[CRITIQUE] : Sea Sparkle

Réalisateur : Domien Huyghe
Avec : Saar Rogiers, Lynn Van Royen, Lia Abuladze, Sebastien Dewaele, Valentijn Dhaenens,…
Distributeur : Les Alchimistes
Budget : -
Genre : Drame, Famille.
Nationalité : Belge, Hollandais.
Durée : 1h38min

Synopsis :
Lena, jeune navigatrice de talent, perd son père dans un naufrage en mer. Elle est déterminée à prouver qu'une énorme créature inconnue errante dans les profondeurs est responsable de cet événement tragique...

Critique :

Itinéraire d'une pré-ado en deuil qui lutte pour continuer à croire en sa propre vérité, #SeaSparkle se fait à la fois rugueux et chaleureux, touchant et délicat dans le chaos émotionnel qu'il expose, porté par la prestation impressionnante de l'attachante Saar Rogiers. pic.twitter.com/s2jtxU3iGD
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 14, 2023

C'est parce qu'il est universel que le deuil est une mécanique très souvent abordé par le septième art, tant sa complexité et son acceptation peuvent avoir une définition différente selon la personne qui en est touché.

S'il a été abordé/usé sous toutes ses formes possibles ou presque, à tel point qu'il est intimement difficile de proposer quoique ce soit d'original à son sujet, gageons qu'il est rare d'avoir vu une exploration de celui-ci aussi rafraîchissante - même si pas dénué de maladresses -, qu'au cœur du premier long-métrage du cinéaste belge Domien Huyghe, Sea Sparkle, ou la colère et le déni de la perte d'un être cher, se matérialise chez une jeune fille, Lena, en une histoire fantastique, où la douleur et l'assimilation se percute au fantasme d'un monstre marin, catalyseur d'un drame qui ne s'explique ni ne s'accepte pas (encore à ses yeux).

Pour appuyer la tragédie qui va tout du long l'habiter, Huyghe ne perd pas de temps à établir un lien fort entre la jeune fille et son défunt père, Antoine, un pêcheur aussi téméraire qu'il est profondément amoureux de la mer, comme pour mieux l'arracher brutalement - et mystérieusement - à elle et, de facto, à son auditoire (trop peut-être, tant les funérailles sont assez abruptes).
Et si son frère, Jules, tente de se reconstruire par la musique (le rap), c'est donc par la création d'un monstre, véritable refuge psychologique et métaphorique pour elle, que Lena va arpenter le rude chemin vers l'acceptation...

S'il déjoue lui-même en grande partie, le doute qu'il cherche à semer via des inserts fantastiques sensiblement maladroit, difficile en revanche de ne pas saluer la justesse de la plume de Huyghe pour bâtir l'édifice confus et authentique de la gestion du deuil de sa jeune héroïne, entre problèmes de communication et dispute avec les autres, que ce soit avec sa famille comme ses amis (notamment sa meilleure amie, Kaz, qui a elle aussi perdu son père dans le même incident, mais qui encaisse les choses d'une manière très différente); une hostilité envers les autres qui vient autant de la douleur croissante qui l'assaille, que sa frustration quant à ne jamais être écoutée.

Itinéraire d'une pré-ado en deuil qui lutte pour continuer à croire en sa propre vérité, pour mieux accepter la disparition de son père, Sea Sparkle se fait à la fois rugueux et chaleureux, touchant et délicat dans le chaos émotionnel qu'il expose, porté par la prestation impressionnante de l'attachante Saar Rogiers.
Un beau premier effort, certes pas exempt de quelques aspérités, mais qui vaut gentiment son pesant de pop-corn.

Jonathan Chevrier