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[CRITIQUE] : Maestro

Réalisateur : Bradley Cooper
Avec : Bradley Cooper, Carey Mulligan, Matt Bomer, Maya Hawke,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Biopic, Drame, Musical, Romance.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h09min

Synopsis :
Le récit de l'amour aussi grandiose que téméraire qui unira toute leur vie le chef d'orchestre et compositeur Leonard Bernstein et Felicia Montealegre Cohn Bernstein.




Critique :


Tout n'est qu'une question de dualité au cœur du second long-métrage merveilleusement métaphorique de Bradley Cooper, Maestro, une mise en images de la vie de Leonard Bernstein qui démontre une évolution incroyable dans le pendant cinéaste du bonhomme (peut-être encore plus fulgurante que son ascension en tant que comédien), quand bien même son remake de A Star is Born était, déjà, sensiblement réussi.

Au-delà même de l'hommage saisissant et espiègle, tout n'est donc qu'une question de dualité et d'opposition, de personnalités contraires et, pourtant, complémentaires, qui sert de prisme à cette œuvre cinématographique qu'il est aussi passionnant de découvrir que de décortiquer.

Copyright Jason McDonald/Netflix

Une dualité au cœur de la personnalité double de son sujet, à la fois chef d'orchestre et compositeur, mari et père de famille d'un côté, coureur de jupons et artiste libre de l'autre, mais aussi entre Bernstein et Cooper lui-même, deux forces opposées et artistiques qui alimentent l'art - ici cinématographique.
On pourrait même aller plus loin, en exposant cette dualité au cœur même de la carrière de Cooper, une (belle) gueule populaire autant qu'un artiste - et désormais artisan - sérieux, qui ne veut absolument pas se départir de ses deux visages - tant mieux.
Dans un sens, Maestro n'est pas si éloigné de A Star is Born dont il est, sur de nombreux points, le miroir inversé, tant ce n'est plus l'homme qui est éclipsé autant par le talent naissant de la femme qu'il aime, que ses propres névroses, mais bien celle d'un homme qui, dans sa dualité (à la fois mari dévoué et amant trompeur), éclipse le talent de son épouse, marginalise autant qu'il étouffe son univers - incarnée par une Carey Mulligan d'une brutalité émotionnelle absolument dévastatrice.

Que ce soit Jackson Maine ou Leonard Bernstein, que Bradley Cooper incarne tous deux (pas un hasard), ils sont deux musiciens profondément conflictuels qui luttent avec leurs propres amours (artistiques et passionnels) mais aussi avec leurs propres égos (tout comme Cooper qui lui, à le bon ton de s'effacer à la fois devant et derrière la caméra) et la réalité.
Mais si Maine était lentement mais sûrement écrasé par son propre malheur, consumé par sa propre obsession de création artistique, Bernstein semble plus que jamais heureux dans son propre chaos, aussi tumultueux soit son mariage, aussi incapable soit-il de n'aimer qu'une seule personne - et encore plus lui-même.

Copyright Jason McDonald/Netflix

Ambitieux formellement (avec une mise en scène totalement au service de ses personnages et des émotions qu'ils chérissent) et riche en embardées douces-amères, fascinant dans sa manière de s'éloigner de la voie du biopic traditionnel pour embrasser celle, volontairement imparfaite, d'une immersion non conventionnelle au cœur des multiples facettes d'une figure complexe, capturées par les vérités d'une union qui a su naviguer avec retenue entre gloire et douleur; Maestro détonne, étonne et passionne.
La confirmation d'un acteur brillant, la naissance d'un cinéaste qui l'est tout autant.


Jonathan Chevrier


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