[CRITIQUE] : Il fait nuit en Amérique
Réalisatrice : Ana Vaz
Avec : -
Budget : -
Distributeur : The Dark
Genre : Documentaire.
Nationalité : Italien, Français, Brésilien.
Durée : 1h06min
Synopsis :
Piégées par la ville, des milliers de vies animales survivent dans le zoo de Brasilia. La nuit venue, tamanduas, loups à crinière, chouettes et renards des savanes côtoient biologistes, vétérinaires et soigneurs dans un sombre scénario où les défis de la préservation de la vie tissent une toile de perspectives croisées. Qui sont les véritables captifs ?
Critique :
Si la fiction commence de plus en plus à aborder la question de la cause animale et de notre nécessité - alarmante - à ne pas faire basculer les choses au point de lentement et consciemment glisser vers le point de non-retour (on ne dénombre plus le nombre d'espèces en voie de disparition, ou même totalement disparues), le giron du documentaire lui, n'a jamais cessé de taper du poing en pointant tous les travers d'une humanité qui n'a de cesse de s'autodétruire et de nuire à ce (et ceux) qui l'entoure.
S'il est facile de jouer la carte du discours moralisateur en intimant au spectateur (et aux gouvernements, sourds et aveugles) de remettre - à son échelle - en cause son attitude individuelle pour le bien de tous, certains cinéastes privilégient une sensibilisation certes plus douces mais pas moins percutantes, en laissant parler la force de leurs images bien plus que leurs discours.
C'est dans ce mouvement que s'inscrit le documentaire animalier Il fait nuit en Amérique, estampillé premier long-métrage de la wannabe cinéaste brésilienne Ana Vaz, plongée brumeuse et immersive, à la lisière de l'expérimental, au plus près de la faune sauvage cachée dans un zoo/parc national en périphérie de Brasília, sorte de panthéon d'exilés (singes, loutres, tamanduas, cobras,...) dans un monde contemporain où c'est la mégapole qui se dresse désormais comme une jungle, non pas boisée mais infestée de gratte-ciel.
Loin de se contraindre à la simplicité d'une question à la fois pertinente et absurde (est-ce les animaux qui envahissent nos habitats, ou est-ce nous qui occupons/diminuons leur royaume ?), la cinéaste, à l'approche presque westernienne finalement, préfère articuler sa vision autour de la notion d'invasion et d'oppression, bien réelle, de l'homme et de son urbanisation effrénée (pas uniquement propre au Brésil), laissant sans abri une faune opprimée, déboussolée et chassée de ses propres terres, condamnée ou presque à une vie nocturne.
De sa photographie magnifique (la beauté de ses images hypnotiques se suffisent pleinement à elles-mêmes) à son mixage sonore tout en nuances, au moins autant que sa mise en scène est savamment contrastée, presque anxiogène lorsqu'elle s'attache sur le sort désespéré d'animaux dont le cadre de vie l'est tout autant (le rapport à la pandémie de Covid-19, ancré ici dans la narration, est d'une pertinence folle, analogie cruelle mais juste d'un confinement à ciel ouvert que vivent au quotidien les espèces sauvages); Il fait nuit en Amérique incarne une expérience aussi saisissante qu'importante, qui vaut décemment son pesant de pop-corn.
Jonathan Chevrier
Avec : -
Budget : -
Distributeur : The Dark
Genre : Documentaire.
Nationalité : Italien, Français, Brésilien.
Durée : 1h06min
Synopsis :
Piégées par la ville, des milliers de vies animales survivent dans le zoo de Brasilia. La nuit venue, tamanduas, loups à crinière, chouettes et renards des savanes côtoient biologistes, vétérinaires et soigneurs dans un sombre scénario où les défis de la préservation de la vie tissent une toile de perspectives croisées. Qui sont les véritables captifs ?
Critique :
#IlFaitNuitEnAmérique ou une plongée brumeuse, à la lisière de l'expérimental, au plus près de la faune sauvage cachée en périphérie de Brasília, la célébration saisissante de tout un panthéon d'exilés au cœur d'une jungle urbaine bruyante et anxiogène, infestée de gratte-ciel. pic.twitter.com/LxUhdjc0bL
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 23, 2024
Si la fiction commence de plus en plus à aborder la question de la cause animale et de notre nécessité - alarmante - à ne pas faire basculer les choses au point de lentement et consciemment glisser vers le point de non-retour (on ne dénombre plus le nombre d'espèces en voie de disparition, ou même totalement disparues), le giron du documentaire lui, n'a jamais cessé de taper du poing en pointant tous les travers d'une humanité qui n'a de cesse de s'autodétruire et de nuire à ce (et ceux) qui l'entoure.
Copyright THE DARK |
S'il est facile de jouer la carte du discours moralisateur en intimant au spectateur (et aux gouvernements, sourds et aveugles) de remettre - à son échelle - en cause son attitude individuelle pour le bien de tous, certains cinéastes privilégient une sensibilisation certes plus douces mais pas moins percutantes, en laissant parler la force de leurs images bien plus que leurs discours.
C'est dans ce mouvement que s'inscrit le documentaire animalier Il fait nuit en Amérique, estampillé premier long-métrage de la wannabe cinéaste brésilienne Ana Vaz, plongée brumeuse et immersive, à la lisière de l'expérimental, au plus près de la faune sauvage cachée dans un zoo/parc national en périphérie de Brasília, sorte de panthéon d'exilés (singes, loutres, tamanduas, cobras,...) dans un monde contemporain où c'est la mégapole qui se dresse désormais comme une jungle, non pas boisée mais infestée de gratte-ciel.
Loin de se contraindre à la simplicité d'une question à la fois pertinente et absurde (est-ce les animaux qui envahissent nos habitats, ou est-ce nous qui occupons/diminuons leur royaume ?), la cinéaste, à l'approche presque westernienne finalement, préfère articuler sa vision autour de la notion d'invasion et d'oppression, bien réelle, de l'homme et de son urbanisation effrénée (pas uniquement propre au Brésil), laissant sans abri une faune opprimée, déboussolée et chassée de ses propres terres, condamnée ou presque à une vie nocturne.
Copyright THE DARK |
De sa photographie magnifique (la beauté de ses images hypnotiques se suffisent pleinement à elles-mêmes) à son mixage sonore tout en nuances, au moins autant que sa mise en scène est savamment contrastée, presque anxiogène lorsqu'elle s'attache sur le sort désespéré d'animaux dont le cadre de vie l'est tout autant (le rapport à la pandémie de Covid-19, ancré ici dans la narration, est d'une pertinence folle, analogie cruelle mais juste d'un confinement à ciel ouvert que vivent au quotidien les espèces sauvages); Il fait nuit en Amérique incarne une expérience aussi saisissante qu'importante, qui vaut décemment son pesant de pop-corn.
Jonathan Chevrier