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[CRITIQUE] : La bella estate


Réalisatrice : Laura Luchetti
Avec : Yile Yara VianelloDeva CasselNicolas MaupasAlessandro Piavani,...
Distributeur : Outplay Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Italien.
Durée : 1h53min

Synopsis :
1938, à Turin. Ginia a quitté avec son frère le foyer familial pour trouver du travail en ville. Elle se montre particulièrement créative pour la couture dans l'atelier où elle est employée tandis qu'elle est fascinée par sa rencontre avec une jeune femme modèle pour des artistes.



Critique :



Passé plusieurs décennies (depuis le début des années 80, en gros) ou seules quelques figures populaires venaient, à l'occasion, gentiment replacer son cinéma au centre des débats, le cinéma italien semble s'être offert une véritable cure de Jouvence depuis une bonne dizaine d'années désormais, une nouvelle vague portée par une pluie de jeunes visages/cinéastes talentueux.
Tant mieux pour lui et, surtout, tant mieux pour nous.

Nouvelle preuve en date en cette riche année 2024, avec plusieurs efforts - dont trois premiers films - au féminin gentiment remarqués (et remarquables) : Primadonna de Marta Savina, pertinente dénonciation d'un patriarcat anxiogène et violent, qui sonde la difficile quête de liberté d'une jeune femme condamnée à la stigmatisation sociale et la solitude; Il reste encore demain, qui marque les débuts derrière la caméra de la comédienne Paola Cortellesi, portrait de femme complice et doux-amer, flanqué au cœur d'une Italie post-seconde guerre mondiale, et plus directement dans une Rome libérée par les fascistes mais point d'un patriarcat dominant et violent.

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Gloria!, premier effort là aussi d'une comédienne - également auteure, compositrice et interprète -, Margherita Vicario, sorte de Cercle des poètes disparus musical flanqué dans un orphelinat du Venise du 18e siècle, façon hymne à l'émancipation féminine; et donc La bella estate, nouvelle réalisation de la cinéaste Laura Luchetti, adaptation du roman éponyme de Cesare Pavese dont elle s'approprie sensiblement les lignes, et qui incarne un doux même si un poil convenu récit de passage à l'âge adulte au féminin dans le Turin d'avant-guerre (un contexte faciste qui sert de toile de fond un peu lointaine pour son bien), sous fond d'exploration de la découverte du désir féminin et d'éveil sexuel, au plus près des atermoiements d'une jeune apprentie couturière (Yile Yara Vianello), dont le quotidien est bousculé par l'arrivée d'une modèle glamour et mystérieuse (Deva Cassel, fille de Monica Bellucci et Vincent Cassel).

Ode romantique et moderne à la sensualité plus pieusement sage (et émotionnellement un chouia en retrait) que fiévreuse mais pas moins délicate pour autant, ce troisième long-métrage se fait un tendre et authentique récit d'émancipation et de découverte de soi, qui ne révolutionne pas une popote familière, mais sait se faire divertissante.


Jonathan Chevrier