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[CRITIQUE] : Eephus, le dernier tour de piste


Réalisateur : Carson Lund
Acteurs : Keith William Richards, Frederick Wiseman, Bill Lee, Wayne Diamond,....
Distributeur : Capricci Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h38min.

Synopsis :
Alors qu'un projet de construction menace leur terrain de baseball adoré, deux équipes amatrices d'une petite ville de la Nouvelle-Angleterre s'affrontent pour la dernière fois. Face à cet avenir incertain les tensions et les rires s'exacerbent, annonçant la fin d'une ère de camaraderie.



Critique :



Qu'on se le dise, il n'y a pas plus américain comme sport que le base-ball, quand bien même le continent asiatique en a fait un monument plus populaire encore, que le football.
Et il y a un certain mystère pour nous, habitants du Vieux continent, face à la popularité folle d'un sport qui est à la fois férocement entraînant (des lancers rapides, des frappes spectaculaires) et gentiment anti-spectaculaire, qui défit les lois du temps - une partie peu avoir un rythme fastidieux, comme filer en un éclair, à coups de home runs.

Copyright Omnes Films

Et c'est cette vérité du jeu, sa beauté singulière, qui sert de cœur fiévreux et de corps à Eephus, le dernier tour de piste de Carson Lund (qui prend son titre d'un lancer spécifique, le genre de lancer que l'on ne voit pas venir), qui tente de retranscrire la véritable essence du baseball, son caractère insaisissable tout en rituels et en camaraderie, à travers l'ultime affrontement sur toute une journée, de deux équipes amatrices - les Adler's Paint et les Riverdogs - d'une petite ville de la Nouvelle-Angleterre, alors que leur terrain adoré est menacé par un projet de construction.

Un moment mélancolique et mémorable à la fois, certes prosaïque de prime abord, mais qui trouve sa grandeur et toute sa puissance dans la banalité qu'il pointe du bout de sa caméra, nous plongeant lentement mais amoureusement dans les méandres d'un match qui ne veut jamais se terminer (débuté aux premières lueurs du matin, et se terminant dans l'obscurité de la nuit) tant ses artisans, trop conscient qu'ils sont que le petit monde qu'il fait vivre en lui est en passe de s'effondrer, ne semblent jamais vraiment prêt à l'abandonner - désigner un vainqueur, peut importe l'équipe, mettrait fin à tout, et il n'y aurait aucun retour en arrière possible.

Copyright Omnes Films

Il y a presque une tristesse, une mélancolie tout droit sortie des cinémas bénis de Richard Linklater et Cameron Crowe, qui se dégage de cette épopée crépusculaire et purement américaine, qui montre avec une délicatesse rare comme l'humanité conçoit des lieux en apparences anodins, comme de véritables refuges, de ceux qui nous apprennent des leçons sur la vie, qui nous font faire des rencontres, nous font passer le temps sans que l'on s'en rende compte où même qui nous font renouer, fugacement, avec notre jeunesse.

Des endroits merveilleux qui, même appelés à être détruit, résonnent dans l'éternité, et encore plus quand leur magie est gravée dans le marbre de la pellicule.


Jonathan Chevrier