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[CRITIQUE] : Un Ours dans le Jura


Réalisateur : Franck Dubosc
Acteurs : Franck Dubosc, Laure Calamy, Benoît Poelvoorde, Joséphine de Maux,...
Distributeur : Gaumont
Budget : -
Genre : Comédie, Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h53min.

Synopsis :
Michel et Cathy, un couple usé par le temps et les difficultés financières, ne se parle plus vraiment. Jusqu’au jour où Michel, pour éviter un ours sur la route, heurte une voiture et tue les deux occupants. 2 morts et 2 millions en billets usagés dans le coffre, forcément, ça donne envie de se reparler. Et surtout de se taire.



Critique :



Drôle quant il est bien dirigé (ce qui n'est pas arrivé si souvent que cela sur la dernière décennie... voire même avant), Franck Dubosc a vite compris qu'au sein de la comédie hexagonale, on n'est jamais réellement mieux servi que par soi-même.

S'offrant rien de moins que son plus beau rôle au coeur de son baptême du feu derrière la caméra, Tout le Monde Debout, qui lui permettait de gentiment se moquer de son image de playboy romantico-ringard forgé sur scène tout en offrant un regard pétri de tendresse - et jamais cynique - sur le handicap et la différence; il surenchérissait quelques années plus tard avec le tout aussi juste Rumba la vie, jolie comédie dramatico-familiale où il n'hésitait pas - dans l'humour - à égratigner son image en incarnant une sorte de Droopy solitaire, pathétique et un brin égoïste pas si éloigné du Bill Murray à la fois de Broken Flowers et de St Vincent (pas une petite référence donc), dont le salut viendra d'un coup du destin - un malaise cardiaque - l'obligeant à reconsidérer sa vie à l'heure du premier virage vers le crépuscule.

Copyright Julien Panié - 2024 Gaumont - Pour toi Public productions - France 2 Cinéma

Plus audacieux encore se fait son troisième effort, Un ours dans le Jura, incursion étonnamment sérieuse au coeur de la comédie noire chère aux frangins Coen, avec qui la filiation est aussi naturelle qu'évidente, et ce dès son pitch : un couple usé et au bord de l'implosion, trouve dans une pure tragédie (un accident de la route qu'ils causent eux-mêmes, la faute à un ours sur la route), le moyen de régler leur soucis financiers - 2 millions en billets usagés dans le coffre.

Simili-Fargo/Un plan simple jurassien façon cocktail joliment maîtrisé entre la comédie noire grinçante et le polar savamment tendu et absurde aux personnages gentiment décalés, qui n'est certes pas exempt de quelques panouilles et/où longueurs, mais qui fait montre d'une étonnante justesse dans son exécution, sa mise en scène élégante (bien loin de ses deux premiers efforts, logiquement plus classiques), comme son écriture pas chiche en rebondissements, venant plutôt bien trompé les quelques errances d'un rythme décousu où d'une distribution pas toujours au diapason (Dubosc lui-même, en tête).
Un vrai jeu de funambule surprenant donc, qui aurait pu être plus féroce (voire moins maladroit dans son dernier tiers), mais qui vaut vraiment son pesant de pop-corn.


Jonathan Chevrier