Breaking News

[CRITIQUE] : L'affaire de la mutinerie Caine


Réalisateur : William Friedkin
Avec : Kiefer Sutherland, Jason Clarke, Jake Lacy, Monica Raymund, Lance Reddick,...
Distributeur : Paramount Plus
Budget : -
Genre : Drame, Judiciaire.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h49min

Synopsis :
Un officier de la marine américaine est accusé d'avoir orchestré une mutinerie. Barney Greenwald accepte à contrecœur de défendre le lieutenant Steve Maryk. Au fur et à mesure que le procès avance, Greenwald devient de plus en plus inquiet et se demande si les événements à bord du Caine étaient une véritable mutinerie ou simplement les actes courageux d'un groupe de marins qui n'avaient pas confiance en leur chef instable.



Critique :

Il était déjà acté au moment même de sa conception, que The Caine Mutiny Court-Martial - L'affaire de la mutinerie Caine par chez nous - serait l'ultime effort de feu William Friedkin (mais également de feu le comédien Lance Reddick, lui aussi emporté subitement l'an dernier) mais la vie, dans son implacable inéluctabilité, a voulu marqué au fer rouge cette vérité, en éloignant pour de bon le cinéaste de sa caméra.

En ce sens, et encore plus qu'il ne l'aurait pu/dû être, le film devient l'une de ses séances immanquables pour tout cinéphile un tant soit peu averti - mais pas que, on l'espère -, le dernier acte de l'extraordinaire carrière de l'un des cinéastes les plus importants du cinéma ricain de ses soixante dernières années (voire de toute son histoire, n'ayons pas peur des grands superlatifs lorsqu'ils sont justifiées).
Et quel dernier acte justement, tant cette réactualisation du célèbre texte de théâtre de Herman Wouk (adaptée de son propre roman), n'a définitivement rien perdu de sa force tant le papa de Sorcerer ne fait qu'en décupler sa puissance morale, son incroyable sens du devoir et de la justice, au cœur d'une expérience de cinéma à l'ancienne.

Copyright Biennale Cinema 2023

Une expérience presque nostalgique, nous ramenant à la clarté limpide et grandiose des grands films judiciaires et procéduraux d'antan par sa manière dépouillé (jusque dans sa gestion des espaces, son découpage et sa mise en scène minimaliste, qui parvient par quelques eclats subtils, à communiquer à la fois le déséquilibre des pouvoirs entre les personnages, que la lente dynamique changeante du procès en lui-même) d'aller, sans la moindre fioriture et avec rigueur, à l'essentiel, en faisant une totale et pleine confiance autant en son écriture, qu'en la fougue de sa distribution - ici un formidable tandem Jason Clarke/Kiefer Sutherland.

Un vrai effort de cinéma (quand bien même il a été conçu, écrit et réalisé tel une pièce filmée pour le petit écran), presque somme et testamentaire tant Friedkin a toujours donné la voix à des personnages aussi complexes que fantastiques dans leurs contradictions - surtout morales -, a toujours su démontrer sa compréhension remarquable de la nature humaine - ou rien n'est jamais seulement noir ou blanc -, a toujours su habilement remettre en cause toutes nos croyances (sur la guerre, sur le devoir, sur l'humanité et même sur les notions de bien et de mal).
Alors certes, s'il n'a pas la verve ni la force impactante - et encore moins l'urgence - de ses plus grands faits d'armes, L'affaire de la mutinerie Caine n'en reste pas moins le point final brillant d'une carrière remaquable.


Jonathan Chevrier


Aucun commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.