[CRITIQUE] : Blaga's Lessons
Réalisateur : Stephan Komandarev
Avec : Eli Skorcheva, Gerasim Georgiev, Rozalia Abgarian, Stefan Denolyubov, ...
Distributeur : Damned Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Bulgare, Allemand.
Durée : 1h54min
Synopsis :
Blaga, enseignante à la retraite, est victime d’une arnaque téléphonique. Afin de récupérer la somme, Blaga commence à travailler pour ceux qui l’ont escroquée. La femme autrefois honnête commence à sacrifier tous ses principes.
Critique :
On avait été gentiment séduit par le dernier effort en date du prolifique et éclectique scénariste et réalisateur bulgare Stephan Komandarev, Rounds (passé par la case Reims Polar en 2021), sorte de film somme ou presque (qui répondait merveilleusement à son brillant Taxi Sofia), dont émerge une quintessence de ses thématiques et de sa structure narrative; véritable puzzle de micro-récits éclatés aux sujets prenants et brûlants (la traite des êtres humains, l'euthanasie et la corruption institutionnelle,...), comme autant de coups de poings plus ou moins habilement assénés, à la politique bulgare.
Place désormais à Blaga's Lessons, dernier effort - le sixième - en date du bonhomme et, décemment, l'un de ses (voire LE) tout meilleur, toujours aussi emprunt de son humour noir très (très) noir, et de son regard aussi lucide qu'acéré sur la société bulgare post-communiste.
Pensé comme le dernier opus de sa trilogie sur l'état social actuel de la Bulgarie (après Taxi Sofia et Rounds donc), la narration se fixe cette fois sur l'une des catégories les plus démunis, les retraités, à travers les atermoiements de Blaga, ancienne professeur de langue bulgare à la retraite et fraîchement veuve, qui comble sa maigre retraite avec quelques cours particuliers de-ci, de-là.
Un jour, elle reçoit un appel qui va bouleverser à jamais son existence : des hommes se faisant passer pour des policiers, lui intime sur un ton autoritaire, de collaborer avec eux pour faire tomber les escrocs de son quartier et, cédant sous la peur, se fait arnaquer et perd toutes ses économies.
Ridiculisée jusque au sein de sa propre communauté, Blaga va prendre le taureau par les cornes et se lance dans une double quête : récupérer la somme qui lui a été volée, quitte à passer du côté obscur et à tromper les autres, mais aussi et surtout de se venger d'un système laxiste et incapable de protéger les plus faibles et démunis.
Comédie noire et amère qui n'a jamais peur de prendre les contours d'un thriller social puissant et tragique à la lisière du documentaire, sur une misère humaine qui gangrène tout, même les âmes les plus pures et honnêtes, le film marque par la froideur clinique qu'à Komandarev d'ausculter, d'analyser le cynisme et la déshumanisation croissante d'une démocratie naissante qui, dans ses actes, n'est pas tant à la périphérie d'une Europe dont la radicalisation est enclenchée depuis un bon moment maintenant.
Vraie morceau de cinéma percutant et stimulant, dominé de la tête et des épaules par la prestation stellaire d'Eli Skorcheva, Blaga's lessons démontre l'importance du cinéma de Stephan Komandarev, et la nécessité de le célébrer autant que de le mettre en lumière.
Jonathan Chevrier
Avec : Eli Skorcheva, Gerasim Georgiev, Rozalia Abgarian, Stefan Denolyubov, ...
Distributeur : Damned Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Bulgare, Allemand.
Durée : 1h54min
Synopsis :
Blaga, enseignante à la retraite, est victime d’une arnaque téléphonique. Afin de récupérer la somme, Blaga commence à travailler pour ceux qui l’ont escroquée. La femme autrefois honnête commence à sacrifier tous ses principes.
Critique :
Comédie noire et amère qui n'a jamais peur de flirter avec le thriller social tragique,#BlagasLessons, vissé sur une misère humaine qui gangrène tout, même les âmes les plus honnêtes, se fait un vrai morceau de cinéma percutant et stimulant, porté par une magnifique Eli Skorcheva pic.twitter.com/h50hlKpcaz
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 14, 2024
On avait été gentiment séduit par le dernier effort en date du prolifique et éclectique scénariste et réalisateur bulgare Stephan Komandarev, Rounds (passé par la case Reims Polar en 2021), sorte de film somme ou presque (qui répondait merveilleusement à son brillant Taxi Sofia), dont émerge une quintessence de ses thématiques et de sa structure narrative; véritable puzzle de micro-récits éclatés aux sujets prenants et brûlants (la traite des êtres humains, l'euthanasie et la corruption institutionnelle,...), comme autant de coups de poings plus ou moins habilement assénés, à la politique bulgare.
Copyright jip film & verleih gbr |
Place désormais à Blaga's Lessons, dernier effort - le sixième - en date du bonhomme et, décemment, l'un de ses (voire LE) tout meilleur, toujours aussi emprunt de son humour noir très (très) noir, et de son regard aussi lucide qu'acéré sur la société bulgare post-communiste.
Pensé comme le dernier opus de sa trilogie sur l'état social actuel de la Bulgarie (après Taxi Sofia et Rounds donc), la narration se fixe cette fois sur l'une des catégories les plus démunis, les retraités, à travers les atermoiements de Blaga, ancienne professeur de langue bulgare à la retraite et fraîchement veuve, qui comble sa maigre retraite avec quelques cours particuliers de-ci, de-là.
Un jour, elle reçoit un appel qui va bouleverser à jamais son existence : des hommes se faisant passer pour des policiers, lui intime sur un ton autoritaire, de collaborer avec eux pour faire tomber les escrocs de son quartier et, cédant sous la peur, se fait arnaquer et perd toutes ses économies.
Ridiculisée jusque au sein de sa propre communauté, Blaga va prendre le taureau par les cornes et se lance dans une double quête : récupérer la somme qui lui a été volée, quitte à passer du côté obscur et à tromper les autres, mais aussi et surtout de se venger d'un système laxiste et incapable de protéger les plus faibles et démunis.
Copyright jip film & verleih gbr |
Comédie noire et amère qui n'a jamais peur de prendre les contours d'un thriller social puissant et tragique à la lisière du documentaire, sur une misère humaine qui gangrène tout, même les âmes les plus pures et honnêtes, le film marque par la froideur clinique qu'à Komandarev d'ausculter, d'analyser le cynisme et la déshumanisation croissante d'une démocratie naissante qui, dans ses actes, n'est pas tant à la périphérie d'une Europe dont la radicalisation est enclenchée depuis un bon moment maintenant.
Vraie morceau de cinéma percutant et stimulant, dominé de la tête et des épaules par la prestation stellaire d'Eli Skorcheva, Blaga's lessons démontre l'importance du cinéma de Stephan Komandarev, et la nécessité de le célébrer autant que de le mettre en lumière.
Jonathan Chevrier