[CRITIQUE] : La gardav

Réalisateurs : Thomas et Dimitri Lemoine
Avec : Thomas Lemoine, Gaël Tavares, Pierre Lottin, Lionnel Astier,...
Distributeur : Wayna Pitch
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h27min.

Synopsis :
Mathieu jeune acteur ambitieux galère pour boucler sa bande démo. Son pote Ousmane lui propose de tourner dans son clip de rap, mais le tournage ne va pas se passer comme prévu.

Critique :

Comédie cherchant à distiller une forme de burlesque du réel, #LaGardav a tout du premier long-métrage clairement sincère dans ses intentions et plein d'idées, même s'il laisse parfois de côté des points qui auraient pu être plus longuement brossés. (@LiamDebruel) pic.twitter.com/ym5WjiXphM
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 31, 2024

La comédie française se développe avec plus ou moins de réussite, subissant parfois les affres d’une certaine audience la limitant à des grosses productions interchangeables et au fond peu recommandable. C’est une nouvelle fois réducteur vu la largesse du paysage cinématographique français et cela peut jouer sur la visibilité de titres plus modestes mais non moins dénués de charme. Ainsi, La Gardav, sans révolutionner le secteur, dispose de quelques qualités rendant sa découverte plus que sympathique, notamment au vu du traitement qu’il accorde à son point de départ.

Le film s’inspire de l’expérience de Thomas Lemoine, acteur principal mais également coréalisateur avec son frère Dimitri. On sent la proximité dans l’écriture, posant un style assez burlesque mais en voulant conserver malgré tout un pied dans la réalité. Si cet ancrage peut paraître déséquilibré dans sa structure (le dernier tiers fonctionnant mieux dans son inscription dramatique que comique), l’intention s'avère plus que louable et procure au long-métrage une patte reconnaissable, notamment en faisant rebondir la réalité de la garde à vue à l’ironie bureaucratique des policiers cherchant à tirer au mieux leurs cartes dans cette affaire.

L’écriture des protagonistes permet alors une certaine diversité de caractère tout en appréhendant son ancrage dans une réalité économique, notamment son rapport aux cités. On ressent ainsi la détresse face à un secteur policier cherchant le résultat plutôt que la résolution humaine, le tout avec une question d’image qui résonne avec l’envie de représentation des artistes, qu’ils soient rappeurs amateurs ou acteurs en quête du rôle révélateur. Pour ce dernier point, le jeu de Thomas Lemoine cherche à toucher au mieux au personnage vu par les autres comme exaspérant dans ses maladresses sociales et verbales tout en développant un décalage progressif lors de la partie consacrée à la garde à vue. De quoi appuyer une intention thématique tout au long de sa narration, quitte à prendre parfois la lumière sur d’autres personnages comme celui, fort thématiquement, de Gaël Tavares.

Comédie cherchant à distiller une forme de burlesque du réel, La Gardav a tout du premier long-métrage avec des idées, en laissant parfois des points qui auraient pu être plus longuement brossés mais restant clairement sincère dans ses intentions. En mélangeant amour de l’acteur, réalités sociales et humour de décalage, Thomas et Dimitri Lemoine font de ce film un cocktail dont les différentes bascules fonctionnent assez pour passer un bon moment tout en le distinguant de certaines propositions comiques bien plus commerciales et cyniques.

Liam Debruel