[CRITIQUE] : La Disparition de Josef Mengele
Réalisateur : Kirill Serebrennikov
Acteurs : August Diehl, Friederike Becht, Dana Herfurth, Burghart Klaußner,...
Distributeur : BAC Films
Budget : -
Genre : Biopic, Drame, Histoire.
Nationalité : Allemand, Français.
Durée : 2h16min.
Synopsis :
Ce film est présenté à Cannes Première au Festival de Cannes 2025.
Quand bien même une proposition du cinéaste russe Kirill Serebrennikov s'attend avec un minimum d'impatience, il arrive parfois que sa singularité exacerbée vienne placer une sorte de couille dans son potage filmique, faisant passer son plat de potentiel met divin à une potentielle toujours, ragougnasse qui pique l'estomac et titille le fondement (on appelle ça de la poésie, tout simplement).
C'était un peu l'impression dégagée par son Liminov, la ballade, véritable popote européenne à tous les niveaux (tourner en langue anglaise est à la fois une force et une faiblesse), adaptation de la biographie controversée écrite par Emmanuel Carrère sur l'écrivain, poète, activiste et homme politique russe Eduard " Limonov " Veniaminovich (par un Pawel Pawlikowski dont on a connu la plume plus inspirée par le passé), dans une sorte de portrait surprenant et visuellement vertigineux, mais où le cinéaste patinait mignon, se perdait de manière obsessionnelle face à l'aura imposante de son sujet profondément antipathique et mégalomane, et sa relation colérique avec le monde.
Une déconvenue qui ne vient pas pour autant atténuer d'un iota notre impatience face à la découverte de son dernier effort en date, une nouvelle fois adoubée par la Croisette cannoise - sa seconde maison -, La Disparition de Josef Mengele, adaptation une nouvelle fois, du roman éponyme d'un Olivier Guez qui s'interrogeait sur le mystère comme la traque entourant ce médecin nazi, considéré comme l'un des plus grands criminels d'Auschwitz - « L'Ange de la mort » -, qui avait réussi à vivre caché sous divers faux noms et à rester indétectable en Amérique du Sud pendant plus de quarante ans, malgré un mandat d'arrêt international.
Sensiblement dans l'ombre de son Liminov (pas forcément une bonne nouvelle sur le papier donc), le film s'apparente à un portrait anxiogène et fragmenté, une narration façon miroir brisé qui prend les courbes d'un thriller paranoïaco-noir et austère entre jugement moral et dissection/auscultation/réinvention dénuée - heureusement - de toute compassion (notamment à travers la confrontation entre Mengele et son fils, Rolf), où le présent en monochrome - à la lisière de l'expressionnisme allemand -, cède brutalement son illusion à des flashbacks à Auschwitz tout en couleurs (et profondément dérangeant, même si loin d'être gratuit), tout du long vissé sur une figure cruelle que même le plus rationnel et le plus logique des esprits, serait incapable de réellement comprendre.
Le cinéaste s'essaie pourtant à l'exercice, accompagné d'un impressionnant August Diehl, cartographiant avec une retenue étonnante - expurgé (en grande partie) de ses excès grossiers si reconnaissable -, chaque espace arpenté par cet artisan du mal dans une Amérique latine où il est le témoin comme la cible d'un réseau nazi traqué et démantelé, lui dont la toute-puissance d'hier est ramené à l'humanité anxieuse et pathétique d'aujourd'hui, même si l'écriture, confuse dans sa seconde moitié, à également une furieuse tendance à un peu trop simplement le réduire à son idéologie nazie et à un déni du mal qu'il a commis.
Encore une fois, ce n'est pas sous la virtuosité de sa caméra que le cinéma de Serebrennikov se dérobe, mais bien sous les fragilités et les redondances de sa plume.
Jonathan Chevrier
Acteurs : August Diehl, Friederike Becht, Dana Herfurth, Burghart Klaußner,...
Distributeur : BAC Films
Budget : -
Genre : Biopic, Drame, Histoire.
Nationalité : Allemand, Français.
Durée : 2h16min.
Synopsis :
Ce film est présenté à Cannes Première au Festival de Cannes 2025.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Josef Mengele, le médecin nazi du camp d’Auschwitz, parvient à s’enfuir en Amérique du Sud pour refaire sa vie dans la clandestinité. De Buenos Aires au Paraguay, en passant par le Brésil, celui qu’on a baptisé « L’Ange de la Mort » va organiser sa méthodique disparition pour échapper à toute forme de procès.
Adaptation du roman d’Olivier Guez, La Disparition de Josef Mengele, prix Renaudot 2017.
Adaptation du roman d’Olivier Guez, La Disparition de Josef Mengele, prix Renaudot 2017.
Quand bien même une proposition du cinéaste russe Kirill Serebrennikov s'attend avec un minimum d'impatience, il arrive parfois que sa singularité exacerbée vienne placer une sorte de couille dans son potage filmique, faisant passer son plat de potentiel met divin à une potentielle toujours, ragougnasse qui pique l'estomac et titille le fondement (on appelle ça de la poésie, tout simplement).
C'était un peu l'impression dégagée par son Liminov, la ballade, véritable popote européenne à tous les niveaux (tourner en langue anglaise est à la fois une force et une faiblesse), adaptation de la biographie controversée écrite par Emmanuel Carrère sur l'écrivain, poète, activiste et homme politique russe Eduard " Limonov " Veniaminovich (par un Pawel Pawlikowski dont on a connu la plume plus inspirée par le passé), dans une sorte de portrait surprenant et visuellement vertigineux, mais où le cinéaste patinait mignon, se perdait de manière obsessionnelle face à l'aura imposante de son sujet profondément antipathique et mégalomane, et sa relation colérique avec le monde.
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Copyright Lupa Film, CG Cinema, Hype Studios |
Une déconvenue qui ne vient pas pour autant atténuer d'un iota notre impatience face à la découverte de son dernier effort en date, une nouvelle fois adoubée par la Croisette cannoise - sa seconde maison -, La Disparition de Josef Mengele, adaptation une nouvelle fois, du roman éponyme d'un Olivier Guez qui s'interrogeait sur le mystère comme la traque entourant ce médecin nazi, considéré comme l'un des plus grands criminels d'Auschwitz - « L'Ange de la mort » -, qui avait réussi à vivre caché sous divers faux noms et à rester indétectable en Amérique du Sud pendant plus de quarante ans, malgré un mandat d'arrêt international.
Sensiblement dans l'ombre de son Liminov (pas forcément une bonne nouvelle sur le papier donc), le film s'apparente à un portrait anxiogène et fragmenté, une narration façon miroir brisé qui prend les courbes d'un thriller paranoïaco-noir et austère entre jugement moral et dissection/auscultation/réinvention dénuée - heureusement - de toute compassion (notamment à travers la confrontation entre Mengele et son fils, Rolf), où le présent en monochrome - à la lisière de l'expressionnisme allemand -, cède brutalement son illusion à des flashbacks à Auschwitz tout en couleurs (et profondément dérangeant, même si loin d'être gratuit), tout du long vissé sur une figure cruelle que même le plus rationnel et le plus logique des esprits, serait incapable de réellement comprendre.
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Copyright Lupa Film, CG Cinema, Hype Studios |
Le cinéaste s'essaie pourtant à l'exercice, accompagné d'un impressionnant August Diehl, cartographiant avec une retenue étonnante - expurgé (en grande partie) de ses excès grossiers si reconnaissable -, chaque espace arpenté par cet artisan du mal dans une Amérique latine où il est le témoin comme la cible d'un réseau nazi traqué et démantelé, lui dont la toute-puissance d'hier est ramené à l'humanité anxieuse et pathétique d'aujourd'hui, même si l'écriture, confuse dans sa seconde moitié, à également une furieuse tendance à un peu trop simplement le réduire à son idéologie nazie et à un déni du mal qu'il a commis.
Encore une fois, ce n'est pas sous la virtuosité de sa caméra que le cinéma de Serebrennikov se dérobe, mais bien sous les fragilités et les redondances de sa plume.
Jonathan Chevrier