[CRITIQUE] : Highest 2 Lowest
Réalisateur : Spike Lee
Acteurs : Denzel Washington, Jeffrey Wright, Ilfenesh Hadera, A$AP Rocky,...
Distributeur : Apple TV +
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h13min
Synopsis :
Ce film est présenté en hors-compétition au Festival de Cannes 2025.
Un magnat de la musique, réputé pour avoir "les meilleures oreilles de la profession", est la cible d'une demande de rançon qui l’accule à un dilemme moral, entre vie et mort.
La boucle est définitivement bouclée.
Alors que la promesse d'une retraite semble de plus en plus concrète pour Denzel Washington, le voir renouer avec Spike Lee, sans doute pour la dernière fois, avec un projet tel que Highest 2 Lowest (ou il incarne un producteur de musique prospère et extrêmement riche/ solide découvreur de talents), qui fait sensiblement écho à leur première collaboration, Mo' Better Blues (pour lequel il campait un trompettiste de jazz passionné et à la vie privée chaotique, devenu leader de sa propre quinquette sous tension), ne peut pas simplement n'être que le fruit du hasard : c'était - presque - écrit.
Car quand bien même le cinéaste semble s'attaquer de loin - sacrilège sur le papier - à l'un des monuments de la filmographie du vénéré Akira Kurosawa, Entre le ciel et l'enfer (qui vient de fraîchement ressortir en salles en version restaurée 4K toute pimpante : fonces-le voir), avec qui toute comparaison serait on ne peut plus vaine finalement (on est définitivement plus sur une nouvelle adaptation du roman Rançon sur un thème mineur d'Ed McBain, à l'origine du film de Kurosawa, que d'un remake pur et dur comme maladroitement vendu de-ci, de-là depuis ses retours cannois), son dernier effort en date est avant tout et surtout une œuvre de son cru, qui lui ressemble jusqu'au bout de la pellicule.
S'il en reprend la même trame (le dilemme insondable d'un homme fortuné, ici un magnat de la musique qui, après avoir hésité à vendre les actions de sa société, est ciblé par une demande de rançon de 17,5 millions de dollars suite à l'enlèvement de son fils sauf que, coup de théâtre, ce n'est pas son rejeton qui été enlevé mais bien le fils de son chauffeur et grand ami), dans une odyssée tortueuse où New-York est une nouvelle fois un personnage - sublimé - à part entière, le film se fait résolument bien moins pessimiste que son cousin japonais, lui qui embrasse les coutures d'un thriller urbain faussement léger - voire étrangement ironique - pour distiller en filigrane (jusque dans les titres méticuleusement choisis de la bande originale, quitte à larguer les moins attentifs), des pistes métatextuelles merveilleusement captivantes.
C'est, au-delà de sa mise en scène frénétique et exubérante qui embrasse le chaos de la Grosse Pomme comme personne (il s'amuse ici toutes les fioritures dont il est coutumier, de ces double travellings jusque dans ses transitions follement kitsch), sous les coutures de son adaptation pour le moins sérieuse que Lee impose sa patte, lui dont l'exposé prend les contours tout autant d'une introspection du cinéaste sur son propre cinéma et son héritage, à travers la figure d'un protagoniste continuellement au bord du précipice mais à la flamme créative ravivée par son malheur (et campé, symboliquement, par son comédien fétiche, physiquement impliqué comme s'il s'était tout droit des thrillers de feu Tony Scott), que celle d'une auscultation mature sur l'état actuelle de l'industrie musicale, et plus particulièrement sur un hip-hop lentement bouffée par ses élans commerciaux.
Vif comme à ses premières heures et encore plus en paix avec sa caméra, Spike Lee fait purement et simplement du Lee et trouve en Apple Originals (comme Netflix hier, avec le fantastique Da 5 Bloods), comme un Martin Scorsese peut-être encore plus libre, un terrain de jeu idéal pour exprimer sans entrave qu'il est toujours l'un des cinéastes les plus importants du cinéma ricain de ces cinquante dernières années.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Denzel Washington, Jeffrey Wright, Ilfenesh Hadera, A$AP Rocky,...
Distributeur : Apple TV +
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h13min
Synopsis :
Ce film est présenté en hors-compétition au Festival de Cannes 2025.
Un magnat de la musique, réputé pour avoir "les meilleures oreilles de la profession", est la cible d'une demande de rançon qui l’accule à un dilemme moral, entre vie et mort.
La boucle est définitivement bouclée.
Alors que la promesse d'une retraite semble de plus en plus concrète pour Denzel Washington, le voir renouer avec Spike Lee, sans doute pour la dernière fois, avec un projet tel que Highest 2 Lowest (ou il incarne un producteur de musique prospère et extrêmement riche/ solide découvreur de talents), qui fait sensiblement écho à leur première collaboration, Mo' Better Blues (pour lequel il campait un trompettiste de jazz passionné et à la vie privée chaotique, devenu leader de sa propre quinquette sous tension), ne peut pas simplement n'être que le fruit du hasard : c'était - presque - écrit.
Car quand bien même le cinéaste semble s'attaquer de loin - sacrilège sur le papier - à l'un des monuments de la filmographie du vénéré Akira Kurosawa, Entre le ciel et l'enfer (qui vient de fraîchement ressortir en salles en version restaurée 4K toute pimpante : fonces-le voir), avec qui toute comparaison serait on ne peut plus vaine finalement (on est définitivement plus sur une nouvelle adaptation du roman Rançon sur un thème mineur d'Ed McBain, à l'origine du film de Kurosawa, que d'un remake pur et dur comme maladroitement vendu de-ci, de-là depuis ses retours cannois), son dernier effort en date est avant tout et surtout une œuvre de son cru, qui lui ressemble jusqu'au bout de la pellicule.
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Copyright David Lee |
S'il en reprend la même trame (le dilemme insondable d'un homme fortuné, ici un magnat de la musique qui, après avoir hésité à vendre les actions de sa société, est ciblé par une demande de rançon de 17,5 millions de dollars suite à l'enlèvement de son fils sauf que, coup de théâtre, ce n'est pas son rejeton qui été enlevé mais bien le fils de son chauffeur et grand ami), dans une odyssée tortueuse où New-York est une nouvelle fois un personnage - sublimé - à part entière, le film se fait résolument bien moins pessimiste que son cousin japonais, lui qui embrasse les coutures d'un thriller urbain faussement léger - voire étrangement ironique - pour distiller en filigrane (jusque dans les titres méticuleusement choisis de la bande originale, quitte à larguer les moins attentifs), des pistes métatextuelles merveilleusement captivantes.
C'est, au-delà de sa mise en scène frénétique et exubérante qui embrasse le chaos de la Grosse Pomme comme personne (il s'amuse ici toutes les fioritures dont il est coutumier, de ces double travellings jusque dans ses transitions follement kitsch), sous les coutures de son adaptation pour le moins sérieuse que Lee impose sa patte, lui dont l'exposé prend les contours tout autant d'une introspection du cinéaste sur son propre cinéma et son héritage, à travers la figure d'un protagoniste continuellement au bord du précipice mais à la flamme créative ravivée par son malheur (et campé, symboliquement, par son comédien fétiche, physiquement impliqué comme s'il s'était tout droit des thrillers de feu Tony Scott), que celle d'une auscultation mature sur l'état actuelle de l'industrie musicale, et plus particulièrement sur un hip-hop lentement bouffée par ses élans commerciaux.
Vif comme à ses premières heures et encore plus en paix avec sa caméra, Spike Lee fait purement et simplement du Lee et trouve en Apple Originals (comme Netflix hier, avec le fantastique Da 5 Bloods), comme un Martin Scorsese peut-être encore plus libre, un terrain de jeu idéal pour exprimer sans entrave qu'il est toujours l'un des cinéastes les plus importants du cinéma ricain de ces cinquante dernières années.
Jonathan Chevrier