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[CRITIQUE] : Monsieur Aznavour

Réalisateurs : Mehdi Idir et Grand Corps Malade
Acteurs : Tahar Rahim, Bastien Bouillon, Marie-Julie Baup, Camille Moutawakil,...
Distributeur : Pathé Films
Budget : -
Genre : Biopic, Musical.
Nationalité : Français.
Durée : 2h13min.  

Synopsis :
Fils de réfugiés, petit, pauvre, à la voix voilée, on disait de lui qu’il n’avait rien pour réussir. À force de travail, de persévérance et d’une volonté hors norme, Charles Aznavour est devenu un monument de la chanson, et un symbole de la culture française. Avec près de 1200 titres interprétés dans le monde entier et dans toutes les langues, il a inspiré des générations entières. Découvrez le parcours exceptionnel et intemporel de MONSIEUR AZNAVOUR.




Critique :



Chaque critique du genre nous fait, inlassablement et ironiquement dans le même tempo, répéter la même chose, et c'est au moins tout autant frustant de l'écrire que de le mirer en salles.
Dans un paysage cinématographique - pas uniquement Hollywoodien - dominé/gangrenné par des projets simplistes usant inlassablement la même formule établie et éprouvée, le biopic musical moderne se sent parfois comme la proposition la plus cheap et facilement déclinable du marché.

La quasi-intégralité de ses films ne sont souvent guère plus que des exercices glorifiés de gestion de marques/icônes, articulés entre des numéros musicaux fédérateurs - et à la lisière du fan service (trop) respectueux -, des performances d'acteurs plus ou moins grimés à la perfection et une intrigue distribuant avec plus ou moins de finesse, des informations biographiques approuvées par la succession et/ou les proches des défunts.

Copyright ANTOINE AGOUDJIAN

C'est simple, tout de la sélection musicale à la conception de la production, est conçu pour traire la nostalgie préfabriquée des téléspectateurs et à ce stade (ce qui place le biopic de figures populaires/célèbres au même niveau de traitement que celui des adaptations de bandes dessinées), il est quasiment impossible de pleinement s'emballer lorsqu'un nouvel effort vient frapper à la porte de nos salles obscures, même lorsqu'il s'attaque au monument Charles Aznavour, avec un duo totalement improbable à sa barre - Mehdi Idir et Grand Corps Malade, dont on avait adoré les deux premiers efforts, Patients et La Vie Scolaire.

Et, évidemment, la popote a un fumé familier, tant tout ici ne s'écarte jamais vraiment de la route balisée de l'hagiographie chapitrée et " bingo ", qui coche frénétiquement toutes les cases historiques sans pour autant annihiler, faut assez rare pour être notifié, tout potentiel investissement émotionnel de son auditoire.
Mais il y a, étonnamment, un cœur et de jolies intentions qui irriguent cette vision sépia et un brin policé de la vie du monument de la musique, dont le duo de cinéastes capture avec empathie aussi bien la complexité que le talent inné, même si leur exposé se fait comme une compilation best-of dont chaque séquence débouche où presque, sur la composition d'un morceau charnière, le battement d'un mouvement social où la présence de caméos (moins sur ses passages un peu plus sombres).
Un comble pour une figure ambitieuse et, littéralement, hors normes.

Copyright ANTOINE AGOUDJIAN

Dommage d'ailleurs que dans le même mouvement, la mise en scène s'écrase un peu trop sous le poids - et l'aura imposante -  du propos, cruellement fonctionnelle voire même franchement impersonnelle, n'impose pas son propre groove aux atermoiements d'un crooner que l'on a, biopic oblige, déjà catapulté en haut de l'affiche.
Classique dans son approche sans aspérités, à la différence d'un Tahir Rahim qui ose - quitte à trébucher - pour ne pas totalement se perdre dans un mimétisme stérile (ce qui est, il faut l'avouer, tout de même un peu le cas), Monsieur Aznavour souffle bien trop autant le chaud que le froid, pour prétendre à être véritablement une séance For Me formidable.

Mais dans l'océan moribond des biopics musicaux oubliables manquant cruellement de corps, d'authenticité et de personnalité, il arrive sans forcer à se hisser au-dessus de la mêlée... c'est déjà pas si mal.


Jonathan Chevrier




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