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[CRITIQUE] : Le vieil homme et l'enfant


Réalisatrice : Ninna Pálmadóttir
Acteurs : Thröstur Leó Gunnarsson, Hermann Samúelsson, Anna Gunndís Guðmundsdóttir, Hjörtur Jóhann Jónsson,...
Distributeur : Jour2fête
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Islandais, Slovaque, Français.
Durée : 1h15min.

Synopsis :
Gunnar, un vieil agriculteur, est exproprié de sa ferme. Il laisse tout derrière lui et part s’installer en ville où il va se lier d’affection avec un livreur de journaux de 10 ans, quelque peu délaissé par ses parents. Cette rencontre bouleversera à jamais leurs vies.



Critique :



La beauté du cinéma réside parfois - souvent - dans les choses simples ou, plus simplement, dans sa mise en images d'histoires qui le sont, expurgées de toutes fioritures et allant strictement à l'essentiel.
À l'image de l'ode douce-amère sous fond de solitude de la cinéaste islandaise Ninna Rún Pálmadóttir, Le vieil homme et l'enfant (dont le titre original, Solitude, était peut-être encore plus parlant), qui parvient sans peine à toucher les cœurs tout en laissant sans voix son auditoire.

Drame épuré et existentiel qui a le bon ton de ne jamais se vautrer dans un misérabilisme putassier, le premier long-métrage de Pálmadóttir prépare subtilement son terrain de chronique sociale tendre et décalée, à travers les atermoiements de Gunnar, obligé de se délester de ses animaux et de son vaste pâturage islandais, au profit du gouvernement - moyennant quelques pépètes, évidemment.
Mutique et asocial, le bonhomme est obligé de déménager sur la capitale Reykjavik, où il a tout d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, lui qui n'est fait et n'aime que les hautes plaines.

Copyright Jour2fête

C'est là-bas qu'il croise la route de Ari, un très jeune mais sympathique livreur de journaux, délaissé par ses parents et qui vient peu à peu fissurer l'isolement de son aîné.
Quelques conversations et une partie d'échecs plus tard, les deux nouent un profond mais éphémère attachement l'un pour l'autre ou chacun comble un vide dans la vie de l'autre, jusqu'à ce que le plus jeune, pour ressouder le lien entre ses parents divorcés, trahisse son nouvel ami...

Traitant avec pudeur de la solitude (mais moins du statut des immigrés, qui est ici plaqué sur le déracinement de son généreux protagoniste principal), scrutant de manière intime et subtile le bouleversement artificiel et effréné du monde moderne, à travers la lentille aussi contemplative que pleine d'appréhension d'un monde rural à l'humanité généreuse et spontanée, de plus en plus étouffé par des normes et obligations sociales dénuées d'empathie, Le vieil homme et l'enfant incarne une fable tout en ironie et en tendresse douce-amère, sur une âme désespérément trop bonne pour son bien.


Jonathan Chevrier


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