[CRITIQUE] : Une Équipe de rêve
Réalisateur : Taika Waititi
Avec : Michael Fassbender, Oscar Kightley, Kaimana, Elisabeth Moss,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique, Comédie, Drame.
Nationalité : Américain, Britannique.
Durée : 1h43min
Synopsis :
Inspirée d’une histoire vraie, Une Équipe de rêve revient sur l’histoire de l’équipe de football des Samoa américaines qui subit en 2001 la pire défaite de l’histoire de la Coupe du Monde, battue 31 à 0 par l’Australie. À l’approche des matchs de qualification de la Coupe du Monde 2014, l’équipe recrute un entraîneur franc-tireur et tombé en disgrâce pour les aider à peut-être changer leur destin...
Critique :
Les drames sportifs, fictifs ou inspirés de faits réels, sont de ces rares films à ne pas avoir à trop batailler avec eux-mêmes pour emporter l'adhésion du spectateur, véritable terrains balisés propices à susciter le confort, l'excitation où même l'empathie, d'autant plus s'ils recèlent quelques rebondissements bien sentis au sein de leur narration.
De véritable cocktails faits de discours entraînants, de leçons de vie, de montages intenses et rythmés, d’exploits athlétiques ou encore de victoires cathartiques - même dans la défaite -, jouant tout du long sur une vérité essentielle : il n'y a rien de plus interculturel et universel ou presque, que le sport et les émotions qu'il peut véhiculer.
Il faudrait donc VRAIMENT le vouloir pour se vautrer dans les grandes largeurs, et proposer un divertissement, justement, peu divertissant.
Faîtes entrer l'accusé (ou pas loin) : Taika Waititi, dont l'humour décalé et ses figures gentiment inadaptés, sont vite devenu irritantes au moment de son arrivée tonitruante au sein de la jungle Hollywoodienne.
Le crime : Une équipe de rêve, enterrée sous le tapis par la FOX - et Disney - depuis la pandémie du Covid-19, qui fictionnalise/s'inspire librement du documentaire éponyme de Mike Brett et Steve Jamison, reprenant l'histoire vraie - et tragi-comique - de l'équipe des Samoa américaines de football, reprise en main par l'entraîneur Hollandais Thomas Rongen, à la suite de leur défaite face à l'Australie en 2001, la plus large défaite lors d'un match international de football (31-0).
Alors certes, entendons-nous dès maintenant, Next Goal Wins est loin d'être un mauvais film, il joue avec assiduité toutes les notes standard du film sportif vissé sur des outsider, mais c'est ici - une nouvelle fois - le style si familier du cinéaste néo-zélandais, dont un humour qui fait ici autant mouche qu'il tombe à plat, qui annhile totalement les contours d'une histoire au demeurant inspirante, qui s'inscrit dans l'ombre d'un Rasta Rockett lui aussi peu originale, mais qui le surpasse sur tous les points.
Peut-être parce qu'à la différence du réconfortant doudou qu'est le film de Jon Turtletaub, Waititi prend un peu trop de haut son histoire, ne s'amuse pas tant de l'idée ridiculeusement drôle et humaine, de soutenir une équipe qui ne gagne jamais, nourrit pas un esprit de (dés)espoir qui nous unit
Pire, jamais Waititi ne s'attarde réellement sur la pratique du football, sur les raisons et l'importance de celui-ci dans la vie des samoans (terre de rugby avant tout), ni même pourquoi l'île et ses habitants s'attachent autant à ce sport après les nombreuses humiliations subies, pourquoi cela signifie tant pour eux de connaître un triomphe footballistique... à la différence du documentaire originale.
Comme si le cinéaste dévitalisait volontairement tous les tenants et spécificités de son histoire, assumait d'avoir un regard creux/paresseux et désordonné sur le sport et la nature universelle de celui-ci, pour ne s'aventurer que sur le terrain balisé de la comédie, où plutôt de son propre type de comédie (où il prend, comme dans Thor : Love and Thunder, la place écrasante de narrateur, de figure qui contextualise sa vision de l'histoire).
Mais à une heure où feu Ted Lasso a su diffuser sa douce excentricité et sa bienveillance stimulante au cœur de nos foyers, la positivité vantée par Next Goal Wins paraît désespérément fade alors qu'il s'inspire d'une réalité - et d'un positivisme - authentique (et d'une justification réaliste donc, du sempiternel trope du sauveur blanc, ici représenté sans génie).
D'autant qu'il ne donne jamais vie à ses personnages secondaires (quoique même Fassbender ne sait jamais réellement sur quelle note jouer), réduit à des punchlines faciles, quand il ne les traite pas de manière férocement insensible (l'athlète pionnier et non binaire fa'afafine Jaiyah, à qui ont demande porter organiquement toute la sincérité de la narration, sans jamais lui en donner les clés).
Donc oui, Une Équipe de rêve n'est pas Ted Lasso et il n'avait pas obligation de l'être, mais qu'il ne suscite jamais assez d'émotion ni de puissance cathartique dans son triomphe familier, qu'il ne suscite jamais assez d'intérêt ni d'enthousiasme dans son exploration planifié du territoire balisé mais inspirant du feel good movie labelisé américain.
À la fois formel et informe, original et furieusement conventionnel, le Waititi nouveau déçoit plus qu'autre chose alors qu'il est pourtant, paradoxalement, le film le plus cohérent du bonhomme depuis Hunt for the Wilderpeople...
Jonathan Chevrier
Avec : Michael Fassbender, Oscar Kightley, Kaimana, Elisabeth Moss,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique, Comédie, Drame.
Nationalité : Américain, Britannique.
Durée : 1h43min
Synopsis :
Inspirée d’une histoire vraie, Une Équipe de rêve revient sur l’histoire de l’équipe de football des Samoa américaines qui subit en 2001 la pire défaite de l’histoire de la Coupe du Monde, battue 31 à 0 par l’Australie. À l’approche des matchs de qualification de la Coupe du Monde 2014, l’équipe recrute un entraîneur franc-tireur et tombé en disgrâce pour les aider à peut-être changer leur destin...
Critique :
Pseudo #RastaRockett qui n'aurait jamais regardé #TedLasso,#UneÉquipeDeRêve paraît désespérément fade alors qu'il s'inspire d'une réalité authentique, Waititi dévitalisant tous les tenants et spécificités de son histoire au bénéfice d'un humour qui n'a plus la même force qu'avant pic.twitter.com/pLiglFeMDk
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 19, 2023
Les drames sportifs, fictifs ou inspirés de faits réels, sont de ces rares films à ne pas avoir à trop batailler avec eux-mêmes pour emporter l'adhésion du spectateur, véritable terrains balisés propices à susciter le confort, l'excitation où même l'empathie, d'autant plus s'ils recèlent quelques rebondissements bien sentis au sein de leur narration.
De véritable cocktails faits de discours entraînants, de leçons de vie, de montages intenses et rythmés, d’exploits athlétiques ou encore de victoires cathartiques - même dans la défaite -, jouant tout du long sur une vérité essentielle : il n'y a rien de plus interculturel et universel ou presque, que le sport et les émotions qu'il peut véhiculer.
Il faudrait donc VRAIMENT le vouloir pour se vautrer dans les grandes largeurs, et proposer un divertissement, justement, peu divertissant.
Copyright 2022 20th Century Studios All Rights Reserved. |
Faîtes entrer l'accusé (ou pas loin) : Taika Waititi, dont l'humour décalé et ses figures gentiment inadaptés, sont vite devenu irritantes au moment de son arrivée tonitruante au sein de la jungle Hollywoodienne.
Le crime : Une équipe de rêve, enterrée sous le tapis par la FOX - et Disney - depuis la pandémie du Covid-19, qui fictionnalise/s'inspire librement du documentaire éponyme de Mike Brett et Steve Jamison, reprenant l'histoire vraie - et tragi-comique - de l'équipe des Samoa américaines de football, reprise en main par l'entraîneur Hollandais Thomas Rongen, à la suite de leur défaite face à l'Australie en 2001, la plus large défaite lors d'un match international de football (31-0).
Alors certes, entendons-nous dès maintenant, Next Goal Wins est loin d'être un mauvais film, il joue avec assiduité toutes les notes standard du film sportif vissé sur des outsider, mais c'est ici - une nouvelle fois - le style si familier du cinéaste néo-zélandais, dont un humour qui fait ici autant mouche qu'il tombe à plat, qui annhile totalement les contours d'une histoire au demeurant inspirante, qui s'inscrit dans l'ombre d'un Rasta Rockett lui aussi peu originale, mais qui le surpasse sur tous les points.
Peut-être parce qu'à la différence du réconfortant doudou qu'est le film de Jon Turtletaub, Waititi prend un peu trop de haut son histoire, ne s'amuse pas tant de l'idée ridiculeusement drôle et humaine, de soutenir une équipe qui ne gagne jamais, nourrit pas un esprit de (dés)espoir qui nous unit
Copyright 2022 20th Century Studios All Rights Reserved. |
Pire, jamais Waititi ne s'attarde réellement sur la pratique du football, sur les raisons et l'importance de celui-ci dans la vie des samoans (terre de rugby avant tout), ni même pourquoi l'île et ses habitants s'attachent autant à ce sport après les nombreuses humiliations subies, pourquoi cela signifie tant pour eux de connaître un triomphe footballistique... à la différence du documentaire originale.
Comme si le cinéaste dévitalisait volontairement tous les tenants et spécificités de son histoire, assumait d'avoir un regard creux/paresseux et désordonné sur le sport et la nature universelle de celui-ci, pour ne s'aventurer que sur le terrain balisé de la comédie, où plutôt de son propre type de comédie (où il prend, comme dans Thor : Love and Thunder, la place écrasante de narrateur, de figure qui contextualise sa vision de l'histoire).
Mais à une heure où feu Ted Lasso a su diffuser sa douce excentricité et sa bienveillance stimulante au cœur de nos foyers, la positivité vantée par Next Goal Wins paraît désespérément fade alors qu'il s'inspire d'une réalité - et d'un positivisme - authentique (et d'une justification réaliste donc, du sempiternel trope du sauveur blanc, ici représenté sans génie).
D'autant qu'il ne donne jamais vie à ses personnages secondaires (quoique même Fassbender ne sait jamais réellement sur quelle note jouer), réduit à des punchlines faciles, quand il ne les traite pas de manière férocement insensible (l'athlète pionnier et non binaire fa'afafine Jaiyah, à qui ont demande porter organiquement toute la sincérité de la narration, sans jamais lui en donner les clés).
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Donc oui, Une Équipe de rêve n'est pas Ted Lasso et il n'avait pas obligation de l'être, mais qu'il ne suscite jamais assez d'émotion ni de puissance cathartique dans son triomphe familier, qu'il ne suscite jamais assez d'intérêt ni d'enthousiasme dans son exploration planifié du territoire balisé mais inspirant du feel good movie labelisé américain.
À la fois formel et informe, original et furieusement conventionnel, le Waititi nouveau déçoit plus qu'autre chose alors qu'il est pourtant, paradoxalement, le film le plus cohérent du bonhomme depuis Hunt for the Wilderpeople...
Jonathan Chevrier