentiment sournoise sauce slasher féministe, dont la seconde bande annonce a éventé ce qui est moins le rebondissement majeur de l'intrigue, que sa savoureuse prémisse : si la craquante Iris, follement amoureuse du " sympathique " Josh, qu'elle a rencontré dans le rayon fruits et légumes de l'épicerie du coin, ne se sent pas forcément à son aise au cours du petit week-end en amoureux que son petit ami a concocté dans une cabane au bord du lac avec deux autres couples d'amis, ce n'est pas parce qu'elle est toute nouvelle dans un groupe d'amis déjà solidement établi, ni parce qu'elle est plus sérieuse et vulnérable que les autres, mais juste parce qu'elle n'est pas... humaine.

Copyright 2025 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.

Car oui, la jeune femme n'est pas véritablement une jeune femme comme les autres, c'est un produit de la société Empathix, conçu pour être un partenaire " parfait ", à la fois personnalisable, totalement dévouée et capable d'être arrêté par une commande vocale en cas de " problèmes ".
Le sextoys ultime de demain... 

En un premier acte savamment orchestré donc, Companion démonte une campagne promotionnelle maladroite en affirmant son concept de la plus belle des manières, gentiment logé dans l'ombre du monument The Stepford Wives (envers qui la révérence est à peine masquée, comme pour Le Menu, Westworld et Ex_Machina), lui qui distille lentement mais sûrement les petits détails subtils (les petites directives passives/agressives, le fait que ce soit Iris qui porte les valises du couple) d'une servitude/obsession désespérée qui n'a strictement rien à voir avec de la co-dépendance amoureuse, mais bien une emprise/programmation malsaine savamment orchestrée par un homme qui n'est pas un petit ami amoureux, mais bien le propriétaire d'un appareil coûteux, d'un jouet in fine plus humain que lui.
Il ne sait pas ce que c'est réellement l'amour et une relation saine : ne vous inquiétez pas, elle va lui faire regretter...

Et le film ne va, au fond, jamais plus loin que ça, lui qui s'amuse à jouer avec les codes et les dynamiques de la comédie romantique traditionnelle (il brise l'arc de Cupidon avec une malice il est vrai assez jouisive), en pointant l'atrocité des actes et de la pensée des hommes sur les femmes dont ils ont acheté l'autonomie (la déconstruction de l'amour moderne, devenu quelque chose que l'on peut acheter mais surtout préprogrammer), à travers l'emprise (Iris devient, assez clairement, la métaphore robotique d'une femme revenant à la raison après avoir réalisé qu'elle est enfermée dans une vraie relation toxique, avec un put*** de connard) puis l'affrontement loin d'être irréaliste, sous algorithmes et gaslighting, entre un représentant des incels pitoyables - prototype pathétique du « good guy » - et une autre des robots amoureux et domestiques, façonnés selon les fantasmes fétichistes et misogynes des premiers.

Un affrontement prenant et jouissif, renforcé par la brillante partition du tandem Sophie Thatcher/Jack Quaid, l'innocence pétillante et vulnérable de la première répondant parfaitement à l'insensibilité abjecte du second.

Copyright 2025 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.

Certes, si on pourra lui reprocher de ne pas chercher à creuser plus en profondeur ses idées, voire d'être un poil trop prévisible pour son bien (comme sa propension absurde à dégonfler sa tension par ses quelques révélations), un peu à l'image du récent Blink Twice de Zoë Kravitz - produit lui aussi par la Warner -, Companion capture néanmoins l'essentiel, même lorsque sa brutalité sauvage est à plein régime : sonder et fustiger la toxicité d'une masculinité capable de combler ses manques par la technologie, de profiter d'une partenaire qui n'a aucun besoin propre autre qu'assouvir ceux de celui qu'elle sert.

Les utilisateurs toxiques sont un plus grand danger que la technologie elle-même... de quoi réhabiliter M3gan ?


Jonathan Chevrier