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[CRITIQUE] : Aquaman et le royaume perdu


Réalisateur : James Wan
Acteurs : Jason Momoa, Patrick Wilson, Yahya Abdul-Mateen II, Jani Zhao, Pilou Asbæk, Vincent Regan, Temuera Morrison, Randall Park, Amber Heard, Nicole Kidman,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Action, Aventure, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h04min.

Synopsis :
Black Manta, toujours hanté par le désir de venger son père, est maintenant plus puissant que jamais avec le légendaire Trident Noir entre ses mains. Pour l’anéantir, Aquaman doit s’associer à son frère Orm ancien roi d’Atlantide et actuellement emprisonné. Ensemble, ils devront surmonter leurs différences pour protéger leur royaume et sauver le monde d’une destruction irréversible.



Critique :


À une heure où le tandem Warner Bros. Discovery/DC a totalement acté l'idée de bazarder sans envie les restes de son DCEU avant de faire table rase, en espérant récolter suffisamment de billets verts pour rentrer dans ses frais et ne pas accentuer plus que de raison son déficit colossal (Spoilers : ça ne fonctionne pas du tout), comment avoir un tant soit peu de volonter à l'idée de se fader l'un de ses quatre cavaliers de l'apocalypse bridés as hell (Shazam ! La Rage des Dieux, The Flash, Blue Beetle et Aquaman et le Royaume Perdu), dans une salle obscure qui elle-même n'est pas motivée à le projeter ?

Copyright 2023 Warner Bros. Ent. All Rights Reserved. TM & © DC

Craché en salles avec une conviction proche d'un pet gras à peine étouffé entre deux portions de frites, la suite d'Aquaman donc, chapeauté par un James Wan ayant survécu à une production furieusement chaotique (de multiples réécritures jusqu'à ce que le DCEU soit totalement lâché, sans compter un Heard bashing à la limite de l'insoutenable, et un Momoa ingérable, qui n'a de cool que l'image qu'il se donne), et n'en ayant sensiblement plus rien à foutre derrière la caméra (à quoi bon ?), arrive au sein d'une année 2023 cataclysmique pour le genre super-héroïque, dont il en est la cerise périmée et cartoonesque sur le gâteau déglingué du fin turbo-débile et, pourtant, incroyablement attachante.

Infiniment plus défendable qu'un The Flash dans son gloubi-boulga aux enjeux aussi faméliques qu'ils sont risibles, sorte de rejeton illégitime d'Avatar (avec un message écolo encore plus fragile), Flash GordonLa Colère des Titans et 48 Hrs, à l'humour tellement chargé en pop-culture qu'il en devient indigeste dès la première punchline, le film assume encore un peu plus ses références 80s (le premier était une lettre d'amour à peine masquée à Romancing The Stone), épouse encore un peu plus les aspects les plus stupides de son matériau d'origine pour mieux incarner un blockbuster d'aventure fou, un buddy movie friqué un brin steampunk et résolument unique, dans tous les sens du terme.

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Pur OFNI tout en plaisir - vraiment - coupable, bulle pop sous LSD férocement jouissive qui épouse à l'aveugle la mythologie de son héros titre pour mieux la réécrire avec sa propre personnalité - généreuse et absurde à la fois -, Le Royaume Perdu et son écriture charcutée enchaîne les références les plus improbables avec une gourmandise malsaine (du repaire Bondien de Black Manta aux aventures fantastiques de Jules Verne, en passant par une Cantina/casino à la Star Wars), vissé sur une intrigue prétexte mais accrocheuse : une histoire de vengeance (pas aussi dingue que Death Sentence, mais quand-même), qui répond directement à l'une des sous-intrigues du premier film (Black Manta venge son paternel laissez pour mort par Arthur, en acquérant les pouvoirs du Trident noir), tout en ramenant Yahya Abdul-Mateen II au casting (que demander de plus ?), avec un bon doigt de quête rédemptrice en option, sous fond de devoir, de pouvoir et de transmission (noué autour de la relation fraternelle malade - coucou Thor et Loki - entre Curry et son frangin Orm).

Spectacle inoffensif pétri de bonnes intentions même le nez enfoncé dans le guidon, au rythme d'enfer et résolument tourné vers l'action - illisible - qui tache et qui en colle plein la face (du bon gros cinéma beauf qui s'assume, plus encore que le premier opus), aussi décousu qu'il est creux émotionnellement (là encore plus que son aîné), le film fait pourtant constamment fit de ses défauts et ose tout avec une absurdité incroyable, saccage le moindre de ses seconds couteaux - aussi artificiels que ses décors -, tout en en bonifiant certains (Manta et Orm, bien loin des archétypes typiques des vilains super-héroïques), joue - littéralement - avec un humour scato quand il titille gentiment notre amour du buddy movie 80s.

Copyright 2023 Warner Bros. Ent. All Rights Reserved. TM & © DC

Pas totalement naufrage aquatico-artistique mais pas forcément plus non plus, Aquaman et le Royaume Perdu incarne un blockbuster quasi nanardesque, un trip protéiforme jusque dans ses effets spéciaux à la qualité éparse - restons poli.
Un bon gros délire foutraque d'une autre époque qui nous invite au fond des abysses tout en incarnant, paradoxalement, dans ses défauts comme ses - maigres mais réelles - qualité, le seul film super-héroïque défendable de cette année ciné 2023, avec Les Gardiens de la Galaxie Vol.3 de James Gunn.
Oui, la concurrence est loin d'être rude en même temps...


Jonathan Chevrier