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[CRITIQUE] : Rebel Ridge

Réalisateur : Jeremy Saulnier
Avec : Aaron Pierre, Don Johnson, AnnaSophia Robb, Emory Cohen,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h11min 

Synopsis :
Un ex-Marine s'attaque à la corruption dans une petite ville des États-Unis quand la police saisit injustement le sac contenant l'argent prévu pour payer la caution de son cousin.




Critique :



On avait réellement découvert le génial Jeremy Saulnier il y a onze ans maintenant, avec son second effort (sa colère horrifico-excentrique et bancale Murder Party, faute de distribution digne de ce nom, n'avait pu être découvert qu'à posteriori), le puissant Blue Ruin, polar intense au pays des rednecks férocement tendu et captivant, empruntant autant au thriller anxiogène qu'au cinéma horrifique.

Deux ans plus tard, il surenchérissait avec Green Room, véritable mélange des genres fou furieux façon série B totalement décomplexée, un pur moment de cinéma jouissif et dérangeant dans sa manière de rendre divertissant une véritable descente aux enfers vécue par des antihéros devant apprendre sur le tas, comment survivre et zigouiller son prochain... nazis.
Une formidable récréation sur pellicule, référencée, violente et addictive, ou l'humour et l'horreur ne sont jamais des amants trop éloignés.

Copyright Allyson Riggs/Netflix

Moins aimable, volontairement plus abstrait et primaire, Aucun homme ni dieu, déjà sur Netflix, faisait grimper le mercure du malaise d'un sacré cran, en jonglant entre le survival sanglant et le trip surnaturel, pour mieux capturer l'imprévisible enquête d'un spécialiste des loups qui, au coeur de l'Alaska sauvage, tentait de retrouver un gamin perdu.
Une sacrée œuvre obsédante et apocalyptique façon regard désolant autant sur le pays de l'Oncle Sam, que sur sur la nature sombre et désespérée de l'âme humaine.
Trois belles nuances de gris caractérisant les aptitudes d'un cinéaste voguant un peu trop sous les radars cinéphiles, vu le talent qui habite sa caméra.
Fruit d'une production hell de près de cinq ans (John Boyega a longtemps porté le projet), Rebel Ridge nous ramène le bonhomme sur un terrain où on ne l'attendait pas forcément : l'actionner débridé, auquel il y accroche sa patte si reconnaissable désormais - une violence choquante et graphique qui prend continuellement ses protagonistes, comme son auditoire, au dépourvu.

Un sacré cocktail pour ce qui peut se voir comme un héritier direct au monument Rambo/First Blood de Ted Kotcheff, dans sa manière autant de lier western urbain brutal, drame social sinistrement actuel et film d'action grisant, que de replacer sèchement et viscéralement l'Amérique face à ses propres maux et frustrations : son racisme, le suprématisme blanc, la bureaucratie défaillante et clairement à deux vitesses, l'injustice de l'exercice de la loi (et pas uniquement sur la confiscation délirante des biens civils) et la violence exacerbée de ceux qui l'appliquent.

D'une prémisse plutôt familière et épurée (le choc musclé entre une police corrompue et un ancien marine héroïque en quête de justice, qui se voit confisquer pour des raisons lunaires, l'argent visant à payer la caution de son cousin, détenu pour possession de marijuana, et en passe d'être incarcéré dans une prison de haute sécurité où plusieurs ennemis l'attendent pour lui faire la peau), Saulnier tire toute la quintessence de son urgence pour délivrer un divertissement bestial, vissé sur une figure calme et pensive malgré la colère qui l'habite, qui sait quand faire parler son intelligence mais aussi et surtout, ses muscles - un excellent Aaron Pierre.

Copyright Allyson Riggs/Netflix

Car quand bien même il est un divertissement jouissif et badass, Rebel Ridge ne cesse de continuellement vouloir investir autant que stimuler son auditoire par sa mise en scène à la fois sobre et aérienne (coucou ses plans-séquences jamais accessoires ni pompeux), et ses dialogues ciselés (couplé à une écriture qui installe intelligemment ses enjeux, pour mieux les bousculer par la suite), de vouloir aller au-delà du simple carcan d'une action captivante et musclée au plus près des pouls et des corps, en s'inscrivant dans un contexte à la fois réel et palpable, où les rapports de force n'ont rien d'excentriques.

Par chez nous, on appelle ça une sacré séance racée et électrisante où, plus communément, un vrai put*** de bon film, et c'est assez rare ces derniers temps sur la plateforme au Toudoum...


Jonathan Chevrier




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