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[CRITIQUE] : The Killer


Réalisateur : John Woo
Acteurs : Nathalie Emmanuel, Omar Sy, Sam Worthington, Diana Silvers,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h05min.  

Synopsis :
Lors de l'exécution de son dernier contrat, un tueur à gage provoque la cécité d'une jeune chanteuse. Pour trouver l'argent nécessaire à l'opération de la jeune femme, il accepte un nouveau contrat.



Critique :



Partons du principe sain, mais surtout infiniment logique, qu'un cinéaste tel que John Woo, au même titre qu'un Ridley Scott pour ne citer que lui (sans doute parce qu'il pourrait clairement tuer le game d'ici quelques semaines, avec Gladiator 2), rare bonhomme à avoir durablement marqué le cinéma d'action sur plusieurs décennies, n'a décemment plus rien à prouver à qui que ce soit, au point qu'il peut désormais faire ce qu'il veut, et encore plus si les producteurs sont encore derrière lui pour aligner les billets vert.

À partir de là, restons cohérent : dans une Hollywood qui cherche à remaker son The Killer depuis le milieu des années 90 (avec, entre autres, Richard Gere, Denzel Washington et Nicolas Cage pressentis en vedette... oui), il n'y a rien de mal à ce qu'il se laisse aller à s'en occuper lui-même (il n'est pas le premier à s'essayer à l'exercice de l'auto-remake, et ne sera pas le dernier), aussi folle, stupide voire inutile que l'idée puisse paraître - et puis, après tout, tant qu'il ne touche pas au monument Hard Boiled, tout va bien.

Copyright Universal Pictures

La vraie question n'étant donc pas de savoir pourquoi il s'y essaye (ça ne sert à rien, le mal est fait), mais comment va t-il donc pouvoir justifier ce choix par la force de sa caméra, avec un parti pris suffisamment pertinent pour ne pas se gameller dès le virage du premier.
Un parti pris allant évidemment au-delà de l'idée gimmick-esque de s'offrir un virage à 180 degrés en faisant d'une Nathalie Emmanuel pas forcément faite pour l'emploi, l'assassin furtif et implacable du titre (sans que cela ne dépasse jamais le simple fait de ce changement de genre), flanqué d'un Omar Sy plutôt solide en acolyte/flic parisien - évidemment -, face à un Sam Worthington visiblement encore en vacances sur Pandora.

Débarquant en salles sans tambour ni trompette, The Killer 2024 ne se fait finalement pas tant un remake total qu'une relecture qui en reprend les grandes lignes, pour mieux voguer vers quelque chose de tonalement un poil plus conventionnel - pas forcément dans le bon sens du terme.
De la tragédie musclée de 1989 louchant gentiment sur Le Samouraï de Melville, où Woo embrassait le romantisme le plus authentique qui soit, même au plus près de la mort et de carnage incroyablement époque, son cousin moderne, qui passe des bas fonds de Hong-Kong aux rues pimpantes de Paname, vire plutôt vers quelque chose de plus maladroit, artificiel même, trop artificiel.

Alors oui, comme l'avait montré son dernier effort en date, le cinéaste n'a certes strictement rien perdu de sa propension à rendre élégantes ses envolées violentes et sanglantes (notamment une séquence dans un hôpital qui rappelle gentiment un de ses films cité plus haut), mais sa folie énergique et dérangée n'est plus, tout comme sa sensibilité d'hier (le personnage de Jenn/Silvers, définitivement plus MacGuffin gadget que vrai symbole de rédemption et/où catalyseur d'une crise existentiel).

Copyright Universal Pictures

Manquant cruellement d'intensité, d'urgence mais pas totalement dénué d'intérêt tant, au-delà du jeu stérile des comparaisons (puisqu'il est inférieur à son illustre aîné, à tous les niveaux), il s'inscrit dans la droite lignée de son Silent Night, dans cette même quête de révision productive de son propre héritage; The Killer 2024, plus clinique et austère que son aîné, se fait dans le même mouvement aussi plus terne et plus alambiqué dans sa narration, la faute à une écriture ne sachant pas vraiment sur quel tempo swinguer, entre le remake poli et la version nostalgique sauce Europa Corp, avec des personnages qui a défaut d'être totalement convaincants (Sy assure, Emmanuel un peu moins), s'avèrent au moins empathique.

Pas aussi catastrophique que redouté donc, mais à peine mieux.


Jonathan Chevrier





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