[CRITIQUE] : La Pie Voleuse
Réalisateur : Robert Guédiguian
Avec : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Grégoire Leprince-Ringuet, Marilou Aussilloux, Lola Naymark, Robinson Stévenin, Jacques Boudet,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h41min
Synopsis :
Maria n’est plus toute jeune et aide des personnes plus âgées qu’elle. Tirant le diable par la queue, elle ne se résout pas à sa précaire condition et, par-ci par-là, vole quelques euros à tous ces braves gens dont elle s’occupe avec une dévotion extrême… et qui, pour cela, l’adorent… Pourtant une plainte pour abus de faiblesse conduira Maria en garde à vue…
Critique :
Des vraies gourmandises que peut détenir en elle la production hexagonale, la découverte d'un nouvel effort signé par Robert Guédiguian, à la régularité proprement exemplaire - un film tous les deux ans, voire moins parfois -, est peut-être l'une des plus réconfortante.
Des petites douceurs sur pellicule fleurant bon le pastis et les grillons tant le cinéaste a toujours été associé à sa ville de cœur Marseille, même s'il s'est permis à de rares et belles occasions, quelques - légères - infidélités tout aussi ensoleillées (on pense, notamment, au magnifique Voyage en Arménie où à son excellent Twist à Bamako, petite balade humaniste et mélodramatique sur une jeunesse idéaliste et rêveuse confrontée à la rudesse de son continent, et la lente déliquescence de leur innocence et de leurs idéaux, dans un Mali fraîchement indépendant).
Mais le Vieux Port restant le Vieux Port, c'est toujours au sein de la cité phocéenne que son cinéma est le plus à l'aise et que, de facto, il nous est le plus agréable de le retrouver lui et sa troupe de fidèles comédiens dont les visages changent, à l'image du cadre, très rarement.
On ne change pas une équipe qui gagne - où plutôt, une famille de cinéma qui gagne -, et encore plus au sein d'une filmographie cohérente et plein de grâce, sensiblement logée entre Pagnol et Renoir.
Mais place à son vingt-quatrième film donc, La pie voleuse qui marque autant l'ultime apparition sur grand écran du regretté comédien Jacques Boudet (décédé cet été), qu'un virage un poil plus corsé qu'à l'accoutumé : s'il ne dénote pas forcément de ses précédents efforts autant dans le fond que dans sa structure et sa légèreté assumée, c'est résolument dans sa manière de délaisser un brin de côté sa douceur, son optimisme enchanteur légendaire (pas totalement écrasé par la crudité de la vie, mais pas loin), pour embrasser un versant plus désenchanté et amer - voire plus engagé, aussi -, qu'il s'émancipe joliment.
Il est cette fois vissé qu'il est sur les aternoiements d’une auxiliaire de vie/aide ménagère qui pique un peu d’argent de-ci de-là aux personnes âgées dont elle s'occupe avec amour et dévotion, histoire d'arrondir des fins de mois pas toujours évidentes (et encore plus avec les dettes de jeu de son mari, où un petit fils tout aussi mélomane qu'elle et doué au piano, qu'elle veut propulser au firmament), avant d'être confrontée de plein fouet au manque d'irréprochabilité de ses petits arrangements, par le rejeton d'un de ses habitués, qui a la fâcheuse idée de se mêler des affaires de son père (mais surtout d'un héritage qu'il ne veut pas voir dilapider par autre que lui-même).
Sans surprise, et avec son humaniste toujours fièrement porté en bandoulière, le Guédiguian nouveau est une solide cuvée, joli mélodrame choral et bouleversant prônant avec bienveillance et modestie le pardon et la solidarité dans une société boursouflée par le profit, qui en a perdu le sens - et ne semble pas encore prête à le retrouver.
Une belle fable humaine simple (mais pas simpliste) et lumineux où le tandem Ariane Ascaride/Jean-Pierre Darroussin, en charentaises - donc exceptionnels -, donne joliment le la au reste d'une distribution aux petits oignons.
Bref, on est toujours aussi bien sous le soleil phocéen de Guédiguian.
Jonathan Chevrier
Avec : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Grégoire Leprince-Ringuet, Marilou Aussilloux, Lola Naymark, Robinson Stévenin, Jacques Boudet,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h41min
Synopsis :
Maria n’est plus toute jeune et aide des personnes plus âgées qu’elle. Tirant le diable par la queue, elle ne se résout pas à sa précaire condition et, par-ci par-là, vole quelques euros à tous ces braves gens dont elle s’occupe avec une dévotion extrême… et qui, pour cela, l’adorent… Pourtant une plainte pour abus de faiblesse conduira Maria en garde à vue…
Critique :
Avec son humaniste toujours vissé au corps, le Guédiguian nouveau qu'est #LaPieVoleuse est une jolie cuvée, mélodrame choral et bouleversant prônant avec bienveillance et modestie le pardon comme la solidarité, dans un monde boursouflé par le profit qui en a perdu tout le sens. pic.twitter.com/zgeqQmKQUO
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 29, 2025
Des vraies gourmandises que peut détenir en elle la production hexagonale, la découverte d'un nouvel effort signé par Robert Guédiguian, à la régularité proprement exemplaire - un film tous les deux ans, voire moins parfois -, est peut-être l'une des plus réconfortante.
Des petites douceurs sur pellicule fleurant bon le pastis et les grillons tant le cinéaste a toujours été associé à sa ville de cœur Marseille, même s'il s'est permis à de rares et belles occasions, quelques - légères - infidélités tout aussi ensoleillées (on pense, notamment, au magnifique Voyage en Arménie où à son excellent Twist à Bamako, petite balade humaniste et mélodramatique sur une jeunesse idéaliste et rêveuse confrontée à la rudesse de son continent, et la lente déliquescence de leur innocence et de leurs idéaux, dans un Mali fraîchement indépendant).
Copyright 2024 - Agat Films |
Mais le Vieux Port restant le Vieux Port, c'est toujours au sein de la cité phocéenne que son cinéma est le plus à l'aise et que, de facto, il nous est le plus agréable de le retrouver lui et sa troupe de fidèles comédiens dont les visages changent, à l'image du cadre, très rarement.
On ne change pas une équipe qui gagne - où plutôt, une famille de cinéma qui gagne -, et encore plus au sein d'une filmographie cohérente et plein de grâce, sensiblement logée entre Pagnol et Renoir.
Mais place à son vingt-quatrième film donc, La pie voleuse qui marque autant l'ultime apparition sur grand écran du regretté comédien Jacques Boudet (décédé cet été), qu'un virage un poil plus corsé qu'à l'accoutumé : s'il ne dénote pas forcément de ses précédents efforts autant dans le fond que dans sa structure et sa légèreté assumée, c'est résolument dans sa manière de délaisser un brin de côté sa douceur, son optimisme enchanteur légendaire (pas totalement écrasé par la crudité de la vie, mais pas loin), pour embrasser un versant plus désenchanté et amer - voire plus engagé, aussi -, qu'il s'émancipe joliment.
Il est cette fois vissé qu'il est sur les aternoiements d’une auxiliaire de vie/aide ménagère qui pique un peu d’argent de-ci de-là aux personnes âgées dont elle s'occupe avec amour et dévotion, histoire d'arrondir des fins de mois pas toujours évidentes (et encore plus avec les dettes de jeu de son mari, où un petit fils tout aussi mélomane qu'elle et doué au piano, qu'elle veut propulser au firmament), avant d'être confrontée de plein fouet au manque d'irréprochabilité de ses petits arrangements, par le rejeton d'un de ses habitués, qui a la fâcheuse idée de se mêler des affaires de son père (mais surtout d'un héritage qu'il ne veut pas voir dilapider par autre que lui-même).
Copyright 2024 - Agat Films |
Sans surprise, et avec son humaniste toujours fièrement porté en bandoulière, le Guédiguian nouveau est une solide cuvée, joli mélodrame choral et bouleversant prônant avec bienveillance et modestie le pardon et la solidarité dans une société boursouflée par le profit, qui en a perdu le sens - et ne semble pas encore prête à le retrouver.
Une belle fable humaine simple (mais pas simpliste) et lumineux où le tandem Ariane Ascaride/Jean-Pierre Darroussin, en charentaises - donc exceptionnels -, donne joliment le la au reste d'une distribution aux petits oignons.
Bref, on est toujours aussi bien sous le soleil phocéen de Guédiguian.
Jonathan Chevrier