[CRITIQUE] : Apprendre

Réalisatrice : Claire Simon
Avec : -
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h45min

Synopsis :
Apprendre, lever le doigt, ne pas se tromper. Avoir envie que la maîtresse ou le maître nous dise : c’est bien ! Savoir lire, écrire, compter, c’est pas toujours facile …
Apprendre aux enfants, détecter dans leurs yeux ce qui coince, les encourager, les aider. Les faire lire, chanter…
Apprendre à se parler dans la cour plutôt que de se battre.
Apprendre, cela se passe dans une école élémentaire de la République dans une ville de la banlieue parisienne.

Critique :

Certes moins périlleux que son précédent effort (le très beau Notre Corps), #Apprendre n'en est pas moins un beau et immersif documentaire sous fond d'hommage à la résilience de l'école publique, capturant toutes les nuances et les différences liées au processus d'apprentissage. pic.twitter.com/ftdFJ26l5R
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 29, 2025

Passé le magnifique Notre Corps, plongée foisonnante et Wisemannienne dans les vérités du service de gynécologie de l'hôpital Tenon, ou les témoignages intimes devenaient universelles et même méta - avec une transparence incroyable et émouvante -, muée par la volonté de filmer la vérité parfois abrupte et cruelle, du corps féminin, en rejetant toute idée de sexualisation putassière; le cinéma précieux - dans le bon sens du terme - de Claire Simon revient presque aux sources avec Apprendre, un nouveau documentaire (évidemment) qui fait gentiment écho à son Récréations tourné il y a plus de trente ans.

Un (tout) doux petit bout de cinéma qui était nourrit par les interactions et l'imaginaire de jeunes enfants dans un cour de récréation d'école maternelle).

À une heure où l’Éducation nationale, tout comme le corps enseignant, est en souffrance et peine à donner un peu de fraîcheur à la notion d'apprentissage, la cinéaste observe avec une simplicité rare plusieurs enseignants dévoués dans l'exercice de leur fonction - ici à l'école publique Makarenko, à Ivry-sur-Seine.

Moins périlleuse et plus simple - mais point simpliste - que pour son précédent effort (exit aussi l'auscultation à la Wiseman, tant elle n'a pas vocation cette fois à sonder les différents rouages de l'éducation ni de dégainer une observation sociopolitique l'institution publique hexagonale), la lentille observationnelle de la cinéaste se fait pourtant tout autant immersive, en plaçant une seconde fois les élèves au centre des débats pour mieux capturer toutes les nuances et les différences liées au processus d'apprentissage, tout en distillant en filigranes quelques thématiques essentielles (l'importance de la culture dans le programme scolaire, les rapports de classe,...).
Un beau et lucide hommage à l'école publique dont la pérennité est plus que jamais menacée par une gouvernance sourde et aveugle.

Jonathan Chevrier