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[CRITIQUE] : Ma France à moi


Réalisateur : Benoit Cohen
Avec : Fanny Ardant, Nawid Elham, Elisabeth Margoni, Suzy Bemba, Pierre Deladonchamps,...
Distributeur : Pan Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h31min

Synopsis :
France, la soixantaine, vit seule dans son appartement bourgeois de l’est parisien. Lorsqu’elle entend parler à la radio d’une association qui met en contact des personnes réfugiées sans logement et celles ayant la possibilité de les accueillir, elle décroche son téléphone pour se porter volontaire. Quelques jours plus tard, Reza, jeune afghan d’à peine vingt ans, débarque dans sa vie. Ces deux êtres, qui n’ont rien en commun, vont devoir apprendre à vivre ensemble…



Critique :



Une décennie tout rond - où presque -, c'est ce qu'il aura fallu au cinéaste Benoît Cohen pour reprendre sa caméra en main et signé un nouveau long-métrage, lui qu'on avait laissé avec la sympathique - bien qu'un brin convenu - comédie Tu seras un homme, petit bout de cinéma aussi simple et naturaliste que joliment spontané pour lequel il mettait en scène compagne et fils, vissé sur l'ouverture au monde d'un gamin solitaire grâce à son jeune babysitter dans la vingtaine; un double récit initiatique qui virera lentement mais sûrement vers un drame définitivement moins inspirant.

Copyright 2023 MARVELOUS PRODUCTIONS - ECHO STUDIO - SHADOWS FILMS - BELORIO FILMS - LES MÉLIADES - PROD LAB

Du cinéma bienveillant néanmoins, totalement à l'image de l'œuvre de son auteur et, sensiblement, à l'image de son dernier effort en date, adapté de son propre roman Mohammed, ma mère et moi publié en 2018, Ma France à moi, dont le titre au double sens assumé (et à double tranchant, qui pourrait - stupidement, on l'entend -, en rebuter plus d'un), évoque l'idée d'un regard sur, justement, la France d'aujourd'hui à l'identité - accentué par sa politique - résolument trouble.

Avec la notion de bien vivre ensemble porté un peu trop fièrement par bandoulière, pour ne pas annihiler ses bonnes intentions premières, le film se fait la confrontation entre deux mondes : la bourgeoisie parisiano-parisienne et la précarité la plus extrême, les personnes réfugiées et sans logements.
Soit France - d'où le titre donc -, fraîchement dans la soixantaine et sûre de sa générosité débordante, et Reza, jeune afghan de vingt piges qui rêve d'intégrer Sciences-Po.
La première, le cœur sur la main et un dictionnaire des leçons de vie facile dans l'autre, va donc aider le second en l'accueillant dans son grand appartement, mais surtout en le motivant à embrasser sa vie plus qu'il ne l'a subit, tandis qu'il lui permettra de redonner un sens à la sienne, marquée par la solitude depuis la mort de son mari.
Car oui, au fond, les deux ont désespérément besoin l'un de l'autre.

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Évidemment, tout est cousu de fil blanc et la caricature forcée dégouline tellement du cadre, que la pellicule frôle l'overdose et ne rend pas forcément justice à cette jolie histoire vraie (véritablement inspirée du vécu de la mère de Benoît Cohen), sous fond de solidarité et d'ouverture aux autres, au cœur d'une société contemporaine (et sensiblement gouvernementale, en ce qui nous concerne) faisant la promotion de la haine et du renferment sur soi.
Mais, à travers le naturel désarmant du jeune Nawid Elham et la présence imposante de la merveilleuse Fanny Ardant, difficile de ne pas admettre que la volonté un poil irritante qu'à le cinéaste a tout surligner (ses messages, ses émotions), s'efface sous les traits de leurs prestations.

Pas de quoi faire de Ma France à moi une oeuvre inoubliable, mais suffisant pour rendre cette aventure digne d'être mirée dans une salle obscure.


Jonathan Chevrier